La joyeuse bande We Are Match
Après avoir pleuré mes Libertines, retour à Rock en Seine, avec cette fois une belle bande pote, une vraie, comme j’ai pu en discuter avec eux le vendredi d’avant. Une bande capable d’ouvrir avec brio cette troisième et dernière journée sur la scène de l’Industrie. Invité dans le cadre des Avant Seine mais venu surtout défendre leur prochain premier album. Dès les premières notes, on rentre dans la pop de We Are Match comme dans un prisme, étourdi par les multiples facettes développées par ces cinq amis d’enfance. Comme dans un prisme, la musique de We Are Match autorise plusieurs points de vue, selon la côté où on a décidé d’amarrer : une côte verticale pour des constructions futées aux arêtes vives et des sonorités bigarrées rappellant Alt-J, jusque dans cette voix de tête caractéristique, ou une côte horizontale qui invite à la danse, sur laquelle s’étirent des mélodies généreuses, appelle l’oubli dans une rêverie labourée de lignes de basse addictives. Et voilà qu’en plein nouveau single Shores, le son pète, les We Are Match se retrouvent sur scène sans électricité. Le batteur continue de battre le rythme quelques mesures, le public le suit, il prend le solo et la bande de pote se rend compte de l’évidence. Leur public est avec eux et leur futur s’annonce radieux malgré les embûches qu’ils pourront traverser. We Are Match est décidément le futur groupe en force qui va certainement tout ravager avec leur premier album. Une belle histoire commence pour eux, comme pour nous. Un des meilleurs moments des Avant Seine. Surtout avec ce Speaking Machine d’anthologie !
Rafraîchissant Pond
J’ai beau écouter, écouter encore, rien n’y fait, je n’arrive pas à apprécier à sa juste valeur le nouvel opus de Pond. Man It Feels Like Space Again a pourtant toutes les caractéristiques d’un grand album. La folie de Nick Allbrook, les dérives psyché de Tame Impala et les couleurs d’une Australie nostalgique des sixties américaines. Leur concert sur Pression Live s’impose donc. Ecouter un album en live reste le meilleur des remèdes pour régler ses problèmes. Et effectivement, je peux le dire désormais, Pond est un très grand groupe, avec un excellent album en live. Un chanteur qui danse comme si son corps était en caoutchouc, une voix tout aussi élastique, légèrement trafiquée pour ce côté bien psyché, des synthés barré, c’est la recette du rock de Pond. L’ambiance monte très rapidement et les pressions deviennent inévitable pour se rafraîchir. Une chaleur presque insoutenable. Du coup, Nick a la petite phrase qui va bien : “tellement chaud, comme l’impression d’être tombé dans une piscine”. Pond signifiant un étang en anglais. Comme une envie de s’y plonger encore du coup.
Excellence de My Morning Jacket
La route du psyché étant déjà bien entamée, continuons tout droit vers le chemin du rock-folk avec My Morning Jacket. Tout droit débarqués de Louisville, Jim James et ses camarades ratissent large musicalement, une sorte de fusion entre rock, pop et folk. Une musique qui a grandi dans les terres fertiles où le blues a germé pour la première fois, alors forcément elle ne connait aucune frontière, aucune limite. Une musique libératoire qui a pris tout son sens sur la Grande Scène de Rock en Seine. My Morning Jacket a joué son éventail insensé de tout ce qui peut se faire avec une guitare et une voix hors-du-commun. Une démonstration impressionnante de l’étendue de leurs influences et de leur savoir-faire, entre alt-rock, country, pop psychédélique et folk électrique. Entre Robert Johnson, Neil Young et les Flaming Lips, My Morning Jacket est le creuset d’une Amérique diaboliquement cool. Une grande leçon de classe et d’excellence. Encore un très bon moment de Rock en Seine.
Le grand patron Ty Segall et son Fuzz bruyant à souhait
Il suffit de crier 3 fois son nom comme la légende de Beetlejuice le raconte, et le voilà débarquant sur scène. Ty Segall, Ty Segall, Ty Segall. Comme si cela suffisait pour passer l’un des meilleurs moments de Rock en Seine. Juste un nom qui résume à lui tout seul le meilleur du garage américain actuel. Ty Segall et ses deux acolytes Charlie Moothart à la guitare et Chad Ubovich à la basse ont encore fait le boulot, et de fort belle manière. Certainement le meilleur concert du week-end. Difficile à juger, tellement il devient impossible d’être objectif avec tout ce que touche Ty Segall. Après quelques hurlements scandés par Ty Segall, le trio tout en maquillage blanc débute le concert et transporte le public dans un autre monde. Un monde entre paradis et enfer, entre lumière et noirceur, dans lequel le rock psyché flirte dangereusement avec le garage stoner. Un rock puissant, de plus en plus intense. Un rock au décollage immédiat où il est difficile de redescendre. Des voix hurlantes d’outre-tombes, une technique à se péter les poignets, un plaisir immense à pogoter. Une fête folle où les slam sont partis de tous les côtés. Tout aussi fort qu’à La Route du Rock, Ty Segall et son Fuzz a encore une fois mis une énorme claque à toute l’assemblée !
>> Le concert de Fuzz est à revoir à la fin de l’article grâce à CultureBox. <<
La machine à danser Hot Chip
Après la tempête Fuzz, retour au soleil Hot Chip. La plus belle machine à danser du 21e siècle n’a pas l’air de vouloir s’enrayer, réglée comme Big Ben depuis plus de 10 ans pour fournir ce qu’il se fait de mieux en electro-pop. On danse de nouveau sur Over and Over, Flutes ou Ready For The Floor et bien sûr One Life Stand. On danse comme une habitude, sans lassitude parce qu’en plus d’être imparable, la pop synthétique d’Hot Chip renferme un supplément d’âme que la seule voix angélique d’Alexis Taylor ne saurait expliquer, une exigence dans le songwriting avec le dancefloor en ligne de mire. Le millésime 2015 est encore une fois exceptionnel. Hot Chip comme l’indispensable des festivals, comme un idéal pour lancer une soirée.
>> Le concert de Hot Chip est à revoir à la fin de l’article grâce à CultureBox. <<
Note finale Tame Impala
C’est quand la température décroit légèrement que les Australiens prennent possession de la Grande Scène. Une Grande Scène noire de monde pour un Kevin Parker attendu comme le messie de ce dimanche. Un dimanche lumineux où le psyché a donné de très belles couleurs jusqu’à la tombée de la nuit. Des couleurs plein les yeux et les oreilles. Tame Impala en grand seigneur de cette réussite artistique. Les grands classiques du groupe sont au rendez-vous, avec une setlist empruntant aussi bien dans Currents que Lonerism. Le fan est aux anges, le débutant pas loin derrière, comme un bloc. La preuve, lorsque les premières notes de Cause I’m a Man retentissent, la foule s’égosille puis reprend en choeur le refrain, face à un Kevin Parker suant, surpris et souriant. Un moment unique, magique et majestueux. Une belle note finale à mon Rock en Seine, déjà bien fatiguant et revigorant.