C’est toujours aussi superbe. Après des jours sombres, Benjamin Biolay est de nouveau dans la lumière. Celle chaleureuse de Palermo Hollywood. Un concept-album qui invite aux voyages dans sa ville adorée de Buenos Aires. À quarante ans passés, le compositeur le plus doué de sa génération déploie toute sa science mélodique et harmonique en se frottant à la musique sud-américaine avec brio. Un indispensable de l’année.
On le sait depuis La Superbe sorti en 2009 – son merveilleux double album –, Benjamin Biolay entretient une passion dévorante pour l’Argentine et particulièrement sa capitale, qui lui inspira la chanson Buenos Aires en forme de déclaration d’amour : “Je suis si bien ici que je ne veux plus rentrer à Paris”. C’est dans cette ville si particulière pour lui qu’il a enregistré son nouvel album Palermo Hollywood. Une nouvelle déclaration qui invite au voyage, au contraste entre l’occident et l’amérique latine, à vivre la passion du football, à danser la cumbia ou la salsa et à beaucoup d’autres choses encore. Avec tout au bout la lumière d’un parolier hors-pair, si beau quand il est à fleur de peau. Il n’y a que Benjamin Biolay qui peut mêler dans la même chanson “Entre tes cuisses, tu calais ta 8.6. Et moi, miss miss, j’voyais les précipices. Soleil et solstice.” avec des chants d’opéra argentin. Ses textes poétiques chantés par sa voix murmuré rappellent Gainsbourg et Bashung, néanmoins, Benjamin Biolay entreprend ici une rupture avec ses deux géants de la musique française. L’héritier prend le large vers de nouveaux horizons loin de Paris et reprend goût à la vie, apaisé, dansant, grâce ce magnifique Palermo Hollywood.
Ébauché comme la bande-son d’un film imaginaire, une « audio pelicula » dixit son auteur-réalisateur, ce disque-concept réalisé entre Paris et Buenos Aires, le Nord et le Sud, est un voyage transatlantique, avec des escales répétées à Palermo (Hollywood, Queens, Soho) en leitmotiv. Admiratif de la musique latine, Benjamin Biolay en a souvent irrigué son répertoire depuis ses débuts : de la salsa à la cumbia. Après Trenet en 2015, Benjamin Biolay rend hommage à son Argentina en 2016. Loin de toute démarche folklorique, proche d’une construction empirique, Benjamin Biolay s’est immergé du chaos merveilleux de Bueno Aires pour enregistrer son premier album hors d’Europe. Comme un besoin de s’isoler après les ténèbres qu’il a vécu sur Paris.
Parce que pendant des mois, Benjamin Biolay a sombré. “J’étais une machine à m’autodétruire. Je pouvais me finir tout seul chez moi, par l’alcool, les médicaments, la tristesse : ne pas dormir, mal manger”, confie le chanteur dans les colonnes du Parisien. A cause de problèmes “surtout liés à sa vie privée”, Benjamin a dérivé. L’ailleurs était alors nécessaire. Soigner les maux par de nouveaux mots inspirés par une atmosphère qu’il a toujours adoré.
Comme dans La Superbe, Palermo Hollywood s’ouvre et se referme par une chanson générique. Une grande parenthèse pour un nouveau souffle, un nouveau murmure. Entre le travelling dans les rues de Palermo Hollywood et la Ballade française conclusive se bouscule une foultitude de joyeusetés, de surprises et de classiques dont Benjamin Biolay a coutume et définitivement le secret. À quarante ans passés, le chanteur le plus doué de sa génération déploie toute sa science mélodique et harmonique en se frottant à la musique sud-américaine avec brio. Le jour se lève enfin sur Palermo Hollywood et il serait dommage de ne pas profiter de cette chaleureuse lumière.
“Le jour se lève enfin sur Palermo Hollywood. Ou Palermo… que sais-je, ma tête tourne. Je pourrais me coucher peut-être, mais j’ai de l’amour plein la tête. Je pourrais me coucher peut-être mais j’ai peur de ne pas renaitre.”
Palermo Hollywood de Benjamin Biolay est sorti le 22 avril 2016 chez Maison Barclay. Vous pouvez l’acheter sur iTunes et l’écouter sur Spotify et Deezer à la suite.
Benjamin Biolay sera le 17 Juin à Lyon au Nuits de Fourvière et les 23 et 24 septembre à Paris à la Salle Pleyel.
Vous pouvez suivre Benjamin Biolay sur son site et Facebook.