Eloignés de leur projets musicaux respectifs, DJ Pone et José se réunissent le temps de l’album SARH. Une musique downtempo nourrie de l’expertise scratcheuse de l’ex-leader de Birdy Nam Nam et de l’impressionnante voix fièvreuse et rageuse du chanteur de Stuck In The Sound, mais très loin du hip hop et du rock. Un coup de maîtres.
Sarh, c’est une ville bruissante plantée au milieu du Sahel. Et SARH, c’est désormais aussi le nom d’une musique venue d’ailleurs, la musique d’un drôle de duo que rien ne réunissait au départ : DJ Pone et José Reis Fontao. Enregistré il y a 3 ans déjà, ce premier album éponyme de SARH mélange le meilleur des deux complices. Loin de leur hip hop et de leur rock, leur nouvelle musique va très loin de leurs projets respectifs et des sentiers battus. Leur talents se libèrent et s’unissent dans des morceaux uniques et très attachants. Si l’on devait trouver un point commun entre les précédents projets des deux artistes, ce serait simplement l’énergie, cette énergie musicale et créative. SARH propose des atmosphères enlevées et nébuleuses sur lesquelles se posent de mélodies mélancoliques, hypnotique et follement inédite.
[pull_quote_center]Il m’a fait écouter Urquinaona et j’ai adoré l’atmosphère désertique, onirique qui s’en dégageait[/pull_quote_center]
L’histoire de SARH est assez simple. Pone, épris du morceau All I need de Radiohead, se met à bricoler des tracks beaux bizarres. Il cherche alors un chanteur pour donner une couleur supplémentaire et des paroles à ses morceaux. Un ami lui désigne spontanément José lors d’une soirée. Rendez-vous est pris. “Il m’a fait écouter Urquinaona, se souvient José, et j’ai adoré l’atmosphère désertique, onirique qui s’en dégageait”. Le lendemain Pone reçoit sa compo enrichie d’une ligne mélodique expectorée par José. “J’étais en train d’écouter, raconte Pone, assez troublé par ce qu’il avait fait de ma musique quand ma compagne s’est écriée : “c’est magnifique !”. Voilà, c’était parti.”
Une belle rencontre pour une belle histoire musicale. Une nouvelle amitié anime alors les deux musiciens plusieurs mois durant, une histoire de compos bricolées dans les train, de chansons enregistrées à deux du mat’ dans la cuisine d’un appartement, d’une conversation complice qui ne cesse de s’enrichir des idées de l’un et de l’autre. Comme un jardin semi secret où Pone et José s’offrent le luxe de prendre l’exact contre-pied de leur quotidien au sein des Birdy ou des Stuck. Une musique inquiète et rêveuse, précise et abstraite, profonde et lumineuse, hors du temps qui n’a pas peur des silences. Les boucles de Pone se croisent et se décroisent à la voix de José. Elles offrent à l’ensemble un côté voyage immobile, comme un space opera minimaliste, une traversée onirique.
Au delà de album, c’est aussi un concert fabuleux dont je dois de vous dire deux trois mots. Lundi dernier, dans le théâtre des Bouffes du Nord. Un lieu unique pour une musique unique. La salle s’impatiente lorsque les lumières s’éteignent et plonge la foule dans un univers sombre. Arrive alors Pone, puis José, acclamés par la foule d’amis, de professionnels et de personnes déjà fan du projet. Urquinaona comme premier morceau, suivi de Venise et Waving goodbye. Trois morceaux pour faire comprendre que le moment sera bel et bien unique. Une musique forte, une voix de José incroyable de technique, un Pone cajoleur de platines au top de sa forme. L’audience est conquise et ne boude pas ses applaudissements, parfois dicté par un Pone si heureux et fier de ce moment. Certainement stressés par cette toute première, les deux amis se libèrent et qu’il est bon de voir deux artistes au top de leur bien être sur scène. Même que José se décapuche, José a pour habitude de se cacher et se renfermer sous sa capuche noire. S’enchaîne un U and I haut en lumière et très fort de signification sur le moment, puis un moment pop délicieux avec Summertime of broken hearts applaudi chaleureusement. La petite fille de Pone criant des “Papa Papa” amuse tout le monde. Chaque morceau de SARH y passe, arrangé et allongé pour la scène. Le Welcome to Sarh avec l’incroyable voix de José restera un très beau moment de ce concert. Tout comme le final sur un Sailing with lost souls dansant et énergique comme il faut. Et cette petite fille courant dans les bras de son père. [Quelques photos de Eva Guide à voir à la suite.]
SARH est sorti le 2 juin chez Believe Recordings et il est à écouter d’urgence. Vous pouvez écouter SARH sur Spotify et Deezer.