Le creux de la vague Human After All et la renaissance explosive à Coachella
Daft Punk est un duo superstar désormais. En 2005, ils sortent Human After All. Alors que le duo revendique par le titre de l’album son “humanité”, l’album semble évoquer la fuite de notre société vers la plus complète déshumanisation. Visionnaire les Daft Punk ? Cet album marquera un cran d’arrêt dans leur évolution néanmoins. Human After All reçoit un accueil contrasté et déchaîne une nouvelle fois les critiques d’une partie des fans qui regrettent encore et toujours les beats d’Homework. C’est au Coachella que Daft Punk prouvent à tous qu’ils sont bel et bien le meilleur groupe du moment.
Le Coachella est déjà un gros évènement en 2006. Toute l’industrie musicale se retrouve chaque année dans le désert californien et un artiste qui réussit son Coachella peut littéralement exploser les charts par la suite. Daft Punk a plusieurs fois refusé de se produire au festival californien, malgré des propositions de cachets astronomiques. Jusqu’à $300,000 ! L’argent certainement, mais surtout la volonté de marquer le coup, Daft Punk acceptent. Travaille pendant des semaines sur un nouveau show unique en son genre. Demandant même aux programmateurs l’argent de leur cachet avant prestation, ce qui ne se fait jamais habituellement. Et le 29 avril 2006, le monde entier découvre la pyramide Daft Punk. Une montagne de néon, quasi tous les néons de US raconte Pedro Winter. C’est la folie, la jauge de la scène explose et des centaines de vidéo déboulent sur Youtube pour raconter ce moment mémorable. Les téléphones se remettent à sonner de tous les côtés. De nombreux artistes rock, légende de l’époque, comprennent alors pourquoi l’électro est si important aujourd’hui. “Pour moi, c’est l’acte fondateur de l’EDM (Electronic Dance Music) aux Etats-Unis”, raconte Skrillex.
Random Access Memories : la consécration artistique et historique
Après 4 ans d’absence et un culte du secret bien préservé, les Daft Punk reviennent au Coachella avec un premier extrait de Get Lucky sur écrans géants. Internet et le monde entier découvrent alors les premières notes funky du nouvel album des Daft Punk. Certainement un des meilleurs passages du doc Daft Punk Unchained. Giorgio Moroder prend la parole et raconte anecdotes sur anecdotes, Nile Rodgers explique comment est né le tube Get Lucky, “Pour moi, ils ne sont pas humains” assène Pharrell Williams. Daft Punk est bel et bien un phénomène sans précédent. Leur quatrième album est une réussite artistique sans précédent. Forcément l’industrie musicale américaine les félicitent avec 5 Grammy Awards pour Random Access Memories. Jamais un groupe électro gagna autant de prix. Les Daft Punk s’amusent toujours autant, jouent avec leur héros, se permettent tout et c’est très bien comme ça.
Entre fiction et réalité, magie et secrets, théâtralité et humilité, les deux Français Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont créé un univers artistique unique. Tout au long de leur carrière, ils ont choisi de maîtriser sans relâche chaque maillon de leur chaîne créative. Au delà de l’épopée, ce que nous raconte Daft Punk Unchained est qu’à travers leur posture – à contre-courant de notre société du paraître – les Daft Punk nous interrogent sur la quête d’indépendance et de liberté de deux créateurs, et sur notre propre rapport à l’image, aux médias et à la célébrité. Un documentaire à voir pour Daft Punk mais aussi pour les questions qu’il nous pose. Sincère, nostalgique et émouvant.
Et demain ? Un retour à la source de leur Darlin’ hommage à Brian Wilson ? J’espère.
Daft Punk Unchained, mercredi 24 juin à 20h55 sur Canal+.
