Certains écrivent des pavés en Times New Roman corps 12 interligne 1,5, et puis il y a Obasi Shaw qui en fait un album de hip-hop. 20 ans, cet étudiant de la faculté à Harvard a présenté le 18 mai dernier son album Liminal Minds en guise de thèse de fin d’année. Génie.
Depuis quelques jours, un nom fait le buzz sur les réseaux sociaux et fait les choux gras des média en tout genre. Obasi Shaw vient de rentrer dans l’histoire d’Harvard. D’après Independent, ce jeune homme de 20 ans, étudiant à Harvard en troisième année de faculté, a présenté le 18 mai son propre album de hip-hop – Liminal Minds – en guise de thèse de fin d’année. Et forcément, parce que l’histoire est belle, cette prise de risque n’a pas déplu au jury. Obasi Shaw a obtenu les félicitations du jury ; une mention et la deuxième meilleure note de sa section A-
Une première historique pour Harvard
En plus de 380 années d’existence, c’est une grande première pour la prestigieuse université américaine dont la devise est Veritas. Alors que les étudiants de troisième année ont pour habitude de soumettre des essais ou des projets de recherche en guise de thèse de fin d’année, Obasi Shaw a décidé de rapper. Raconter sa vérité. Liminal Minds s’articule en 10 morceaux et parle de l’identité afro-américaine. Chaque morceau est ‘rappé’ par un personnage différent. Un album dont l’inspiration vient des histoires écrites par Geoffrey Chaucer, un écrivain et poète anglais du XIVe siècle connu surtout pour Les Contes de Canterbury. L’idée de présenter ses chansons pour sa thèses lui vient par contre de sa sa mère, qui était consciente du talent de son fils.
“Declaration of Independence”, esclavage et violences policières
Au départ, Obasi Shaw imaginait que son travail n’allait pas être accepté par Harvard. Et pourtant, la poésie de ses paroles a conquis les professeurs. Il faut souligner l’ouverture d’esprit dont fait preuve Harvard sur ces sujets et ce mouvement musical ces derniers temps. Déjà en février dernier, l’album de Kendrick Lamar To Pimp a Butterfly avait été ajouté à la Bibliothèque de Harvard pour son «importance culturelle». Même chose pour The Low End Theory d’A Tribe Called Quest, The Miseducation of Lauryn Hill de Lauryn Hill, et Illmatic de Nas’. Et en avril 2015, Chance The Rapper était venu donner une conférence à Harvard.
« L’idée est que les afro-américains sont pris entre liberté et esclavage. Bien que nous ne soyons plus des esclaves, les effets de l’esclavagisme nous hantent toujours autant dans la société ainsi que dans notre esprit », a déclaré Shaw cité par la chaîne locale de CBS de Boston.Obasi Shaw a également utilisé des écrits de James Baldwin pour parler de l’esclavage et des violences policières.
Liminal Minds est un album aux productions jazzy et old school très léchées. Obasi Shaw impressionne par la maîtrise de son écriture et de son flow. On regretterait même qu’il rejoigne Google après son diplôme et qu’il n’enchaîne pas avec une carrière dans la musique. Un album à écouter à la suite.