C’est le bon vieux temps. Olivier Degorce a écumé les raves et soirées électro de la belle époque parisienne. Il expose ses photo à la Galerie Intervalle du 17 avril au 4 juillet dans la série They came, they party’d, they left. Nostalgie.
La galerie Intervalle présente They Came, They Party’d, They Left, une exposition de photos consacrée à la naissance de la scène électro française. Olivier Degorce est un témoin précieux dans l’histoire de cette nouvelle mouvance. Dès la fin des années 80, il a documenté la naissance d’une l’électro en France qui, au mieux, n’intéressait que très peu les médias dans leur ensemble, au pire, suscitait un mélange d’incompréhension et d’aversion pour le phénomène. Tel un ethnographe, appareil photo en poche, il est allé à la rencontre d’une nouvelle forme de vie artistique venue d’une civilisation encore inconnue. Olivier Degorce a saisi celles et ceux qui allaient devenir les plus grands DJs et producteurs de la scène internationale : Carl COX, DAFT PUNK, Jeff MILLS, Derrick MAY, Jérôme PACMAN, Miss KITTIN, Philippe ZDAR, Laurent GARNIER, Etienne DE CRECY, RICHIE HAWTIN…
Acteur et témoin de l’émergence des musiques électroniques, Olivier Degorce photographie compulsivement les fêtes des années 90, de ses producteurs à ses acteurs en passant par les fêtards. Les photographies, prises à la volée, avec un appareil argentique de poche, collent à l’esprit spontané des premières raves. Par des snapshots décadrés et parfois trash, par des photos-macros sensuelles de détails du corps, Olivier Degorce radiographie l’énergie volcanique et l’esprit utopique qui règnent encore à cette époque, avant la vague numérique, avant internet, avant la starification du DJ.
[pull_quote_center]Cette musique n’avait aucun équivalent dans ce que ma génération avait pu entendre jusque là.[/pull_quote_center]
“J’ai atterri dans les premières soirées Acid House vers 1987-88 à Paris. J’avais 20 ans. Ce fut un véritable choc. Cette musique n’avait aucun équivalent dans ce que ma génération avait pu entendre jusque là. Quand le phénomène des raves s’est accentué, je suis allé en soirée toujours muni d’un appareil de poche. Prendre des photos était une façon de garder une trace de ces moments uniques. J’étais là au bon moment et certainement le seul à photographier de manière systématique. Collecter des portraits de personnes jouant des disques pressés seulement à 100 ou 500 exemplaires, des vinyles sans pochette, sans visuel, me fascinait. Il y avait vraiment un truc paradoxal dans le fait de faire ces photos parce qu’on était tous là incognito, autant le public que les Djs qui se moquaient bien d’être vus ou regardés. Ces fêtes étaient totalement underground, leur organisation interdite. Ces images ont été réalisées dans des endroits qui pour la plupart n’étaient pas dédiés à la fête (entrepôts désaffectés, friches industrielles, péniches, sous des ponts de Paris). Le côté “on vient comme on est” contrastait avec les apparats des tenues des boites de nuit alors en vigueur. Je suis rarement revenu d’une soirée avec plus de quinze photos, deux ou trois d’un DJ, parfois une seule. Aucune retouche numérique n’a été effectuée, ni aucun recadrage. Ces images sont montrées telles qu’elles ont été prises. Je n’ai aucun fétichisme à utiliser le noir et blanc et j’ai toujours préféré les couleurs, même fades.” (Olivier Degorce, Paris, 2015)
Une bouffée d’oxygène dans cette marketisation à outrance de la fête parisienne d’aujourd’hui. Une exposition à voir à la galerie Intervalle du 17 avril au 4 juillet.
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