C’est le groupe phare de la rentrée. Avec son second album Mystère, La Femme nous embarque dans une séduisante odyssée musicale. Mystère est un nouveau disque à la fois riche, mature et bigarré. Comme quoi, ces vingtenaires intrépides ont de la réserve et du ressort. Le meilleur de la pop française, de loin.
La Femme est née de la rencontre entre deux copains originaires de Biarritz : Marlon et Sacha. Complété par la suite avec Clémence, Sam et Noé recrutés via internet et venus de toute la France. Nous sommes en 2010, ces petits prodiges ont à peine 18 ans d’âge moyen lorsqu’ils débutent, et sans manager ni producteur ou tourneur, la bande gère seule sa promotion. La Femme délivre alors son premier EP 4 titres Le Podium #1 comprenant la doublette tubesque Sur la planche et Télégraphe, qui signent leur début fracassant. Dès ce moment, il est clair pour quasi tout le monde, la Femme est l’avenir de la pop française.
Rarement groupe n’aura connu une ascension aussi fulgurante, parcourant l’Hexagone comme les États-Unis avec fougue et passion, énergie et simplicité. De l’underground au grand public, La Femme a bousculé tous les codes en vigueur, mêlant erotic avant-pop et lo-fi surf rock comme ils aiment définir leur musique, toujours avec une fraîcheur communicative, une vitalité renouvelée. Jamais un groupe français n’aura autant régalé et fait transpirer sur scène. En 2013, La Femme signe logiquement avec le label Barclay. Puis sort, le 4 février, un maxi du même nom empreint de surf, de pop rétro, de new wave et d’electro. Histoire de remettre le couvert et de conquérir véritablement la France entière. Le quintette dont la réputation grossit à vue d’oeil et voit son agenda de concerts blindé jusqu’à l’été enfonce le clou avec l’album Psycho Tropical Berlin dévoilé le 8 avril 2013. La Femme possède tous les atouts pour rejoindre Lescop et Granville au rayon des belles surprises rock de la saison 2012-2013. La belle ne fait que commencer pour La Femme.
Trois ans après le mémorable Psycho Tropical Berlin – couronné d’une Victoire de la musique pour l’album révélation de l’année –, La Femme, le groupe plus insaisissable de sa génération, sonne l’heure de la rentrée avec Mystère. Pour passer le cap délicat du second album, les musiciens prolixes ont composé une trentaine de titres depuis 2013. Seize chansons, au final, ont été mixées par Sonny Diperri (Animal Collective, Hanni El Khatib) et Stéphane “Alf” Briat (Air, Aline, Mustang), déjà aperçu au générique de la discographie de La Femme. Autant être direct, Mystère est une nouvelle réussite. Certainement bien plus grande que Psycho Tropical Berlin.
Mystère est un disque à la fois riche, mature et bigarré. Comme quoi, ces vingtenaires intrépides ont de la réserve et du ressort. Plus posé et moins virevoltant que son prédécesseur, mieux écrit et soigneusement produit, cet album porte tout l’ADN qui a fait le succès de La Femme depuis : son, chanson, incarnation. Du rock hors-limite saupoudré d’électro bien léchée pour enjoliver l’ensemble. La Femme a bien grandi et connait ses classiques. Elle a surtout eu la bonne idée de ne pas surfer sur ce qui a fait leur succès. Car le point fort de Mystère reste son éclectisme. Chaque titre défile sans se ressembler. La Femme nous embarque dans un séduisant mystère, parfois fougueux, parfois acide, toujours avec une idée bien arrêtée, celle de nous faire vivre une véritable odyssée musicale. Mystère reste plus bonne heure de récit de voyage plus ou moins mouvementé et rempli d’aventures singulières.
La Femme conserve cette idée de l’instant. De ces histoires vécues ou à vivre qui font leur quotidien et le notre par la même occasion. Car le répertoire de La Femme s’écrit ainsi, au rythme de la vie, de l’amour, des rêves insensés et des désillusions quotidiennes. « Le présent est la fin du passé et le début du futur… », comme ils aiment à le répéter en choeur, dans cette relation qui tient autant de l’amitié indéfectible que de l’émulation artistique. Comme à l’accoutumée, La Femme n’a pas son pareil pour décocher des flèches, des fulgurances, des images mentales. « Elle ne t’aime pas ciao Bella/Oublie la haine, poursuit ta route laisse-la faire la sienne » dans le formidable Elle ne t’aime pas en est un bon exemple. “Je veux partir ailleurs que sur Terre dans une station interplanétaire, sur la lune, Pluton, Neptune ou Jupiter, qu’on me laisse en paix des mycoses et des parasites » dans l’étrange Mycose. Parce que oui, La Femme n’hésite pas à traiter de tous les sujets.
En élargissant ses histoires, ses thèmes et surtout son spectre musical, La Femme donne à entendre de nouvelles références, comme l’influence prégnante d’Ennio Morricone, l’incursion disco sur SSD (en souvenir des mois écoulés dans le quartier de Strasbourg Saint-Denis), le lyrisme lysergique du Velvet Underground ou encore une pluie de cordes sur quelques morceaux. Mystère se referme sur La Vague (Always in The sun sur la version Spotify), une longue plage de treize minutes, inspirée par Brian Eno et Pink Floyd, un solo de guitare et l’adolescence passée sur la côte basque. Histoire de boucler la boucle tout en gardant l’équilibre Sur La Planche.
Toujours en phase avec son époque, La Femme reste une magnifique offrande pour la pop française. Sombre et lumineuse à la fois. La Femme conserve tout son Mystère, c’est certainement pour cela qu’elle est si séduisante, encore plus qu’auparavant.
Mystère de La Femme est sorti le 2 septembre 2016 chez Maison Barclay, s’achète sur iTunes et s’écoute à la suite sur Spotify et Deezer.
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