C’est le premier album d’une révélation anglaise. Avec son ordi et ses logiciels, Jack Garratt répand son amour à ses nombreux fidèles depuis déjà 2 EP. Le voilà de retour avec son premier album Phase sorti le 19 février dernier. Ce messie des temps modernes continue de produire ses titres spirituels, revigorants et surtout sincères. Un intense amour à base de clap, loop et voix merveilleuse. L’occasion est trop belle pour ne pas chanter ses louanges.
Avec sa grande barbe fine, ses yeux plein d’espoir, Jack Garratt pourrait se prendre pour Jésus. Ses fidèles, de plus en plus nombreux, en ont déjà fait leur guide spirituel de toute façon. Il faut avouer cependant que ses évangiles construites avec clap, loop, beat ou autre galette apportent tellement d’amour. Heureusement que Jack Garratt reste simple devant son succès. Découvert avec son premier EP Remnants où il marchait déjà sur l’eau, c’est surtout son titre The Love You’re Given et son deuxième EP Synesthesiac qui lui ont permis de voir la lumière. L’année dernière, il était une belle révélation électro de la nouvelle scène londonienne. Cette année, il risque d’être une belle consécration avec son premier album Phase. Il a gagné le mois dernier le Brits Critics’ Choice Award, plutôt un bon signe.
L’album Phase reprend beaucoup de ses titres devenus déjà classiques, mais l’ensemble apporte une nouvelle dimension à l’univers de Jack Garratt. Cette sensation quasi-spirituelle et revigorante qu’il est capable de produire est toujours aussi impressionnante. Et appréciable surtout. L’intimité du blues, de l’électro ou la façon dont il se met brillamment à nu, juxtaposé à des lignes de basse à faire trembler les murs, vous tient en haleine tout du long. Néanmoins c’est surtout la douceur qui est de mise dans l’univers particulier de Jack Garratt. Phase s’inspire pour beaucoup des albums Blunderbuss de Jack White et Channel Orange de Frank Ocean. “Je dirais que je fais ce que je fais aujourd’hui principalement grâce à Blunderbuss et Channel Orange. J’ai vraiment aimé les riffs blues, acérés et les guitares crunch de Jack White, mais aussi l’ambiance et la douceur de Channel Orange. Après tout pourquoi devraient-ils être incompatibles ? Ils ne le sont pas et ont fait de moi ce que je suis aujourd”hui” a-t-il déclaré dans sa biographie.
Synesthesiac est à mille lieux de Remnants. Phase combine le meilleur de ses deux premiers essais. On retrouve The Love You’re Given, déjà streamé plus de 1,5 million de fois sur Spotify en l’espace de quelques mois, mais le titre qui se démarque encore et toujours reste Chemical, un magnifique monstre de morceau où s’enchevêtrent une foule de pistes de claps sur des gimmicks dancefloor. Les nouveaux Breathe Life et Surprise Yourself sont néanmoins les deux meilleurs exemples du talent de Jack Garratt. À écouter en premier lieu pour vous faire une oreille.
Comme un véritable “producteurs de chambre”, Jack Garratt est capable de réinventer la musique à sa manière. Adepte du do-it-yourself, il utilise la technologie des home studios à sa guise pour le meilleur et pas du tout pour le pire. Qui a besoin d’une table de mixage de compétition et d’un budget d’enregistrement hors norme quand vous avez votre fidèle macbook connecté au logiciel fruity loops à vos côtés ? La grande force de Jack Garratt reste certainement cette incroyable connaissance qu’il a de ses logiciels, lui permettant d’être libre et de composer ses morceaux simplement quant ça lui chante. Cette liberté se ressent forcément dans ses compositions. Et c’est là que se construit la beauté de son album Phase. Mais attention au stéréotype. Jack Garratt n’est pas du genre à s’avachir sur son ordi portable, se morfondant dans le doute existentiel, seul dans sa chambre. Jack Garratt est un véritable musicien. A ses début en tant qu’auteur compositeur dans un registre plus acoustique, ses premiers concerts ont été révélateurs autant de qu’il ne souhaitait pas faire, que de l’inverse. Les performances de ce guitariste fin, minutieux à la voix éraillée, mettent en valeur son don pour la répartie bien sentie et empruntent autant au stand up qu’au rôle de folkeux torturé. La deuxième force de Jack Garratt est bel et bien la scène. Libéré de ses morceaux, il dégage une énergie simple et lumineuse lorsqu’il se met à les jouer.
Aussi douce que dansante, la musique de Jack Garratt est un message de paix et de partage. Même si c’est difficile de le situer musicalement, on sent instinctivement qu’il est destiné à prospérer désormais dans de bien plus grandes salles et devant encore plus de fidèle. Foncez le voir tant qu’il est encore temps. Surtout appréciez son talent, le volume bien fort dans le casque.
Phase de Jack Garratt est sorti le 19 février 2016 chez Island Records (distribué par Maison Barclay en France) et il est disponible sur iTunes, s’écoute sur Spotify et Deezer, et à la suite.
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