C’est un premier album au panorama grandiose. Dans Intérieur nuit, Marvin Jouno est scénariste de sa propre vie. Une auto-fiction sur pellicule où il chante des lettres d’amour, libère ses fantômes, raconte ses rêves romantiques ou mélancoliques. Des mots mis en scène avec subtilité dans un décor à la fois intime et puissant. Le début d’une émouvante histoire dans la chanson française.
Peu de règles régissent vraiment les disciplines de l’Art moderne. Dans le monde du cinéma, il en existe au moins une que l’on ne peut contourner : un scénario pourrait prendre vie qu’avec un décor qui lui va bien, et vice-versa. Cet aphorisme vaut également pour la musique, la pop en premier outil du metteur en scène. La pop dans son sens même de “musique populaire”, et c’est bien pour cela que ses disciples dans ce domaine sont peu nombreux. Marvin Jouno en fait partie. Malice du destin, ce jeune trentenaire a découvert son destin musical dans le milieu du cinéma en tant que décorateur. Et c’est là qu’on tient la clé de son sens de la mise en scène. Sa “musique populaire” chantée en version française souhaite raconter les plus grandes histoires, d’une ouverture et d’une fraîcheur auxquelles aucune étiquette ne ferait réellement honneur. Pourtant, il suffit d’accepter ce paradoxe qui n’en est pas un : on peut composer de la musique populaire en ayant de grandes ambitions artistiques.
Marvin Jouno est scénariste de sa propre vie dans ses textes, tout en élaborant son univers musical avec soin, bluffant aussi bien par sa tonalité intime que sa force d’interprétation. Après un premier EP remarqué et sorti en septembre de l’année dernière, le challenge du premier album est énorme pour Marvin. Avec Intérieur nuit, il souhaite avant tout allier la modernité des productions à l’anglaise, avec un style d’écriture utilisant le français d’une manière très mélodique, presque joueuse. Sans se départir de l’ambition textuelle propre à sa langue. Quelque chose qui n’a jamais été réalisé jusque là, et qui demande un talent d’équilibriste à l’auteur – qu’il est avant tout. Il chante des nouvelles sur sa vie et pèse ses mots sur la balance des blancs. Marvin Jouno est un chanteur-compositeur qui capture la lumière, joue avec son ombre, fait défiler la pellicule d’un film invisible au fil de ces 11 chansons pop ombrageuses et épidermiques. Ce premier album est le voyage intérieur d’un garçon de 31 ans qui avance masqué. Un voyage que vous avez certainement vécu aussi. Une auto-fiction où Marvin chante, entre autre, des lettres d’amour, libère ses fantômes, raconte ses rêves romantiques ou mélancoliques. On danse, on chante, on s’émeut simplement tout au long des 11 titres d’Intérieur nuit. Une nuit bien plus blanche qu’on pourrait le penser. On peut même y chercher parfois l’inspiration du David Bowie de la fin des seventies dans ses nuits très berlinoises.
Les souvenirs, l’amour et le temps qui passe dans Intérieur nuit est un appel à vivre sa vie au bon tempo, en appréciant la beauté des reflets qu’elle nous offre. Des chansons audacieuses, contagieuses surtout, dans son instrumentation, puissante et jouant sur des triolets, rares en pop comme en musique électronique. Le résultat tient autant de la pop que de la musique de film. Un album sur pellicule jouant avec la sonorité des mots, maniant la langue d’une manière presque “british”, contenant entre ses deux bandes noires aussi bien du Alain Bashung que du Étienne Daho ou du Benjamin Biolay. Un premier album qui pourrait bien sceller pour Marvin Jouno un destin grandiose, dont on attend le 2 avec impatience dès générique de fin.
Intérieur nuit de Marvin Jouno est sorti le 11 mars 2016 chez Un Plan Simple. Vous pouvez l’acheter sur iTunes et l’écouter sur Spotify et Deezer à la suite.
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