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Rock ‘n’ roll sad, l’histoire du premier batteur d’Oasis

johnny-hopkins-wherehouse-derby-may-4-1994Mais il y a encore du boulot. Et un petit coup de pouce, du destin ou de l’entourage proche, ne serait pas de trop. Par l’intermédiaire des Inspiral Carpets, Noel rencontre The Real People. Le quatuor fait partie de la ligue 2 de la pop music. Ils viennent de Liverpool, cité ennemie, mais cela importe peu, car avec l’argent récolté par leur mini tube Window Plane, les frangins Griffiths, Chris et Tony, ont monté un studio (son nom ? The Studio) et Oasis est invité à venir y enregistrer quelques titres. Trois mois plus tard, le groupe repart avec un album en poche, une démo susceptible d’intéresser quelques labels. Factory, maison de New Order, dit non. Alan McGee, patron de Creation, signe sur une poignée de main. Les choses commencent à changer. Et à foirer.

Le jour de la signature avec Creation, le groupe est au complet dans un beau bureau, coupe de champagne à la main. Certes, Sony est la maison mère, mais ils sont tout de même sur Creation Records, le label de Primal Scream, My Bloody Valentine et Jesus & Mary Chain. Pas rien. Les documents sont prêts, Tony est le premier à signer. Rien ne le choque, grisé par l’événement, mais son nom est le seul écrit au stylo, à la main, comme un ajout de dernière minute. Bizarre. Le label, pour chérir ses poulains, file 1000£ à Noel Gallagher afin qu’il aille acheter du matos. Tony a besoin de nouvelles peaux de batteries. 20£ maximum, et demande donc à son guitariste de les lui acheter. Noel revient avec une guitare à 800£. Et rien pour le batteur. Explications : “Alan McGee dit que c’est moi le patron, que je suis en charge du groupe”. Tony ne souhaite pas se battre, mais clairement, l’attitude de Noel n’est plus la même : “Je ne sais vraiment pas quand les embrouilles ont commencé. Je suis quasiment certain de ne jamais m’être pris la tête avec Noel avant la signature. Mais tu sais, il n’y avait pas que moi. Avec les frangins, tu ne sais jamais d’où ça peut venir, donc parfois, je prenais cher, mais d’autres jours, c’était Bonehead, ou Guigsy, ou un roadie. Nous nous respections, mais nous n’étions pas proches avant de lancer le groupe, et même après. On devait apprendre à se connaître. Il avait peut-être un plan, je ne sais pas. J’essayais toujours d’arranger les choses, vraiment, je bossais dur pour arriver au niveau qu’il souhaitait, pour jouer ce qu’il avait en tête. Je faisais mon maximum. On ne peut en aucun cas dire que je ne me suis pas donné à fond”.

“Un type violent, un connard.”

“Liam était venu me voir en me disant qu’ils avaient un souci avec Tony, qu’ils envisageaient de s’en séparer, et que peut-être, ils me passeraient un coup de fil pour récupérer le poste. Ils ne l’ont pas fait, mais par la suite, Tony m’en a voulu, en disant que j’avais essayé de lui piquer sa place, ce qui était bien évidemment totalement faux. Des mots ont été échangés à la sortie d’un club, mais ce n’est pas allé plus loin, nous ne sommes pas restés en contact. Je l’ai revu il y a quelques années. Tout va bien.” – Craig Gill, batteur des Inspiral Carpets

“Je ne me suis pas vraiment reconnu dans sa bio. Quand tu la lis, tu as l’impression que j’étais le mec qui voulait faire de Noel une star, qui ne s’intéressait qu’à lui et pas au reste du groupe. Mais je pense qu’il a pointé du doigt le mauvais mec (rires). J’étais triste quand il est parti. Mais que puis-je dire ? Il ne me croira jamais.” – Alan McGee

“C’était vraiment un fast ride to the top. Un jour on joue en bas de chez nous, et l’autre, notre album est numéro 1. C’est quelque chose de très impressionnant, de très grisant. Mais tout était sous contrôle. Nous avions de bonnes chansons, mais ce qui nous a aidé, c’était que nous devions enfoncer les portes, imposer ce putain de groupe de rock’n’roll, ce groupe à guitares. Cette ambition aidait. Et beaucoup de groupes ont suivi dans l’aventure.” – Tony

definitelymaybeoasisDefinitely Maybe sort le 30 août 1994. L’album se classe numéro 1 des charts, porté par les singles Supersonic et Live Forever. D’ailleurs, dans le clip de Live Forever, on peut voir le groupe enterrer son batteur. Tony se souvient qu’il a du demander à Guigsy d’y aller mollo avec la pelle, le bassiste semblant prendre beaucoup trop de plaisir à l’exercice. L’ambiance se délite petit à petit, sans raison particulière. Et Tony est au coeur de la tornade.

Très vite, Noel se plaint ouvertement de son batteur, de son jeu, de ses pompes et de sa coupe de cheveux (frisée). Au Japon, le groupe découvre la folie de ce qui allait devenir la Oasismania. Les groupies offrent des cadeaux par dizaines, des walkman, des fringues… Entre deux cuites au saké, les cinqs mancuniens, grisés, enchaînent les concerts et se disent qu’il en sera désormais toujours ainsi (l’Amérique s’avèrera en réalité être un continent bien plus compliqué à conquérir). Et un soir, dans le hall de l’hôtel, de façon assez surprenante, Noel Gallagher se confie sur son père. Un type violent, un connard. Tony s’en souvient d’autant plus que l’honnêteté, le partage et le sentimentalisme ne faisaient pas vraiment partie de l’aventure. Quelques minutes plus tard, en tête à tête avec le bassiste Guigsy (aux toilettes): “Je n’arrive pas à croire à quel point l’enfance de Noel a été dure, whoah”. Tony: “Tu sais, on en a tous bavé”. Guigsy quitte les toilettes, hurlant : “Noel, Tony a dit qu’il n’en avait rien à foutre de ton enfance”. Abasourdi, le batteur rejoint le groupe. Noel le dévisage, ne dit rien, et remonte dans sa chambre. Le bassiste a choisi son camps. Bonehead et Liam restent de bons compagnons de route, mais le ver est dans le fruit.

Les altercations seront de plus en en plus violentes, et sans jamais vraiment d’explication logique. Noel reproche régulièrement (encore aujourd’hui dans la presse) le mauvais niveau à la batterie de McCarroll. Craig Gill, lui-même batteur, n’y croit pas: “Tony n’était pas un mauvais batteur. Mais, comme moi, il n’était pas un batteur de session, un mec capable de jouer dans n’importe quel style à n’importe quel moment. Mais il était bon, vraiment bon. Il était le batteur qu’il fallait pour Definitely Maybe. Aujourd’hui, chaque piste de chaque instrument, en studio, est enregistrée plusieurs fois, puis découpée, puis remontée… Definitely Maybe, c’était du live. Mais très rapidement, le songwriting de Noel a atteint d’autres sphères, et il voulait autre chose. Encore une fois, ce n’est en aucun cas la faute de Tony. Il était un peu comme Charlie Watts, un mec fiable, discret, un peu dans l’ombre, mais efficace, qui se contente de faire le boulot. Et puis rappelons que Definitely Maybe est un putain d’album, ce qui ne serait pas arrivé avec un mauvais batteur”.

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