C’est un photographe considéré comme l’un des plus importants de sa génération. Jamel Shabazz s’est inspiré pendant presque 40 ans de la richesse de New York devenant alors le premier spectateur de l’évolution de la ville et de la naissance du hip-hop. Il fallait bien lui préparer un bon petit plat pour parler un peu de lui et pour réaliser un voyage dans le temps dans une des plus belles villes du monde. Ces photos en tout cas valent le détour.
Né en 1960, Jamel Shabazz a grandi dans la dure réalité des rues du quartier Red Hook à Brooklyn, durant le mouvement des droits civiques et la guerre du Vietnam. Son environnement à la fois intime et national l’a exposé quasi quotidienne à des images d’une violence incroyable, rythmée par la guerre, les révolutions sociales et les émeutes. Un environnement difficile qui lui a certainement inculqué une envie de présenter un point de vue différent dans son travail. Parce que chacune des photo de Jamel Shabazz témoignent d’une beauté qu’on n’aurait jamais pensé trouver dans ces endroits à l’époque.
C’est son père, photographe dans l’US Navy, qui l’a introduit à la photographie en lui offrant à l’âge de 15 ans son premier appareil. Jamel s’est alors lancé dans un exode à travers la jungle de béton new yorkaise pour capturer la vie urbaine dans sa forme la plus pure et la plus exaltante. Par la suite, c’est Phil Harris, qu’il a rencontré pendant qu’il était stationné comme soldat en Allemagne, qui a eu une influence profonde sur son travail. Un homme de Brooklyn, lui aussi, que Shabazz décrit comme celui qui a eu le plus grand impact sur sa vie. Ayant grandi dans une culture intense de la consommation de drogues, puis de l’hédonisme en Allemagne, Shabazz s’est ouvert avec l’aide de Harris à une spiritualité différente axée surtout sur un style de vie sans drogue et tourné vers les autres. Shabazz apprit ses bonnes leçons et rentra à New York avec lui où il chercha à inspirer à son tour ce style de vie nouveau.
Dans les années 70, Jamel Shabazz trouva d’abord un moyen d’expression dans le graffiti et la photographie avec l’émergence du mouvement hip-hop. Parce que de retour dans sa ville natale, le hip-hop était le berceau de l’expression artistique des injustices sociales et politiques de la communauté afro-américaine. Un mouvement en plein essor et Shabazz comprit rapidement qu’il était primordial de documenter cette société nouvelle. Dans les années 80, Jamel Shabazz s’est mis plus sérieusement à la street photography, une forme d’art permettant de capturer à la volée la vie d’inconnues dans l’espace public qu’est la rue, un simple appareil photo en main. Tout comme Bruce Davidson à la même époque, Shabazz s’inspira de tout ce qui l’entourait, documentant de manière plus optimiste que son contemporain ce nouveau style de vie positif qui commençait doucement à prédominer dans son quartier. À cette époque, violents gangs rivaux, drogue et arrestations participaient à assombrir New York. De nombreux jeunes devaient faire face aux dures réalités quotidiennes, souvent teintées de violence. Jamel Shabazz a fait ce qu’il peut pour apaiser la tension de sa communauté et aida les enfants à éviter les ennuis. Il parcouru alors les rues avec son appareil photo, attirant les jeunes avec lui pour lesquels il devient un mentor et une inspiration, les aidant à prendre des décisions vitales et à garder espoir dans l’avenir.
Ses images honnêtes et inoubliables sont reconnues dans le monde entier pour avoir contribué à peindre le portrait le plus vivant de la naissance du hip-hop. L’imagerie unique de son travail lui a permi d’intervenir auprès des jeunes générations pour faire passer son message de responsabilisation et d’élévation des consciences. Souvent définit comme le Gordon Parks de sa génération, Jamel Shabazz a cette capacité unique à capturer l’âme de ses sujets, ce qui fait de lui l’un des photographes les plus respectés à l’heure actuelle. Les plus marquantes du hip-hop. Les plus visionnaires surtout.
Les photographies de Jamel Shabazz ont été acquises par des célébrités telles que le Président Bill Clinton, le chanteur Lenny Kravitz ou l’humoriste Dave Chappelle pour ne citer qu’eux et ses trois ouvrages de renommée internationale Back in the Days, A Time Before Crack et Seconds Of My Life (respectivement parut en 2001, 2005 et 2007 aux éditions PowerHouse Books) témoignent de son immense productivité artistique depuis les années 70. Les photographies de Jamel Shabazz sont également parues dans un certain nombre de médias, y compris au cinéma, à la télévision ainsi que dans la presse : Interview, GQ, Vogue, Vibe, le New York Times, Playboy et France Photo. Dans son tout dernier ouvrage Represent parut en 2012, Jamel présente une collection best-of de clichés pris entre 2005 à 2012 nous offrant une nouvelle fois des photographies classiques qui démontre à quel point son travail se nourrit de son empathie pour sa ville et des autres. Certainement le livre le plus intéressant pour mieux comprendre le travail du photographe mais aussi du mentor qu’il est.
Je vous laisse faire plus amples connaissances avec Jamel Shabazz directement sur son site jamelshabazz.com. Mais avant, vous reprendrez bien un shoot de hip hop et des années 80 new yorkaises à travers les photos suivantes ?
Découvrez quelques photos marquantes de Jamel Shabazz
