Nouvelle sensation de la scène française, Feu! Chatterton sort son premier EP éponyme aujourd’hui. Après La Mort dans la pinède, Feu! Chatterton propose 4 nouveaux titres tout aussi enivrants. Pendant que certains jeunes artistes français se morfondent dans un pathos onirique parfois embarrassant, à trop user de la nouvelle vague de la new-wave, Feu! Chatterton propose ici une élégante collection de chansons hors du temps, réaliste et romantique jusqu’au vertige. C’est dans une tonalité un brin juvénile, libertaire et romantique que Feu! Chatterton officie dans les belles chansons à texte. Sombre et élégant. Coup de coeur.
Sans doute emprunté autant à Gainsbourg qu’à Bashung, “Chatterton” impose tout d’abord l’ambition poétique du groupe, qui manie avec autant d’élégance la prose que l’électricité. D’autant que ce nom d’albums célèbres est aussi celui d’un fameux poète anglais, Thomas Chatterton, qui a fortement influencé de nombreux romantiques français. Feu! Chatterton ne pourrait nier l’influence des deux figures tutélaires précédemment citées et de la poésie. Quoiqu’il en soit, cette filiation ne suffit pas à raconter et comprendre un groupe dont l’alchimie sonore distille rock et littérature comme peu des groupes actuels.
Arthur, le chanteur dandy, fait ses classes dans les concours de slam parisiens. Il y emmagasine une expérience précieuse, noirci des cahiers entiers d’histoires et de poèmes qui impressionnent ses camarades de lycée, Clément et Sébastien, deux guitaristes compositeurs qu’il allait autrefois applaudir lors des tremplins rock. Tous les trois vont alors multiplier les expériences et les projets jazz-funk, slam ou rock. Si leurs références sont plurielles, voire parfois radicalement opposées, ils s’accordent tous autour de Radiohead (les vrais savent). La cohésion, ils la trouvent enfin en 2011 autour des textes d’Arthur et des compositions de Clément et Sébastien. Ils élaborent une architecture sonore précise, envoûtante, influencée par la musique de film et le jazz, le tout dans une ambiance résolument rock. L’année suivante, Antoine (basse), puis Raphaël (batterie, percussions) rejoignent et complètent la formation. C’est alors en 2012 que Feu! Chatterton publie sa première déclaration : le formidable La Mort dans la pinède.
Un premier EP éponyme se construit alors grâce à un financement sur KissKissBangBang. Un EP qui retranscrit assez fidèlement l’essentiel de leurs intentions. Côte Concorde se veut être un hommage à la tradition de la chronique d’actualité comme les chantaient Bob Dylan ou Woody Guthrie. La Malinche est une lettre d’amour post-punk irrésistible et d’une puissance amoureuse rare. Le véritable tube de ce quatre titres. À l’aube démontre aussi l’amour, mais celui viril et amical. Tout aussi poignant. L’heure dense qui clos l’EP suit la routine des guitares new wave sombres et pénétrantes avec beaucoup de plaisir. Mais au delà des titres, c’est sur scène que la poésie de Feu! Chatterton prend toute sa valeur. Comme je le raconte durant leur concert à Rock en Seine. Alors surtout essayez de partir à leur rencontre au Point Ephémère vendredi 12 septembre ou durant la finale des Inrocks Labs. Les deux concerts sont complets, mais je compte sur vous.
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