Désormais projet solo, Mother of Two ne perd rien de sa superbe. Et Julien Gaultier réussit avec maîtrise l’exercice du premier album. Being Nice Doesn’t Pay prolonge la power pop des débuts en adoucissant sa puissance et apporte ainsi encore plus de pop, et c’est pas pour déplaire.
Découvert au moment de l’EP So Lame en 2013, la power pop de Mother of Two était déjà d’une redoutable efficacité. Voilà que le trio est devenu projet solo et que Julien Gaultier ait quelque part cherché dans ce premier album à radoucir les moeurs. Malgré tout ne pensez pas que Julien soit devenu gentil, bien au contraire Being Nice Doesn’t Pay continue de faire résonner la furie des débuts tout en laissant place à plus de douceur. La power pop ne perdrait pas forcément de puissance, mais gagnerait plutôt en Pop. Celle des grands espaces américains. Celle dont on prend plaisir à écouter au volant à la découverte de nouveaux paysages. Mother of Two joue toujours aussi bien sa partition nostalgique des 90’s façon guitares lo-fi à la Pavement et riffs accrocheurs dans le grand style des trublions britanniques Supergrass. Et ce n’est pas la superbe reprise de What Deaner was talkin’ about de Ween qui pourra dire le contraire.
Agitateur au sein de la scène musicale parisienne depuis une bonne quinzaine d’années déjà, Julien Gaulier a tout connu : ses premiers groupes punk, British Hawaii en tête, ont arpenté tout ce que la capitale connaît de caves humides. Puis, avec le duo Hey Hey My My, c’est la reconnaissance et le succès, plusieurs tournées à travers la France, et deux albums de folk-pop qui ont déjà marqué les esprits. A la fin de cette belle histoire Julien prend la tête du trio Mother of Two et sonne le retour à l’électricité et la fureur des débuts. Tant mieux. Retour dans les caves donc, mais pas pour longtemps car le groupe se fait remarquer avec son rock dynamique, propice à la fête et aux épanchements nocturnes, et les tournées et les premiers EPs s’enchaînent.
Sur le premier album de Mother of Two, devenu entre temps un projet solo, Julien, seul, se met en avant, pour la première fois. Et c’est son amour de la Pop (avec un grand P) qui l’a notamment guidé dans l’écriture de cet album. En replongeant dans sa collection de disques patiemment amassée depuis l’enfance, il a puisé ici et là, les jalons incontournables d’une éducation musicale éclatée sur plusieurs décennies. Ainsi, qu’elle soit mélodique, rêche, torturée, inventive ou furieuse, la Pop s’envisage ici comme une réunion de famille, où l’on croise à la fois des idoles de jeunesses toujours dignes comme Frank Black ou Neil Young, mais également des nouvelles têtes au goût très sur, qui ont, comme Julien, un avis bien tranché sur la chose Pop ; Baxter Dury, Kurt Vile, Bill Callahan. Bonne écoute et bon voyage.
☞ Being Nice Doesn’t Pay de Mother of Two est sorti le 16 décembre chez Pipo / La Baleine et il s’écoute sur Spotify ou Deezer à la suite.
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