Pour sa huitième édition, bien ancré dans son Bois de Vincennes, le festival éco-responsable We Love Green a une fois de plus confirmé son statut de précurseur de la saison estivale. Une saison qui s’annonce particulièrement chaude, vu les températures vécues durant ces deux jours de festival. Le principal partenaire de cette édition était clairement le soleil. Sur toutes les bouches et sur toutes les têtes, il a été de toutes les parties. Signifiant plus encore l’urgence climatique que nous vivons actuellement. Éclairant avec force cette philosophie chère à We Love Green : assister à des concerts c’est bien, le faire en respectant l’environnement c’est mieux. Du coup, autant en parler de suite, les quelques discours entendues au Think Tank Le Monde ont réveillé quelque part ma curiosité, et cela fait un bien fou. Je vous invite à découvrir Max Bird que je ne connaissais pas, plutôt intéressant. Ou à suivre les quelques bonnes idées de Pierre Larrouturou, économiste et initiateur du projet Banque européenne pour le Climat. Heureux d’ailleurs de voir un certain public mobilisé autour de cette scène et de ces thématiques. Une réflexion toujours bienvenue et difficilement critiquable. Il est toujours bien de rappeler que depuis ses débuts We Love Green tente au mieux de diminuer son impact sur la nature (tri, recyclage, produits locaux et bio, énergies renouvelables…). Ce d’autres festivals feraient bien d’imiter. Pour compenser son empreinte carbone, We Love Green plantera d’ailleurs 80 000 arbres (soit un arbre par festivalier) à Madagascar, en Indonésie et en Ouganda. Côté coulisses, le festival engage les artistes à respecter les consignes de tri, à ne pas utiliser de plastique (vaisselle compostable) et à compenser les émissions liées à leur transport. La démarche est là, dommage de voir un certain public ne pas forcément suivre la marche. Avec leurs merdes de mégots de cigarettes par exemple…
Au-delà de l’action et de la fête, la manifestation invite aussi à la réflexion donc. Comme certains partenaires dont Back Market, que je vous invite à utiliser dans vos prochains achat high-tech. Comme on a pu me l’expliquer sur place, 48,5 millions de tonnes de déchets d’équipement électriques et électroniques ont été produites dans le monde : c’est l’un des tristes record de l’année 2018. Ce n’est pourtant pas près de s’arrêter puisque ce chiffre devrait atteindre 120 millions de tonnes d’ici 2050. Une réalité dont Back Market a fait son cheval de bataille depuis sa création, avec un objectif simple : démocratiser la consommation de produits tech reconditionnés partout dans le monde. Participer au festival We Love Green était donc une évidence pour cette startup, contrairement à d’autres marques avec un trop plein de paillettes dont je tairais le nom…
Les Reines de We Love Green
Avec Aya Nakamura, Calypso Rose, Courtney Barnett, Rosalía et Kali Uchis, les Reines étaient de sorties cette année à We Love Green. Erykah Badu arrivant bien trop tardivement sur scène (???) pour se faire un avis concret. FKA Twings et Christine and The Queens m’ayant touché une sans faire bouger l’autre… La première par la molesse et la seconde par le surplus. Il faut dire que les journées, à enchaîner foule et coup de chaud, étaient particulièrement éprouvantes, l’envie n’était certainement pas au rendez-vous à ce moment là. Celles que je retiens resteront alors les premières nommées, et dans l’ordre svp. Chacune à leur manière, chacune avec leur musique, ont réellement impressionné par la présence scénique et l’amour du public. Des shows grandeur nature qui démontrent bien la qualité intrinsèque de la programmation du We Love Green de cette année, incroyablement belle avec autant de couleurs au féminin.
Que ça plaise ou non, les femmes ont pris le pouvoir cette année à We Love Green. Aya Nakamura en cheffe de file. Plus aucun doute de peut subsister, le succès fulgurant de cette jeune malienne en France et ailleurs est indéniable, et tellement légitime. Que ça plaise ou non, elle est devenue, en quelques tubes et millions de vues, la Reine de la pop urbaine d’aujourd’hui. Peut-être embarrassée au départ sur cette immense scène de La Prairie, l’immense foule venue l’acclamée ne s’est pas posée de question. Et voilà que ça se dandine comme bien le peu au rythme des tubes R&B à tendance afrobeat. Avec cette communion, ce succès n’est que plus agréable à voir et à vivre. L’évènement était impressionnant, Aya Nakamura l’a révélé avec brio, menton bien haut, torse bombé et couronne sur la tête !
Quel plaisir également de découvrir ce mélange des genres, entre le rock poétique de Courtney Barnett, la joie de vivre juvénile de Calypso Rose, le flamenco déchainé aux influences r’n’b et rap de Rosalía et la world music sans frontière de Kali Uchis. Tous les styles et toutes les envies ont été satisfait grâce à elles. Démontrant que l’avenir de la musique live est dans de sacrés bonnes mains.
Meilleures découvertes : Toro y Moi, Marie Davidson & Future
Vous me connaissez, de mon côté, je préfère les découvertes aux évidences. Du coup, j’ai opté pour quelques groupes et artistes dont je n’avais jamais eu l’occasion de voir sur scène. Et l’affiche de We Love Green permet justement de faire ce genre de folie, notamment lorsque les scènes restent inaccessibles à cause de la foule. 13 Block et Flavien Berger étant bondés par ex., on peut toujours se rattraper ailleurs. Et d’ailleurs, c’est grâce au succès incroyable de Flavien que j’ai pu découvrir un certain coup de coeur du côté de Lalaland au même moment : Marie Davidson ! En tant qu’artiste soliste et comme la moitié d’Essaie Pas, cette musicienne montréalaise sait faire monter la sauce avec sa minimale froide et hypnotique. Jouant avec malice de ses synthétiseurs analogiques et boîtes à rythmes, mettant en valeur des petits textes intimes mais détachés, avec un certain humour. Moment délicieux que la foule bien trop occupée ailleurs n’a pas su profiter. Tant mieux pour nous.
Autre belle découverte scénique était plus tôt cette même journée de dimanche : Toro y Moi. Juste après les formidables Altin Gün (comme toujours), Chazwick Bundick, de son vrai nom, à l’aide de son putain de bon groupe, a prolongé la danse tout en douceur. Cajolée par cette chillwave dont il a le secret. En live, le groove qu’ils produisent est d’autant plus incroyable que les températures commençaient à sacrément monter. Son album sorti plus tôt cette année est une petite bombe, mais montrant quelques irrégularités, son live et sa setlist sont un vrai bonheur. Même pas vu le temps passé, les pintes ont même étaient oubliées. Vous dire.
Autre grande surprise, et à ma grande surprise, était Future. Bien que le nom soit connu et reconnu dans le milieu et ailleurs, je n’ai jamais réellement prêté l’oreille à ce que pouvait apporter ce grand rappeur d’Atlanta. Simplement parce que cette musique ne m’intéresse pas, le prochain paragraphe vous l’expliquera. Changement d’avis vite fait, vu la folie durant son live, j’ai bien du accepter de le suivre sur mon Spotify. Reconnu pour son style vocal à la fois mélodique et fluide, c’est surtout sur scène que le feu prend. Et je regrette encore que son concert à We Love Green soit désormais du passé.
Idles et Yak bien sûr
We Love Green sait aussi y faire côté rock. Cette année, on était même plutôt bien servi avec Yak et Idles, notamment. Tame Impala et Pond bien sûr, mais ça c’est pour le dernier paragraphe.
Yak, comme Idles, ne sont pas nouveau dans ma consommation quotidienne de musique et de concerts. L’un et l’autre étant mes petits chouchous des dernières années. Vu et revu, ici et là. Les deux entités n’ont pas déçu, clairement pas. Tout d’abord, pour ceux qui ne connaissent pas encore, Yak c’est un premier album enregistré par Steve Mackey (bassiste de Pulp), un premier single signé aux USA sur le label de Jack White Third Man Records, appréciés par Liam Gallagher et recrutés par Foals en tant que première partie de leur prochaine tournée européenne. Difficile de dire que Yak ne manque pas de susciter l’intérêt. Avec leurs titres abrasifs et immédiats, le jeune trio londonien excelle dans le rock garage typiquement britannique, à la fois bravache et fougueux. Le meilleur exemple pour apprécier à sa juste valeur ce groupe chéri reste encore d’écouter le bonbon Pursuit Of Momentary Happiness, sorti en février dernier. Bien placé dans les meilleurs albums de l’année de mon côté.
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Ensuite, Idles. Est-il nécessaire de les présenter à nouveau ? Grande claque et géniale découverte de La Route du Rock en 2017, les anglais d’Idles n’ont pas cessé d’impressionner sur scène, devenant le groupe dont tout le monde parlait la fin d’été dernier. Devenant la grande référence du punk d’aujourd’hui. Certainement responsable, encore une fois, des températures bouillantes sur We Love Green. De toute façon, et par habitude, et surtout avec des albums comme Brutalism ou Joy as an Act of Resistance, on se doute que Idles n’allait pas faire dans la dentelle. Quoi que justement, Mark Bowen, second guitariste du groupe, ne s’était pas fait prier pour débarquer sur scène en boxer. Ce qui lui a valu une certaine mésaventure durant un slam par ailleurs, et ce qui a bloqué pas mal l’envie du groupe par la suite malheureusement. Dommage, ce concert unique à Paris pour l’été sentait bon le souffre comme on aime… De toute façon, ça sera forcément pour une prochaine fois. De toute façon, on a aimer, comme d’habitude.
Tame Impala, flamboyant feu artistique sonore
Le clou du spectacle a été à la hauteur des attentes et des envies. Qu’il est agréable d’assister à la perfection live d’un groupe devenu si grand. À commencer par le son, forcément : parce que trop souvent dans ces grandes réunions musicales, nous assistons à un festival d’autotune automatisé, de machines pauvrement utilisés… Tame Impala a pris le poids de son talent pour nous en mettre plein les oreilles. Sans lésiner sur les équipements et dispositif scénique. “La spatialisation sonore et les lumières renouent avec les grandes heures de Pink Floyd, la référence historique dans ce domaine, avec des images convoquant les visions futuristes du collectif de designers Hipgnosis, bien connu des nostalgiques du rock progressif.” comme l’explique Le Monde, et on ne peut pas mieux définir ce feu artistique sonore flamboyant.
Déjà, le moment sentait bien bon quand on a vu débarquer Pond sur la petite scène de La Clairière. Déjà, on savait qu’on allait vivre un bon dimanche. Les anciens musiciens de Tame Impala, souriant, heureux de revenir sur Paris (i.e seul le bassiste de Pond Jay Watson officie encore pour Tame Impala). Paris, ville particulière pour Kevin Parker certainement. Bien qu’australien, c’est bien les barreaux du jardin du Luxembourg, qu’il a utilisé il y a sept ans pour illustrer son deuxième album, Lonerism. Sur une story Instagram, le groupe a simplement mis en scène cette même vue. Cet album a été important dans l’explosion du groupe, Paris doit en être pour quelque chose. Et les parisiens ont pu, pour une fois, profiter d’une nuit magnifiquement étoilée par Tame Impala. L’attente pour le prochain album sera longue…