C’est une expédition aux îles Kerguelen. Un redditor français a publié sur Imgur une série de photo racontant ses 14 mois de missions. Comme une envie d’aventure en voyant ça.
L’archipel des Kerguelen, également connu sous les noms d’îles de la Désolation, est un archipel français qui constitue une des parties émergées du plateau de Kerguelen, un continent majoritairement submergé au sud de l’océan Indien. Il forme l’un des cinq districts du territoire des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Autant vous dire qu’il y a pas grand monde et qu’il fait plutôt froid du coup.
Elles furent découvertes le 12 février 1772, par le navigateur breton Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec qui les baptisa alors “France australe”. Ces terres qui portent désormais son nom sont restées, malgré quelques tentatives de colonisation, dépourvues d’habitants permanents. Jusqu’au début du XXe siècle les chasseurs de phoques et de baleines ont fréquenté l’archipel et en ont massacré la faune. Les populations animales se sont aujourd’hui reconstituées et les côtes accueillent à nouveau de nombreuses colonies de reproduction d’oiseaux (albatros, manchots, pétrels, etc.) et de mammifères marins (éléphants de mer et otaries). Les eaux côtières sont fréquentées par des baleines à bosse et abritent une population résidente de dauphins de Commerson. Les écosystèmes de l’archipel doivent toutefois s’adapter à la présence d’espèces introduites par l’homme, notamment des rennes, des mouflons, des lapins, des chats, des rats et des souris, des truites et des saumons, divers invertébrés et quelques plantes comme les pissenlits. Les îles, y compris une portion importante des eaux territoriales, sont classées en réserve naturelle.
Depuis 1950, la France assure le fonctionnement continu de la station de Port-aux-Français, base logistique, technique et scientifique où se relayent régulièrement 45 à 100 personnes. Actuellement il s’agit de la 66e mission. Mais c’est de la 61e mission dont on va parler à travers les photos suivantes.
Le redditor français seszett a été l’admin réseau, admin systèmes et plus généralement informaticien à tout faire de la 61e mission à Kerguelen en 2011. Il a passé plus d’une année aux Kerguelen et nous raconte tout ça à travers un album sur Imgur. Il invite à lui poser des questions en AMA sur Reddit d’ailleurs. Il serait dommage de se priver de ce voyage et de ses commentaires du coup.
☛ Découvrez l’expédition de seszett aux îles Kerguelen.
Découvrez une sélection des plus belles photos de seszett aux îles Kerguelen.
“Une carte des “manips” que j’ai faites sur Kerguelen. Les sorties terrain quoi, en général à trois, parfois quatre, deux pour les endroits les plus proches. Pour donner une idée de l’échelle, la distance entre Guetteur (à l’extrême est) et Val Travers (le point le plus à l’ouest) est de 80 km à vol d’oiseau. L’Aventure et la Curieuse sont les bateaux utilisés sur et autour de l’île. (…)”
“Pour se rendre à Kerguelen, rien de plus simple : il suffit de se rendre à la Réunion, dans le port d’une ville judicieusement nommée Le Port, et d’embarquer sur le Marion-Dufresne, bateau entièrement dédié au ravitaillement des TAAF et à la recherche océanographique.”
“Après avoir quitté Crozet, au bout de cinq jours à peu près le bateau mouille dans le Golfe du Morbihan (oui) et dépose les aventuriers à Port-aux-Français, la base de Kerguelen, qui ne paie pas de mine il faut bien l’avouer.”
“Alors ma première manip a consisté à capturer des otaries (enfin à aider les gens qui s’y connaissaient, hein, moi je n’étais qu’une main souvent disponible parce que mon boulot d’admin n’était pas très prenant) pour leur installer une balise (je ne connais pas trop les détails, ou plutôt je les ai oubliés). Dans un environnement plutôt sympa au milieu des manchots, éléphants de mer et otaries tous ensemble sur la photo.”
“Et aussi des skuas. Des genres de gros goélands bruns, en plus pénibles et intelligents.”
“Voici la Curieuse, un ancien bateau de pêche qui sert de temps en temps pour des missions à Kerguelen. Ici je l’ai empruntée pour aider mon collègue à faire des zig-zags au large en remorquant une bouée GPS qui mesure en continu le niveau de la mer (en fait je n’ai servi à rien et ça a été super long et chiant pour nous deux, mais au cas où un truc aurait planté…).”
“Ça nous a quand même permis de voir le mont Ross, 1850 m, de près. Nommé en l’honneur de James Ross qui a visité Kerguelen avec Francis Crozier sur les navires Erebus et Terror, pour ceux qui connaissent un peu l’histoire de l’expédition Franklin. Ou qui ont lu Terror de Dan Simmons.”
“Alors il y a des années où les gens voient plein d’aurores australes, et d’autres non. Nous on n’en a eu que deux, et mal placées pour être prises en photo en plus.”
“Je vous présente le navire à temps plein destiné à sillonner le golfe du Morbihan : l’Aventure II. Un magnifique chaland qui sert à ravitailler les îles du golfe et à déposer les gens qui partent sur le terrain quand ça peut les rapprocher. Mine de rien, éviter quarante kilomètres à pied, c’est pas mal.”
“Retour sur le terrain, ceci est la manchotière du Cap Ratmanoff. Une des plus grandes colonies de manchots royaux, à quatre-cinq heures de marche de la base à travers une région nommée les Dombes.”
“Les skuas aiment manger les oeufs des manchots quand ils peuvent mettre la palme dessus.”
“Des manchots royaux, ça fait un peu moins d’un mètre de haut, c’est un peu craintif mais pas trop, ça donne des coups d’aile et de bec redoutables. Ça fait beaucoup de bruit aussi, surtout quand tu dors à quelques mètres d’une colonie de quelques centaines de milliers de manchots.”
“Un peu plus loin dans les terres se trouve une épave d’hélicoptère. Des épaves rouillées il y a ça un peu partout à Ker.”
“Un autre type de manchot à Cap Cotter cette fois : les gorfous macaroni. Bien plus petits que les manchots royaux, ils sont aussi plus craintifs et plus agiles. Du coup ça n’a pas forcément été de la tarte de les choper pour leur mettre des balises.”
“Une sterne arctique qui attaque un skua trop près de son nid. Elles attaquent aussi les humains si nécessaire, un peu pénible quand elles ont choisi de faire leur nid près de la cabane.”
“Certaines des anciennes cabanes en métal sont assez spartiates, ici Bossière au pied d’une superbe cascade.”
“Jusqu’ici la plupart des photos montraient un temps clément voire un soleil radieux, mais même si on est loin de la banquise, l’hiver est parfois relativement rigoureux. Ici Gazelle sous la neige (et des rennes qui nous regardent approcher).”
“Faire trente kilomètres en bottes en caoutchouc dans la neige qui recouvre les cailloux et chargés comme des mulets peut vite devenir chiant.”
“On ne fera plus fondre de graisse de baleine là-dedans, je pense.”
“Ah ouais – il y a des sources d’eau chaude à quelques endroits.”
