“J’peux pas, j’ai Solidays.” Voilà, globalement, l’excuse qu’on dû vous servir pas mal de vos potes la semaine dernière juste après leur avoir proposé “un petit apero sur les quais.” Et on les comprend. Retour sur l’édition 2016 de Solidays, façon abécédaire, plus ou moins.
Solidays, c’est le premier festival dont j’ai entendu parlé dans ma tendre jeunesse. Images de concerts, vidéos tournées et redifusées sur TF1, un vrai gros bordel où on à tous envie d’aller.
17ème édition sous le soleil, programmation aux petits oignons, festivaliers abonnés aux Solidays depuis des années ; pas facile de faire un retour sur l’évènement qui ne sente pas le réchauffé, le déjà lu en 2010. Nous, on vous donne 17 bonnes raisons (triées par ordre alphabétique) de venir au festival au moins une fois dans votre vie.
Attente. Oui, on attend toujours un peu à l’entrée d’un festival. Mais pour un festival de 17 ans, on s’attendait à un peu plus de gestion de la part des organisateurs, c’est un peu dommage.
Brochette citrons/poulet. J’aime bien manger et on me le reproche souvent, manger trop c’est pas bon. Mais en festival c’est important de manger correctement. Au diable les frites trop grasses et les steaks en plastoc. Sur Solidays on vous propose des burgers aux foie gras, des brochettes de poulet, citron, coriandre. Je ne pense pas que ça nécessite un commentaire supplémentaire.
Il y a une scène un peu étrange aux Solidays, elle tourne le Dos au festival. La scène GreenRoom est finalement la seule où vous pourrez croquer de la musique électronique à pleines dents. C’est assez étonnant, à l’heure où presque tous les festivals proposent une programmation électro, de voir ce petit OVNI vert autour duquel un petit groupe de personnes s’amuse à danser toute la nuit. Là et seulement là, vous pourrez boire de la Heineken en écoutant les mecs du TourneDisque, le set de Molecule ou encore Simian Mobile Disco.
Dimanche dernier, dernier jour du festival, je suis rentré sans avoir aucune conscience que la France jouait son 8ème de finale de l’Euro 2016. Des drapeaux français partout, des gens assez malin pour avoir le drapeau des pays-bas maquillé sur la joue. C’est bien la première fois que je mate un match sur une grande scène de festival, tout le monde saute, cri et j’entend en fin de match “tout est bon, on peut aller boire de la bière et danser” sans se casser la gueule. Bravo Solidays !
Autant vous prévenir, les Solidays c’est la Fête foraine. Des manèges, des barbes à papa, des gens qui ne veulent pas faire de manèges parce qu’ils ont peur de perdre leurs portables, des churros froids. On vous le dit, vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas.
Mais c’est aussi des Gueulards. C’est important d’avoir des gens qui crient pour rien. Gueuler pour demander une bière, pour dire bonjour à une jeune fille, ou tout simplement pour discuter autour d’une table. Rajoutez à ça un peu de foot, et ça se la joue présentateur TF1.
“Jean, il pas facile en affaire.” Samedi, je me suis fait des copains. Posé tranquillement au point presse pour faire un point (original n’est ce pas ?). Les loulous ont voulu m’acheter une paire de lunettes de soleils (acheté il y a 1 an chez Primark pour 50c) 15€. J’ai refusé et j’ai eu le droit à une belle chanson : Jean, il n’est pas facile en affaire (à chanter sur l’air du blues du buisiness man)
Knowmad, ou toutes ces marques qui vous proposent des hamacs de sol de toutes les couleurs. Merci à vous, on passe des moments très agréables (après ¾ essais loupés).
Il y a un concert qui m’a complètement retourné : Ibrahim Maalouf. Je m’attendais à un concert de grande scène sans âme, il m’a fait fermer mon caquet assez vite. 5 minutes improvisations de percussions (cocasse pour un trompettiste) avec une foule en délire, ça donne a peu près la scène la plus cool de Matrix 3 mais en plein air.
Objets trouvés. À Solidays, vous avez une première entrée, puis une fouille. Si vous avez de l’alcool, des couteaux, des produits de beauté, des tire-bouchons ou autres, vous allez attendre. Si vous n’avez pas d’alcool, c’est pas grave vous attendrez quand même (c’est important). Mais l’aspect vraiment sympa de zone de fouille, ce sont les gens qui sortent du festival : ils troquent. Ainsi, Jeremy, jeune étudiant en biologie, essaiera désespérément de récupérer un limonadier (petit tire-bouchon de bar) auprès du videur, parce que “j’ai jamais retrouvé le mien après ma crémaillère.”
Autant vous prévenir, le public de Solidays est Pas tout jeune. Et ça c’est vraiment cool ! On trouve un peu de tout, des jeunes venus fêter le bac, des moins jeunes venus fêter tout court et puis les autres. J’ai discuté avec Gérard, qui fait les Solidays depuis 15 ans, et qui m’a dit de venir parce que “Franchement, les courses hippiques ça va bien 2min, mais faut que le bois vive un peu !” Gérard, c’est le plus fort.
Avant d’arriver aux Solidays, je me suis demandé comment une si grosse organisation pouvait être Solidaire. Aujourd’hui le paysage des festivals n’est pas peuplé de réussites ou de “bilans positifs” comme on dit. Faire un festival c’est perdre de l’argent, alors comment est ce qu’on fait quand on s’apelle Solidays et qu’on renverse ses bénéfices à une association qui lutte contre le sida ? On trouve l’argent là où il y en a, sans pour autant crier “ON VEUT VOTRE CB”. Les programmes sont payant (1€ minimum), des bières un petit peu plus chères, et des produits dérivés cool. Au final, c’est pas si compliqué d’aider son prochain.
En général quand je sors d’un festival, j’appelle mes parents. C’est assez rare les fois où je conclu par “franchement, ça vous aurait plus”. Parce que Solidays c’est un festival pour Tout le monde. Autant dans la diversité des plats (souvenez vous, le poulet/citron/coriandre) que dans la programmation, complètement hétéroclite. Je me serait bien vu devant General Electriks avec mon père, puis Ibrahim Maalouf avec ma mère.
Si vous avez le Vertige, n’achetez pas un Wiko. Le revendeur français de téléphones coréens n’a pas fait les choses à moitié : sauter en élastique pendant Solidays. Non, je ne l’ai pas fait.
Un bon gros : Yalah ! pour le jeune homme qui a réussi a traverser toute la file d’attente en courant et a rentré par la sortie du site au moment où l’agent de sécurité checkait son smartphone. J’imagine qu’il n’avait pas sa place.
Z’y retournerai bien. (Oui bon, c’est pas simple de trouver des mots qui commencent par Z)
Très sincèrement, et en guise de conclusion : Solidays est un bon festival. J’ai eu peur au début, de tomber sur ces manifestations qui oublient complètement qu’on a envie de s’amuser, de voir des lives, de bien manger, de vivre un moment agréable. Beaucoup de vieux festivals sont dans ce cas de figure, mais pas Solidays. Je l’écris haut et fort, j’y retournerai.
☞ Vivez aussi le festival Solidays en images grâce au photographe Mathieu Foucher.
© Toutes les photos sont de Mathieu Foucher