Croisé durant la Route du Rock Hiver, Buvette est sans aucun doute un mec sympathique. Il en porte le nom de toute manière. Prendre le temps de boire une bière avec lui et c’est l’assurance d’un bon moment, la preuve en vidéo.
À voir son ciré jaune, ses longs cheveux au vent, son regard malicieux, on imagine Cédric très à son aise une fois installé à cette buvette sur les bords de Saint-Servan-sur-Mer, non loin de la cité de Saint-Malo. Comme un retour au pays du marin qu’il a du être dans une autre vie. Pourtant Cédric n’est pas un aspirant romantique des marées, il a vécu dans les montagnes suisses où seul la douceur de vie trouve une similitude au lieu où j’ai pu échanger quelques mots avec lui.
Dès le départ, la question est forcément posée : “Pourquoi Buvette ?” Et Cédric m’explique alors (comme il a du l’expliquer des centaines de fois déjà) sa vie dans ce bar montagnards où se mélange touristes d’un jour et habitués du coin. Un lieu de rencontre parfois paumé, parfois plein, où les différences se croisent, se découvrent, communient ensemble ou non. Enfin, j’imagine. Cédric, lui, s’est découvert un véritable amour pour la musique. Pas forcément une échappatoire, plutôt un moyen de communication et de communion avec les autres. Une manière d’abreuver sa soif avec autre chose que l’alcool. Une manière de passer son service beaucoup plus sympathique et moins monotone. Et de là, il s’est mis à sampler, à produire, à construire son univers si personnel, et surtout attachant. L’histoire, la vie et la musique de cet homme-orchestre sont envoutantes en tout point.
Plus tard dans la discussion, Cédric m’explique que sa musique, et il la doit quelque part à son père amoureux aussi bien du rock 70’s qu’à la world music. Cette sous-culture s’est développé entre deux verres ou deux mix. Et a forgé sont imaginaire sans limite, qu’on retrouve avec délice aussi bien sur ses albums que sur scène. À l’instar d’un Flavien Berger, dont il est le copain de label, Buvette a trouvé dans son électro et les bidouilles sonores une superbe boite à outils qui lui permet de développer des compositions hybrides, à la fois dansantes et mélancoliques. Un univers tellement riche, qu’on retrouve avec plaisir dans Elasticity d’ailleurs, son quatrième album publié chez Pan European Recordings.
L’univers de Buvette, électronique, onirique et venant du monde entier prend une dimension superbe sur scène. Et pour l’avoir vu plusieurs fois déjà, ce soir à la Nouvelle Vague fut certainement l’un de ses meilleurs concerts. Il ne cesse de progresser, de prendre de l’ampleur, son groupe avec lui. Une harmonie où tout s’accorde à vouloir s’échapper aux classifications le temps d’une merveilleuse parenthèse. Grâce à Buvette, l’exploration de nouveaux territoires se fait en musique, le temps se dilate, et on plane très haut, sans vouloir jamais redescendre. À boire sans soif.