C’est un groupe punk malgache. Madagascar, ses plages, ses baobabs, sa faune unique, … Et désormais un sacré punk. Une terre aux milles richesses qui risquent fort de faire parler d’elle avec ces nouveaux portes-paroles d’une jeunesse contestataire. The Dizzy Brains a été la furieuse révélation des Transmusicales de Rennes. Et le groupe risque fort de faire parler de lui en 2016. Leur premier EP Vangy est en écoute.
On ne les a pas venu venir ceux-là. Habitué à un certain folklore des bal-poussières, à un talent dans le jazz ou encore dans le yé-yé des feux Les Surfs, c’est avec surprise que j’ai pris connaissance des The Dizzy Brains dans le paysage musical malgache. Un groupe de punk venu de Madagascar, avouez que ça surprend de prime abord. Ca attise la curiosité. Parce que la réalité d’un quatuor rock squattant l’un des pays les plus pauvres et corrompus du monde, forcément ça doit détonner.
D’entrée de jeu, on comprend que The Dizzy Brains n’a rien à perdre, tout à conquérir, et surtout rien à prouver à personne. Ils jouent leur leur va-tout et balancent du son quand ça les chantent. Un rock direct avec l’urgence de se faire entendre. À l’origine du groupe : deux frères d’une vingtaine d’années. Une dynastie familiale à la Asheton des The Stooges qui se rêve un avenir “étourdi”. Ils passent aux choses sérieuse avec leur premier EP Vangy. Un rock punk qu’on pourrait croire venir d’un garage du Michigan dans les années 70. Pourtant, être punk ne les a jamais tenté. Glorifiant l’ironie d’un Dutronc et le je-m’en-foutisme d’un Gainsbourg, c’est plutôt le sentiment constant de rejet qui les a fait basculer, façonnant certitudes et attitudes, “agneaux le jour et loups à la nuit tombée” comme seul crédo. Entre album au rock distancié et punk de contrebande sur scène, The Dizzy Brains persiste et signe la revanche des basfonds. Porte-voix d’une île du Sud délaissée qui a appris sa leçon. Porte-voix qui a impressionné le festival des Transmusicales par sa furie et son urgence, comme vous pourrez en juger en vidéo à la fin de l’article. C’est la première fois que The Dizzy Brains a quitté leur île et traversé la mer. Espérons que ce ne soit pas la dernière.
Avec leur look débraillé, leurs riffs acérés et leurs diatribes sociales, The Dizzy Brains possède une hérédité marquée et certaine. Mais loin d’un ersatz de punk, ce que produisent The Dizzy Brains est une réelle appropriation culturelle. Chroniques de l’horizon sans issue de la jeunesse insulaire, d’un des pays les plus pauvres et corrompus au monde, les chansons de la bande s’inscrivent néanmoins dans le sillon des Sonics ou encore des Stooges. Sensation.
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