C’est comme Gold Hill dans Lucky Luke. Thibaut Derien habite une ville fantôme. Une ville étrange où la nostalgie cohabite avec la poésie des photos de Thibaut.
Un beau jour, Thibaut Derien a quitté Paris pour une étrange ville. Une ville oubliée de ses habitants, oubliée du temps et des heures, figée dans ses souvenirs. Les antiques devantures deviennent alors des clichés encadrés par le vide. Et un attendrissement se fait ressentir devant les grandiloquences désuètes d’une enseigne, d’un lettrage d’un jeu de mots, d’une architecture kitsch. Parfois se confondent une ancienne appellation en voie d’effacement et une famille de tags en voie d’apparition, deux façons d’écrire la ville avec des signes sans usage, sans passé et sans futur. Ces devantures auraient pu aussi être une reconstitution pour une film. Une rue reconstituée en studio, sans vie mais avec énormément de charme. Une collection de magasin de proximité dont on se sentirait proche justement grâce à cette mise en beauté particulière. Une ville fantôme où la nostalgie cohabite avec la poésie.
Je tue le temps qui ne passe plus vraiment par ici, en imaginant toutes ces vies passées derrière ces volets fermés, ces rideaux de fer tirés. Je suis comme perdu sur une île déserte, sauf que je n’ai pas envie que l’on me retrouve. J’habite une ville fantôme.
Auteur et interprète de quatre albums (de chansons, pas de photos), Thibaut Derien a aujourd’hui troqué la musique et les mots pour le silence et l’image. Après dix années consacrées à la chanson, il retourne pleinement à sa première passion, la photographie. Sa série J’habite une ville fantôme a d’ailleurs vu le jour pendant ses tournées, tandis que la dernière, Sur scène dans une minute !, le ramène irrémédiablement aux salles de spectacle.
☞ J’habite une ville fantôme de Thibaut Derien est une série photographe à retrouver sur son site. Quelques photos sont à découvrir à la suite.