C’est une divine surprise. Les prolifiques Woods sont de retour avec un 9ème album en presque 8 ans de carrière. Un groupe qui a grandi dans le pur style lo-fi et indie pour proposer aujourd’hui leur premier véritable album studio : City Sun Eater In The River Of Light. Après être passé maître en psych-folk, Woods secoue leur sonorité pastorale en introduisant à leur tambouille délicieuse des notes de reggae et d’ethno-jazz. Quand New-York rencontre le meilleur de la world music, Woods est un joli coup de coeur.
Voilà déjà 8 albums et pas plus de 8 années que Woods ne cesse de nous régaler avec leur musique. Comme une vieille ritournelle chaque année, comme une évidence pour ces maîtres de psych-folk, devenu légende vivante de la scène indie rock new-yorkaise. Alors forcément, quand on lance pour la première fois leur nouvel opus City Sun Eater In The River Of Light, sorti le 8 avril, on s’attend aux même références, aux mêmes plaisirs, à la même excellence. Pourtant ce nouveau voyage vers une ville ensoleillée par sa rivière lumineuse offre des horizons nouveaux. Direction alors vers les terres du reggae et de l’ethno-jazz africain. Le lo-fi et le son pastoral qui ont fait le succès de Woods s’envole vers de nouveaux sommets divins.
Le départ est si surprenant. Si agréable. Sun City Creeps, le premier morceau de City Sun Eater In The River Of Light, distille un reagge tellement délicieux. Simple et efficace. Tout en harmonie, en contretemps dansant, en cuivres chaleureux et en guitare mélodique retenue. Bien avant de s’exciter dans une sorte d’antifolk foutraque que Woods maîtrise tout autant. Voilà qui donne le ton à l’ensemble de l’album. Aucune limite dans la créativité et dans les genres. Tout s’enchaîne dans une évidence déconcertante. Cette première chanson met KO direct et donne le tempo de l’ensemble.
City Sun Eater In The River Of Light souhaite jouer le meilleur de la pop 60’s, du lo-fi new-yorkais et du psych-folk bien sûr, comme Woods en a l’habitude et comme le groupe a si bien pu le proposer dans ces précédents albums. Ce nouvel opus est d’ailleurs le digne successeur de With Light and with Love, paru il y a exactement deux ans. Bien que le contraste entre les balades folk acides et les titres plus rock, voir antifolk, ne soit pas aussi ample que sur le prédécesseur, City Sun Eater In The River Of Light joue de nouveaux styles bien plus riches qu’à l’accoutumé. Car pour soutenir tout l’album, Woods n’hésite pas à épicer son style avec de l’ethno-jazz ou du reggae par-çi, par-là. Ils sont rares les groupes américains capables de maîtriser autant de sujets en aussi peu de mesures. Woods fait partie de ceux là, à côté de My Morning Jacket. Des groupes d’excellence capable d’écrire des morceaux si riches en style et en musicalité qu’il est nécessaire de multiplier les écoutes pour se rendre bien compte du voyage. Difficile d’ailleurs de ne pas se délecter du dub à la Lee Scratch Perry dans Can’t See At All.
City Sun Eater in the River of Light est le premier disque de Woods à avoir été intégralement enregistré en studio, au Thumb de Greenpoint. En voilà certainement sa force. Car après des années de circuit indie et des débuts très lo-fi, Woods a su parfaitement apprivoisé ces nouvelles techniques d’enregistrement professionnel. En ressortir le meilleur de leur culture musicale et de leur imperfections. Comment ne pas être ému par la voix toujours aussi imprécise mais pourtant si charmante de Jeremy Earl. À certain moment, on aurait l’impression d’entendre la liberté vocale de John Baldwin Gourley dans Portugal. The Man. Comme vous pouvez le voir en vidéo.
Pour mieux comprendre la beauté de ce nouvel opus de Woods, je vous recommande de lire l’article de Slate à ce sujet. Vous y découvrez une jolie historique du groupe et quelques passages d’un entretien avec Jeremy Earl.
City Sun Eater In The River Of Light de Woods est sorti le 8 avril 2016 chez Woodist. Vous pouvez l’acheter sur iTunes et l’écouter sur Spotify et Deezer et sur Soundcloud à la suite.
Vous pouvez suivre Woods sur leur site, Facebook, Twitter et Soundcloud.