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Celui qui meurt dans tous les attentats

C’est l’histoire d’un inconnu qui souffre beaucoup. À chaque tragédie mondiale, il trouve la mort… Son portrait tourne sur tous les réseaux sociaux et on cherche alors à retrouver sa trace. Qui est cet homme qui meurt dans chaque attentats et accidents mondiaux ?

Vous avez certainement vu son visage circuler sur Internet récemment. Via Twitter, l’internaute Batiato le présente sous le nom d’ “Alfonso”, son frère présent à l’aéroport Atatürk au moment du triple attentat-suicide le 28 juin, et dont il est sans nouvelles depuis. A grand renforts de hashtags et de tweets, il a demandé de relayer son message afin de retrouver sa trace.

Mais vous avez certainement déjà vu son visage à d’autres occasions. Il avait aussi été présenté comme une victime du crash Egypt Air le mois dernier et plus récemment comme une victime de la tuerie d’Orlando. Et le pire, c’est que ce “Alfonso” est pourtant bien vivant. Et derrière cette histoire rocambolesque venant du Mexique se cache surtout les limites de la diffamation sur Internet.

Comme l’explique l’équipe des Observateurs de France 24, ce portrait est devenu mondial la première fois après le crash de l’avion EgyptAir, le 19 mai dernier. Des internautes avaient diffusé ce portrait affirmant que l’homme faisait partie des victimes de cet accident tragique. Plusieurs articles sur Internet, notamment sur le site de la BBC, avaient à l’époque révélé la supercherie en démontrant que des ‘trolls’ s’amusaient à diffuser des photos de fausses victimes de l’accident, “dans le but de berner les médias” selon les auteurs des articles. Mais aucun média n’avait identifié l’homme en question. “Alfonso” est ensuite réapparu lors de la tuerie d’Orlondo ; le New York Times avait diffusé une vidéo présentant des portraits de victimes du drame, dont le sien. En fait, ce visage est régulièrement associé à toutes sortes d’événements tragiques. Le 19 juin, la police mexicaine avait tiré sur une foule rassemblée pour protester contre une réforme éducative, faisant au moins huit morts. Ce même Batiato avait toujours sur Twitter présenté l’homme comme le fonctionnaire qui avait donné l’ordre aux policiers de tirer sur la foule.  

“L’objectif est que son visage soit connu et que sa réputation soit ruinée”

À chaque fois, le même visage de cet homme surgit sur Twitter le présentant comme une personne se trouvant sur les lieux des drames. Bien qu’il ne fasse effectivement pas partie des personnes officiellement décédées ou présentes lors de ces évènements tragiques.

Intrigué par la récurrence de ces photos, l’équipe des Observateurs de France 24 a voulu en savoir plus. L’intégralité des publications renvoie à des internautes basés au Mexique. Contactés par France 24, tous ces internautes expliquent à chaque fois qu’ils ont été de près ou de loin escroqués par cet homme, pour des petites sommes allant jusqu’à $1,000, dans une affaire de prêts jamais remboursés. L’un d’eux explique : “Comme l’affaire traîne, et qu’il ne nous rend pas notre argent, nous avons décidé de poster des photos de lui sur Internet, uniquement pour l’embêter… et ça marche ! Pour nous, l’objectif, c’est que son visage soit connu du monde entier et que sa réputation soit ruinée.”

Il s’agit d’une affaire personnelle mais qui prend une tournure mondiale, et surtout limite… Autour de cette question d’argent et de revanche, cet homme est en réalité victime de cyber-harcèlement. Sans nier être impliqué dans une affaire juridique, il a expliqué aux Observateurs, fataliste : “Ma photo circule partout, à cause de quelqu’un qui a eu envie de faire une plaisanterie après un litige… Maintenant, j’apparais dans plusieurs histoires que tout le monde retweete. J’ai demandé aux médias comme la BBC et le New York Times de supprimer ma photo mais ils ne m’ont jamais répondu. Je n’ai pas porté plainte contre les personnes qui ont diffusé ma photo, car ce genre de procédures n’aboutit jamais au Mexique.”

Le droit mexicain prévoit une peine de prison allant de 6 à 24 mois dans le cas où “la calomnie porte atteinte à l’honneur”. En France, la jurisprudence sur le cyber-harcèlement et la e-réputation est en construction. Comme souvent dans ces cas-là, les harceleurs profitent d’un flou juridique, comme c’est le cas pour la pratique du revenge porn par exemple (qui consiste à publier des photos à caractère sexuel de son ex pour se venger). Une histoire limite et délicate, où on ne sait plus qui est vraiment la victime…

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