C’est ma sélection. C’est le meilleur de 2014. Ce sont les albums dont j’ai pris plaisir à écouter, écouter et écouter encore. Il ne s’agit pas ici d’un classement, savoir qui meilleur que l’autre, mais plutôt d’une préférence. Ma volonté de vous faire écouter aussi des albums aux styles très différents mais qui ont marqué et m’ont marqué chacun à leur manière. Il y a bien sûr des références, des évidences, mais beaucoup de découvertes (j’espère), beaucoup de rock surtout. Voici donc un melting-pot de ce qu’il s’est fait de meilleur dans mes oreilles en 2014. 50 albums à découvrir et à écouter aussi en 2015.
hitmachin – virus
– Une sorte de petite révélation. Un artiste inconnu au bataillon, découvert grâce à l’ami Kyure, cet homme de bon goûts. Alors je me suis dis que c’était plutôt une bonne idée de démarrer cette sélection avec une petite découverte, bien que j’aurai aimé garder ça pour moi pour être très franc. Un petit trésor. Une électro pop bidouillée sur des machines qui sonne admirablement bien. Simple et efficace, on se laisse sans problème attraper par le virus de hitmachin.
Coming Soon – Tiger Meets Lion
– Coming Soon a un été un joli coup de coeur durant l’année, mais je dois avouer que je me suis lassé un peu au fil des mois. Je souhaite néanmoins les mettre aussi dans cette sélection car au final leur indie pop reste assez particulière sur la scène française. Tiger Meets Lion est un joli melting-pot de leur talent, de leur évolution musicale sans limite, une jolie pop qui aurait subit tous pleins d’expérimentations. Une jolie caresse dans les oreilles.
James Vincent McMorrow – Post Tropical
– De la douceur, en veux-tu, en voilà. James Vincent McMorrow est un ferveur défenseur du songwriting poétique irlandais. Sa folk aérienne et chaleureuse a été un émerveillement de ce début d’année 2014. Une voix haute perchée dans les aigus, cette fois portée par une instrumentalisation plus puissantes collectionnant de multiples sonorités et textures nouvelles. Bref, une belle invitation aux voyages dans les merveilleuses terres de son île.
Recondite – Iffy
– Bien que Iffy soit l’album le moins intéressant de l’allemand Recondite, il est certainement celui qui passera le mieux en club. Si il faut bien en garder un dans cette liste. Entre le Boxed Out de Detroit Swindle ou le Edge de Grazes. Voici un album d’electro à l’ambiance noire et dansante. A faire ressortir sa rage sur le dancefloor.
Sarh – Sarh
[downtempo, trip hop, experimental]
– Eloignés de leur projets musicaux respectifs, DJ Pone et José se réunissent le temps de SARH. Une musique downtempo nourrie de l’expertise scratcheuse de l’ex-leader de Birdy Nam Nam et de l’impressionnante voix fièvreuse et rageuse du chanteur de Stuck In The Sound, mais très loin du hip hop et du rock. Sarh, c’est une ville bruissante plantée au milieu du Sahel. Et Sarh, c’est désormais aussi le nom d’une musique venue d’ailleurs, la musique d’un drôle de duo que rien ne réunissait au départ. Enregistré il y a 3 ans déjà, ce premier album éponyme de Sarh mélange le meilleur des deux complices. Leur talents se libèrent et s’unissent dans des morceaux uniques et très attachants. Si l’on devait trouver un point commun entre les précédents projets des deux artistes, ce serait simplement l’énergie, cette énergie musicale et créative. SARH propose des atmosphères enlevées et nébuleuses sur lesquelles se posent de mélodies mélancoliques, hypnotique et follement inédite. Un coup de maîtres.
Isaac Delusion – Isaac Delusion
– C’est aux confins des grands espaces, quelque part entre l’Islande, l’Inde et le Laos, que gravitent les rêves d’Isaac Delusion. Disciples rebelles d’Isaac Newton, Loic et Jules entendent déjouer depuis toujours le diktat universel imposé par la loi sur la gravitation, et s’en libérer à travers le voyage sensoriel que procure la musique. En bon fils de la French Touch, héritiers de la folk, aficionados hip-hop et enfants de la nuit, le duo offre sa vision personnelle d’une musique pop sans frontières, avec grâce et candeur d’esprit, pour aller haut, très haut. Comme le rêve d’un somnambule, leur folktronica cotonneuse transporte dans un voyage aux multiples escales, sensoriel et sensible, s’exprimant dans des mélodies suaves, parfois déchirées, amoureuses, savantes et précises. Doux.
Peter Peter – Une Version Améliorée de la Tristesse
– Dans Une Version Améliorée de la Tristesse, Peter Peter propose une pop lumineuse. Offre une musique délicate portée par des tubes mélancoliques qui ne cessent d’émouvoir. Avec des sonorités qui galvanisent et des textes parfois amers, le pop rock de Peter Peter frappe fort, tout en douceur. Un album mis en orbite par des boîtes à rythmes sur lesquelles se déposent de vaporeuses couches de claviers languides et une instrumentalisation sur un fil d’équilibriste. Mention spéciale à ce saxophone solaire. Cette pop brute mais élégante puisent parfois dans la new wave, parfois le post punk, toujours dans les tendances anglo saxonnes du moment. Peter Peter dresse un auto-portrait passionnant, déstabilisant dans MDMA, tourbillonnant dans Carrousel, émouvant dans Une Version Améliorée de la Tristesse, mais souvent le portrait juste de sa génération.
James – La Petite Mort
– La Petite Mort est un titre assez contradictoire pour un album aussi enjoué et festif. 13è album pour les Mancuniens de James et de Tim Booth à la voix toujours aussi impeccable. Un album qui oscille entre le bon et le mauvais, qui s’essouffle parfois par son côté FM et disco, mais qui offre de grands moments de James. Surtout le titre Walk Like You. Très loin de l’album culte Laid, très loin du style U2 qu’il se donnait sur les derniers albums (tant mieux). Certainement l’album le plus commercial de cette sélection, mais je ne vais pas bouder mon plaisir de le partager avec vous. Il pourrait vous plaire aussi. Perso, j’ai passé de bon moment avec lui.
The War On Drugs – Lost In The Dream
– La plus grande réussite de Lost In The Dream est sa justesse. Adam Granduciel sait y faire quand il s’agit de poser une ambiance. Un univers luxuriant où les rêves se perdent à jamais, de la première note au dernier silence. Rythme mid-tempo, guitare en lead, paroles d’une vie simple, direction la route des années 80. Le folk rock est parfois entraînant, parfois atmosphérique, parfois dylannien, jamais nostalgique, toujours comme le compagnon de route idéal. De l’impressionnisme en musique.
Christine and The Queens – Chaleur Humaine
– Après les EP Miséricorde, Mac Abbey et Nuit 17 à 52, il était temps pour Christine and the Queens de présenter sa Chaleur Humaine dans son premier album. La Reine Christine a cartonné tout 2014 avec cet album, célébré double disque d’or. Un album qui prend une dimension superbe sur scène par ailleurs. La musique française se porte bien mieux grâce à elle (un peu grâce à Stromaé bien sûr). Une musique française belle et intelligente, reprise en choeur aussi par les petits comme les grands. Un album dont il ne faudrait pas bouder son plaisir à l’écouter en boucle en 2015 tellement il donne la pêche. Merci Héloïse.
Kiasmos – Kiasmos
– Puisant dans les brumes froides de leur Islande, le duo Kiasmos se sert de l’électro et des beats pour réveiller la créativité. Une minimale travaillée de tous pleins d’expériences pour accéder dans les recoins les plus enfouis des émotions. Ca flotte, ça grogne, ça cogite, la musique de Kiasmos est idéale pour vous aider à ressentir. Idéale dans n’importe qu’elle situation, elle sera la juste bande son.
François & The Atlas Mountains – Piano Ombre
– Certainement le meilleur de la pop française aux accents indé. Avec ce Piano Ombre, la bande de François & The Atlas Mountains ont frappé un grand coup, et martelé ce coup encore plus fort sur scène, des concerts incroyables, lumineux et dansant à la folie. Ce nouveau voyage de Frànçois Marry somptueux et magique à travers une forêt sombre aux ballades luxuriantes est rythmé par un atlas sonore de mélodies pop. Ca bourgeonne d’afro-pop, de guitares anglaises et d’électro délicieuses. Précieux.
Mac Demarco – Salad Days
– Salad Days, le troisième album de Mac DeMarco, est sorti sortir le 1er avril, comme une vaste blague. Entre surf-pop maline et rock psychédélique, le Montréalais de 23 ans définit sa musique de « jizz jazz » littéralement « foutre jazz », et ça c’est cool. Burlesque tout comme il est depuis des années. Mais dans un songwriting un peu plus terre à terre et direct, Mac DeMarco chante ses petites aventures attachantes et intrigantes avec simplicité. Un album faussement négligé où Mac DeMarco explose calmement les frontières de son rock indé. La tranquillité aussurée de 2014.
Gruff Rhys American Interior
– Il était une fois le Prince Madoc. Un Gallois légendaire qui aurait traversé l’Atlantique bien avant un certain Colomb pour fonder une nouvelle nation sur ces terres américaines lointaines. Une légende nordique qui a inspiré John Evans, un explorateur du 18è siècle, parti à la conquête de cette fameuse tribu un peu spéciale. Le synopsis idéal pour un grand album de Gruff Rhys. Avec le songwriting qu’on lui connait, le poète gallois conte cette formidable histoire à travers son American Interior. Un album qui prend la forme d’un livre, d’un film documentaire et d’une application. Un album pluri-disciplinaire sous fond de pop et de folk au songwriting fou et excitant. Une odysée fantastique.
Damon Albarn – Everyday Robots
– Everyday Robots, le premier album solo de Damon Albarn est un grand album de pop teintés de soul, de hip hop, de folk et world music, de bonheur et de très belles mélodies. Après vingt ans d’une des carrières les plus prolifiques de la britpop, après les projets Blur, Gorillaz, The Good, The Bad & the Queen, Damon Albarn se dévoile plus que jamais. Boulimique de travail, d’influences musicales diverses, ce petit prince de la pop mondiale se livre en tout intimité dans cette album. Il livre une nouvelle facette fragile et belle de sa personnalité. Tout en songwriting touchant, direct et incroyable.
Sturgill Simpson – Metamodern Sounds In Country Music
– C’est beau alors qu’on parle de country. Et oui, faut pas croire tout ce qu’on dit, mais la country peut avoir certains bons côtés. L’un, sans aucun doute, est Sturgill Simpson. Surtout pour sa reprise du titre The Promise de When In Rome ! Ce chanteur compositeur venu tout droit de Nashville a un style qui reprend toutes les caractéristiques musicales de cette musique si particulière. Une musique loin d’être sexy mais qui prend une tournure toute attachante grâce à sa voix tout en force, en retenue et des paroles pleines de bonnes idées. Des ballades entre douceur et furie, toujours impeccable dans leur écriture très simple mais complètement à contre-courant des standards. Comme une impression d’être devant le jukebox dans un bar de cowboy bien cliché d’un film de Tarantino au ralenti sous LSD. Une musique intelligente qui prend sa source dans l’Amérique profonde pour mieux la sublimer et se foutre d’elle. Un bijou ce Metamodern Sounds In Country Music !
Arthur Beatrice – Working Out
– Arthur Beatrice, c’est une certaine idée de la musique pop sophistiquée emmenée par des envolées de mélodies et des vocalises d’Ella et des frères Elliot et Hamish. Une certaine idée de l’opposition aussi qui forme un ensemble parfait. D’une voix féminine et masculine qui résonnent à l’unisson. Une musique aérienne, envoûtante et sensuelle. Coup de foudre du début d’année. Arthur Beatrice détient un premier album Working Out d’une beauté infinie. Midland et Grand Union, leur premiers véritables tubes, contiennent le plus beau de leur musique à mon avis : de la pop aux sonorités jazz et rock ambient avec de magnifiques harmonies. Des titres à déguster sans modération, un album à s’écouter en boucle et un groupe à voir sur scène rapidement.
Sun Kil Moon – Benji
– Terminées les chansons à l’ambiance évocatrice et riches en métaphore pour Mark Kozelek, Benji est un album de pur storytelling. Des histoires personnelles, des titres qui racontent sa vie à travers des portraits de personnes qui l’entourent. Une poésie on ne peut plus explicite. Des histoires sombres et lumineuses où se croisent l’ombre de Drake, Cohen ou Dylan. Un poète et un auteur au style inimitable. Emotion.
Nick Mulvey
– Calme et volupté sont les maîtres mots du folk de Nick Mulvey. L’ancien membre des Portico Quartet propose un premier album solo First Mind d’une incroyable poésie folk et d’une beauté hypnotique. Tout démarre sur une plage du Honduras pour Nick Mulvey un soir d’été 2010. Deux semaines auparavant, il venait d’annoncer à son groupe Portico Quartet son intention de les quitter et de jouer en solo (écoutez l’album Keep-Deep in the North Sea en passant). Et sur cette plage, il se saisit d’une guitare et se met à chanter devant un parterre d’étranger. « Je savais que je ne reverrais problablement jamais tous ces gens, et qu’ils ne comprenaient sans doute pas bien l’anglais. J’ai donc décidé de murmurer des paroles, tranquillement, et soudainement tout m’est apparu, toutes ces nouvelles chansons ». Aurevoir hang avec Portico Quartet et bonjour guitare en solo. Nick Mulvey retrouve alors une certaine liberté acoustique. Il passe d’abord les premiers mois à travailler sa musique et sa voix, juste avec sa guitare et ses textes. S’inspirant de Nick Drake, de John Lennon ou encore de Steve Reich pour mieux comprendre la complexité de leur génie. Il est vrai que la musique de Nick Mulvey est un juste milieu de ses styles musicaux si variés. Mais sa musique se veut linéaire et mélodique avant tout, pas d’accord grattés, plutôt un fingerpicking précis et hypnotique. Une musique sans cesse en mouvement, rythmé et qui groove. La seule idée est de donner vie aux mélodies que laissent exploser sa voix chaleureuse.
Little Journey – Casita
[world pop, electro, afrobeat]
– Au hasard du wab, on tombe bien souvent sur des petites perles. Perles qu’on voudrait garder pour soit, mais bon voilà… Alors voici Little Journey, petit groupe indé, sans histoire, sans promo, juste un Soundcloud et une musique pop indé à l’exotisme fort plaisant. Des petites comptines pour un beau voyage sous les tropiques qui a démarré par un simple follow sur Soundcloud. Juste de la musique dont il serait dommage de passer à côté.
Ought – More Than Any Other Day
– Ought a été ma belle révélation sur scène cette année, sur La Route du Rock. Un album qui n’a cessé de tourner dans mes oreilles depuis l’été dernier. Ce groupe marque actuellement la scène do-it-yourself montréalaise avec un punk-rock radical et prophétique. More Than Any Other Day marquera son temps certainement ! Leur musique déjà attachante et troublante aux oreilles se remplit d’une énergie fiévreuse et dansante au fil des mesures. Monte et monte sans cesse, hypnotise pour amener très loin. Le chanteur Tim Beeler est certainement une future grande icône du rock moderne, je l’espère. Ambitieuse et touchante.
The Antlers – Familiars
– Groupe primordial de l’indie-rock US depuis leur précédent et sombre Burst apart, The Antlers s’est mis à explorer la lumière sur Familiars. Une musique toujours aussi douce empreint d’une chaleur nouvelle, lumineuse, christique. Un rock parfois progressif, parfois psyché, parfois avec des cuivres, avec une seule ambition celle d’emmener le plus haut possible. Un disque à écouter jusqu’aux dernières mesures pour profiter pleinement de son apaisement. Un refuge.
Black Lips – Underneath the Rainbow
– Les Bad Kids du garage rock américain signent leur 7ème album studio. Pourtant les garnements n’ont pas grandi. Toujours aussi frais et malsains. Délaissant les aspects polis et pop de leur précédent disque, entre New York et Nashville, produit parPatrick Carney le batteur de The Black Keys. Alors forcément, le garage épouse le blues pour transpirer plus salement encore sur le lit de noce.
St. Paul and the Broken Bones – Half the City
– Toute la beauté de la soul dans une voix. La voix de Paul Janeway. Une voix qui sent bon l’Alabama, terre nourricière de la soul américaine. Un album à vivre aux oreilles et sur scène assurément. Assez classique dans l’ensemble, mais cette soul a soufflé un vent frais tout le long de 2014. La preuve en vidéo aussi :
Benjamin Booker – Benjamin Booker
– Benjamin Booker, c’est un duo avec son ami Max Norton à la batterie. Les deux couillons ont écumé les petites caves en y donnant des concerts détonants qui en ont laissé plus d’un pantois. Quand on lit sur eux ou quand on prendre leur classe scénique en pleine gueule. Benjamin Booker ravive le rock et le blues, rappelant les meilleurs heures des Black Keys. Un premier album comme la continuité de leur scène : un cocktail explosif de rock, noyé dans des harmonies blues des plus entêtantes.
Slow Club – Complete Surrender
– Slow Club est un duo sur lequel vous pourrez toujours compter. Rebecca Taylor et Charles Watson amusent avec leur pop song entre joie de vivre des 60’s et l’intensité de la Motown. Un club où tout ne va pas si lentement. Prendre le temps de vivre au son de la pop.
Skaters – Manhattan
– Fils de The Strokes et cousin de Parquet Courts, difficile de ne pas accrocher à l’indie rock que propose SKATERS. Parfois punk, parfois pop, les 11 titres de Manhattan avec To Be Young mettent en déroute le Nespresso de George. New-York peut être fier de sa scène en ce moment.
Bosco Delrey – The Green Tiger’s Alibi
– 12 titres de ce que les historiens du rock appelleront certainement sa “période parisienne”, après un premier album incroyable sur Mad Decent, le légendaire label de Diplo, enregistré à Memphis. Déjà remixé par les Beastie Boys, invité par Benjamin Biolay à revisiter ses Confettis et repéré par Terrence Malick pour la BO de son prochain film, le natif du New Jersey a trouvé l’amour, l’inspiration et un nouveau label en France. Pas de doute, il a écouté des milliers de fois les vinyles qui ont servis de bande originale à la côte Est des Etats Unis : Des Ronettes aux New York Dolls, de Dion and The Belmonts à Willy Deville, de Eddie Cochran à T.Rex. The Green Tiger’s Alibi digère tout un pan de l’histoire du rock, de la soul, du rockabilly, de la surf music, et projette en 2014 une interprétation unique, révélant un don pour l’écriture, entre mélodies sexy et hooks impertinents qui rendent chaque titre un peu plus intemporel. Aucun lien de parenté avec Lana.
Todd Terje
– It’s Album Time, l’album électro a marqué son temps par sa fougue et sa fête. Joie dans le coeur, sourire aux lèvres, dinguerie dans les oreilles. Todd Terje n’a pas cessé de nous ambiancer avec ses EP et tracks au compte goutte. Après les tubesques Inspector Nose, Delorean Dynamite, Strandbar ou encore le merveilleux Johnny And Mary avec Bryan Ferry, l’album It’s Album Time est la somme de tout ce bonheur. Dansant, malin, sexy, cet album est une douceur pour les oreilles et les jambes. Le genre de son qui vous donne foi dans la fête, un verre de champagne à la main, l’autre en l’air, sur une plage dense et dansante. Avec Inspector Nose en orbite et Todd Terje dans le coeur. Vive les dancefloor sous les tropiques. L’album de l’été 2014.
Mozes and the Firstborn – Mozes and The Firstborn
– I Got Skills, véritable hymne fédérateur de 2014. Un simple morceaux de lo-fi qu’on chante et qu’on a envie de chanter encore et encore, dans le bus, sous la douche, durant les réunions. Les 4 hollandais de Mozes and the Firstborn propose un garage-pop complètement euphorique et débraillé. Le genre de mec avec qui tu as envie d’être pote simplement parce que tes parents les détestent. Des véritables “slackers.” Junéviles et insouciants. Du do it yourself comme il faudrait plus souvent.
TV Girl – French Girl
– TV Girl est le petit groupe indé qui aura fait chiller tout mon été. Après quelques singles, la mixtape The Wild, The Innocent, The TV Shuffle et l’EP Lonely Women sorti l’année dernière, voilà enfin le premier album de TV Girl, French Exit. Une pop lo-fi avec quelques riff synthétisés pour une musique chillwave lumineuse. Un album pétillant et obsédant aux douze titres plein de bonne humeur. Chaleur. Amour.
The Dø – Shake Shook Shaken
– Après le merveilleux A Mouthful en 2008 et les expérimentations organiques de Both Ways Opens Jaws en 2011, Shake Shook Shaken répond à une nouvelle exigence artistique pour The Dø. L’envie profonde de s’affranchir des instruments acoustiques pour se concentrer sur des notes synthétiques, dansantes et percussives. De l’aveu de Dan et Olivia dont j’ai eu la chance de rencontrer pour une écoute il y a quelques mois avant la sortie de l’album. « Lorsqu’on a commencé à composer ces titres, expliquent-ils, on s’est uniquement servi d’un laptop et d’un clavier. On est vite devenus obsédés par cette configuration, cette forme de minimalisme qui bannissait les « vrais » instruments au point d’en faire un principe de travail : les guitares, les batteries, qu’on avait presque surexploitées auparavant, ont volontairement été mises de côté. Notre but, avec Shake Shook Shaken, a été de nous approprier des sons qu’on avait jusque-là sous-estimés, tout en allant à l’essentiel d’un format pop.» Shake Shook Shaken compte son lot d’hymnes fédérateurs. Une musique qui promène les oreilles entre rythmiques martiales, vibe tribale et dimension cosmique, tandis que la voix d’Olivia prend une ampleur nouvelle, plus percutante. Foisonnant, émotionnellement fort, riches en surprises et autres innovations sonores, Shake Shook Shaken n’en est pas moins le plus concret des albums du duo. Et certainement l’un des meilleurs moments de live à prévoir en 2015.
Iceage – Plowing Into the Field of Love
– La puissance du son pour sublimer la beauté de l’amour. Le rock et le punk sont capables de romance, il faut croire. Plowing Into the Field of Love est un puit sans fond de paroles sur le fil et de métaphores incroyables. 12 chansons d’amour sans violence égale. De plus, les Danois de Iceage invitent un piano, un violoncelle et une trompette, qui se fondent sans effort dans le décor de leur punk. Une combinaison saisissante avec la voix rauque et écorché de Elias Bender Rønnenfelt. Le jeu de l’amour a mis au monde leur plus belle enfant.
Future Islands – Singles
– Samuel T. Herring, son énergie, son aura, sa voix, auront eut raison de moi. Album apprécié, puis découvert sur scène ensuite, cette musique rentre aisément dans le meilleur de l’année selon mes oreilles et mes hanches. Enfin sortis de l’ombre avec Singles, les Future Island connaissent enfin le succès. Leurs textes narrant l’espoir n’y aient certainement pas étrangés non plus. Un groupe fédérateur pour un grand album.
Glass Animals – ZABA
– A la découverte de ce nouveau groupe de 2014, on pourrait penser à une musique d’ambiance, statique, glaçante. Bien au contraire, Glass Animals, les animaux de verres, s’amusent à déjouer tous les plans qu’on peut se faire et font danser notre corps encore embrumé par la nuit. Une musique vaporeuse, down-tempo, tout en retenue, mais pourtant si dansante. Les doux rêveurs s’émerveillent de ce nouveau style, de cette musique aux accents psyché et exotiques. Charnel et majestueux.
Lewis – L’Amour
– Attention, il ne s’agit pas ici d’un album de 2014, mais d’une réédition. Un album oublié qui est ressorti pour mettre à mal toute la logique du songwriting. On parle de Dylan, Cohen, Drake ou d’autre, mais oublié tristement Lewis. Sixto Rodriguez a eu sa deuxième chance, Lewis pas encore. 30 ans après sa parution, personne ne sait qui se cache derrière Lewis. Le mystère est entier. Juste que cette album L’Amour est certainement l’un des plus beaux ayant jamais existé. Découvert par un collectionneur de vinyle, une maison de disque a vite fait de l’éditer une nouvelle fois. Voix de velours, mélodies de satin, refrains chuchotés, caresse sur la guitare, Lewis chante l’amour comme personne. Un amour avec un A capital.
Cymbals – The Age of Fracture
[alternative rock, dance punk]
– Entre Foals et Metronomy (période des débuts), les tubes de Cymbals claquent les oreilles et les fesses. Guidé par un chanteur francophile, ce groupe anglais chasse le rêve et la récréation tout en même temps. Melting-pop de fête et de romantisme, The Age of Fracture étonnera toujours. Une valeur certaine. Vous y trouverez forcément votre bonheur.
ALB – Come out! It’s beautiful
– ALB, de son vrai nom Clément Daquin, est une sorte d’homme-orchestre brillant au physique proche de Patrick Dewaere et à la créativité non loin de celle de Michel Gondry. Son premier album Mange-Disque avait déjà attiré les oreilles des connaisseurs d’une pop inventive. Dans son studio reimois, ce drôle de type s’amuse à bidouiller les machines les plus étranges pour donner vie à des sonorités bien particulières, toujours avec le soucis du son parfait. Sa musique est pop, baroque, électronique, parfoit kraut-rock avec une tonalité rare, des constructions dansantes et tristounettes. Entre Jean-Michel Jarre, Beach Boys, Electric Light Orchestra, François de Roubaix, Eagles, William Sheller ou la french-touch des papas Phoenix et Rob. Effectivement, sa musique est si vaste qu’on pourrait la ramener à tout ces noms. Songwriter talenteux, Clément Daquin signe avec Come out! It’s beautiful un album précis et idéal pour les journées au soleil. Idéal quand on part se rouler dans l’herbe.
EAST INDIA YOUTH – Total Strife Forever
– Le premier album Total Strife Forever de William Boyle aka EAST INDIA YOUTH est un large éventail de genres musicaux allant de l’ambient aux mélodies électro pop effervescentes en passant par du néo classique inspiré par la techno de Detroit. Bref un joyeux mélange onirique et mélodique. Quelques notes de piano jouant délicatement avec des nappes de synthé et des basses électro. Une expérimentation classique à la limite de la fragilité. Un émerveillement des sens.
Stanley Brinks & The Wave Pictures – Gin
– Le plus grand talent de Stanley Brinks et The Wave Pictures est de toujours aimé ce qu’ils font. Gin est une énième bombe folk noisy dont ils ont le secret. Facile, cet album enchaîne sans qu’on s’en rende compte le meilleur de cette musique inclassable. Un style unique au plaisir évident. Ils ont du en rouler des bosses pour être capable de partir aussi loin et le tout sans aucun débordement. Gin est quand même la meilleure preuve qu’il est possible de rouler complètement bourré sur la route la plus sinueuse et rentré chez soi comme chez un Prince. Classe.
Disco Anti Napoleon – Ascent
– Disco Anti Napoleon, aussi appelé DAN, est un petit groupe de Nantes agé d’à peine 3 ans. Et depuis, ils n’ont cessé d’explorer toute les musiques, de les fusionner pour créer des sonorités pop pyschédélique comme des déflagrations mélodiques, hautement hypnotiques. La pop de Disco Anti Napoleon n’est certainement pas la plus accessible, la plus commerciale, la plus belle, mais belle et bien la plus sensationnelle. Maître de leur destin et de leur art, ils fascinent sans cesse. Les voilà enfin avec un premier album. Une pépite. Ascent repose sur des fondements répétitifs, des envolées puissantes, des partis pris sonores souvent réverbérant. Un album à mettre dans toutes les oreilles. Des futurs grands de la pop française assurément
The Districts – Telephone
[blues rock, alternative rock]
– Plaisir simple avec The Districts. Du rock indé entre Wilco, Cold War Kids et The Walkmen d’un jeune quatuor formé sur les bancs du lycée en 2009. Du rock venu tout droit de Philadelphie, patrie d’une des meilleures série au monde. The Districts a à son actif quelques EP et ce premier album. Je ne peux m’en passer. Leur rock entre soul et folk frappe fort. La voix rocailleuse charme. Les arrangements bluesy enchantent. Bref que du bon dans The Districts. Revival grunge, rock ado et sens du refrain au top pour un joli coup de coeur. A ne pas zapper le formidable titre Funeral Beds. Hâte de voir ce qu’ils vont nous concocter en 2015 !
Kevin Morby – Still Life
– Alors que Kevin Morby passait du bon temps avec sa basse chez Woods, groupe leader du bon folk américain, il décida de quitter ce navire de croisière avançant tranquillement sur les flots succès après succès pour se lancer en solitaire. Et moi avec. Still Life est un album au songwriting précis et précieux. Des ballades à écouter sur une île déserte histoire de se sentir nombreux. Un album à la vie mélodique et rêveuse. Kurt Vile va devoir surveiller ses arrières, Kevin Morby surfe actuellement sur une vague intemporelle qui risque bien d’inonder encore longtemps mes écouteurs.
Cloud Nothings – Here and Nowhere Else
– 22 ans et déjà 4 albums à son actif. Dylan Baldi est une sorte de héros des temps moderne et ne perd pas son temps pour le prouver. Même si Here and Nowhere Else est en deçà du précédent opus Attack On Memory, il en demeure pas moins une pierre fondatrice du parcours de Cloud Nothings. Assommant, criard, prenant les tripes, ce grunge virant au lo-fi sent bon l’Amérique des années 90. Sans tomber dans le piège d’une caricature de Kurt Cobain, traitant de romances ou de combats intérieurs avec une justesse, Dylan Baldi et son groupe sont les dignes successeurs de Nirvana. Une formidable déclaration d’indépendance.
Paolo Nutini – Caustic Love
– “Paolo Nutini ?” me direz-vous ? Et oui, je suis le premier étonné. Caustic Love est un album qui m’a complètement retourné. Le beau gosse écossais, au coeur soul et à la tête de rockeur, impressionne avec sa voix, encore et toujours. Un style musical entre Marvin Gaye et Van Morisson, il impressionne désormais par la délicatesse de ses compositions, la richesse des arrangements. Un album à écouter sans première fausse idée. Le beau gosse s’est certainement enfin trouvé, loin des standards de la pop dont il avait l’habitude. Paolo Nutini gagne vraiment à être connu.
Ty Segall – Manipulator
– Ty Segall signe sans grand retour sur la scène garage après la parenthèse Fuzz avec Charles Moothart et Roland Casio. Un premier double album avec de grosses mélodies garages pop. Manipulator signe donc le grand retour de la fabuleuse écriture de l’icône Ty Segall. La preuve avec le fabuleux album folk Sleeper de l’année dernière. Ce long Manipulator se présente comme l’esprit de synthèse et le grand oeuvre de Segall, un album qui risque l’insolation tellement il va très haut dans les vapeurs psychédélique du génie de Segall. Un album qui s’écoute en boucle.
Dude York – Dehumanize
– Dude York a été un des premiers coups de coeur de l’année. Une véritable découverte. Au hasard d’un tweet de DumDum, je suis tombé sur Dude York. Un rock brut, garage et ultra-efficace. Dehumanize reprend tous les codes du bon rock indé aux accents punk et garage. Sensation du début d’année 2014 à l’instar d’un Parquet Courts et Fidlar qui avait marqué 2013. Du rock indé dans toute sa splendeur et son insouciance. La scène de Seattle a trouvé un nouveau joli nom qui pourrait faire date si l’histoire continue de s’écrire. Vivement la suite.
Parkay Quarts – Content Nausea
– Parkay Quarts c’est une moitié de Parquet Courts et une autre moitié de Eaters, le tout enregistré en moins de 48 heures sur un vieux 4 pistes. Bref un joyeux bordel terriblement efficace. La musique de Parquet Courts n’a jamais été aussi spontanée et minimale. Un album incourtournable d’un duo Andrew Savage et Austin Brown tout en haut du rock mondial désormais.
Spoon – They Want My Soul
[indie rock]
– Après une très longue pause, les membres de Spoon se sont retrouvés et sont heureux de jouer ensemble à nouveau. Le retour très attendu des résistants du bon rock indé est une des belles surprises de cette année ! They Want My Soul est un huitième album très inspiré rempli de passion et d’énergie comme le témoigne le titre Do You? Tous ces suceurs d’âmes seront bien déçu. Britt Daniel le crie haut et fort, ils n’auront pas l’âme de Spoon. Voilà plus de 20 ans que le groupe ne déroge pas à son rock. Les fans seront aux anges, ceux qui découvrent les suivront pas loin. Plus riche, plus railleur, They Want My Soul suspend le temps pour proposer le meilleur d’un des meilleurs groupes du monde. En tout cas, mon groupe préféré. Ultra-efficace.
Parquet Courts – Sunbathing Animal
– Pour faire simple et sans détour, Parquet Courts est le groupe de rock le plus excitant du moment. Et le plus cool aussi. Avec leur style garage, ils puisent leur inspiration dans ce que New-York a fait de meilleur sur la scène rock. Originaire du Texas mais vivant à Brooklyn, Parquet Courts se compare forcément au Velvet Underground, à The Strokes ou encore aux Ramones. Au delà de ces comparaisons réductrices et encombrantes dont ils ont horreur, c’est surtout ce style et cet esprit de rock brut, urgent et sans artifice qu’il faut retenir. Deux guitares, une basse, une batterie, aussi simple que ça pour faire danser les foules. Sunbathing Animal est la suite logique d’un déjà génial Light Up Gold. Le style conservé, Parquet Courts va encore plus loin dans leur projet. Un projet encore plus abouti, encore plus imprévisible. On sentait bien durant leurs concerts que la joyeuse bande avait encore plein d’idées et d’envie en tête. Le rock sent encore plus le bitume, les accélérations, les dérapages contrôlés, un rock de rue qui déboule pied au plancher sans klaxonner et sans limiter sa vitesse. Les morceaux s’étirent désormais en longueur ou se font aussi vifs qu’un coup de klaxon. Le tempo oscille entre lenteur et frénésie. Un rock libre. On ressort de ce Sunbathing Animal bousculé. Parquet Courts c’est l’élégance du riff parfait et d’une énergie éclatant dans un joyeux chaos jouissif. Un album bourré d’énergie à mettre en déroute le plus noir des cafés.