C’est culte. Presque vingt ans après sa sortie, #3 le troisième et dernier album de Diabologum est réédité en version augmentée. Avec ce grand disque sombre, totalement en phase avec son époque, c’est une replongée incroyable dans l’esprit des années 90. Presque 20 ans et même pas une ride, Ce n’est pas perdu pour tout le monde résonne toujours avec autant de hargne et de désespoir. “Une bombe incendiaire dans le rock français”, titrait les Inrocks à sa sortie en 1996. Un des meilleurs élèves du rock français à savourer encore aujourd’hui.
[pull_quote_center]Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé / Au milieu du mois d’août, je crois qu’il a neigé.[/pull_quote_center]
Cette phrase est l’une des entrées en matière les plus marquantes des années 90 qui refait surface aujourd’hui avec la ressortie de #3 (Ce n’est pas perdu pour tout le monde), l’ultime album de Diabologum. Un album culte sorti en 1996 mais longtemps resté indisponible après la déroute de leur label, Lithium. Deux ans après, le groupe disparu et leur musique avec, jusqu’à cette réédition. Pour ceux et celles qui ont connu #3 à l’époque, cette réédition augmentée sera l’occasion de découvrir une poignée de bons morceaux rares, enregistrés au même moment et dispersés sur diverses compilations. Pour les autres, c’est le moment de mettre la main sur un disque culte qui achève définitivement les années grunge et ouvre grand les yeux sur les années 2000 et ses dérives. Vu de 2014, c’est carrément une nouvelle musique qu’inventait alors Diabologum, et #3 n’usurpe absolument pas l’aura qu’il a gagnée depuis – que sa rareté involontaire n’a fait qu’amplifier pour pas cher.
Diabologum a toujours proposé un cocktail de rock noisy, de pop sophistiquée et de collages expérimentaux. Un rock qui a marqué son temps et dont les mots résonnent toujours aussi bien aujourd’hui. Le groupe, originaire de Toulouse, a réussi sur cet album à créer un style unique et très novateur pour l’époque. En remplaçant le chant par des textes parlés plaqués sur des guitares rugissantes, mais néanmoins mélodiques, le tout rehaussé de samples divers. Certains penseront à Fauve à raison. Là où Fauve chante un rock générationnel, Diabologum s’en prend aux problèmes sociaux transgénérationnel. Diabologum est toujours aujourd’hui un véritable pourvoyeur d’énergie et de remises en question. Toutes guitares voraces dehors, Diabologum a tenté des expériences de petit chimiste où le rock absorbait le rap des charts de l’époque et les premières rythmiques house et techno qui commençaient à se faire entendre. Une musique à écouter encore et encore. Au moins pour cette mise en musique du monologue de La Maman et la Putain de Jean Eustache. Frisson.