Deuxième jour des Eurockéennes et aucune trace de courbature pour le moment. A mon programme du vendredi 5 juillet : Matthew E. White, Airbourne, Fidlar, Skip The Use, Woodkid, The Smashing Pumpkins, Gesaffelstein et The Bloody Beetroots. Du rock, en veux-tu, en voilà !
La douceur Matthew E. White
J’arrive tranquillou loulou à le Greenroom pour découvrir Matthew E. White. Ce gentil ours blanc est un nouveau venu sur la scène folk, arrivé tardivement à maturité avec son premier album The Big Inner (alerte jeu de mot). Ce néo-hippie à la grosse barbe peluche livre une prestation entre soul et country, d’une richesse incroyable à l’image de son album. Du miel pour les oreilles à ravir le plus doux des nounours. Pas déçu d’avoir délaissé le rock festif de Beware Of Darkness pour débuter tout en douceur avec le grand sourire de Matthew.
Les amplis à fond d’Airbourne
Passons la douceur pour attaquer les choses sérieuses avec Airbourne. L’ombre tutélaire d’AC/DC, et celles de Thin Lizzy ou encore de Motörhead, a guidé depuis 10 ans ce quatuor australien que je rêve de voir en live depuis trop longtemps. Passé l’entrée super classe sur le thème de Terminator, les Eurockéennes se réveillent brutalement. Un mur de Marshall poussé sur 11 en guise d’alarme réveil et c’est parti pour un des concerts les plus rocks de cette édition ! Gibson pointées vers le ciel, la joyeuse bande enchaîne les riffs et les tubes Ready To Rock, Runnin’ Wild, Diamond In The Rough ou encore Cheap Wine & Cheaper Women. D’ailleurs les Australiens débouchent plusieurs bouteilles de gros rouge sur scène. Mais Australien oblige, le leader Joel O’Keeffe s’éclate une bière sur le crâne. Un set rock à souhait qui donne envie d’avoir les cheveux longs ! Joie intense !
La sensation Fidlar et la désillusion Skip The Use
Je quitte la Grande Scène, le coeur rempli d’énergie, pour arriver vers le Club Loggia. Fidlar est la petite découverte que je ne souhaite pas louper. La raison est simple : ce jeune quatuor californien est baptisé d’après l’acronyme Fuck It Dog’s Life’s A Risk, les skateurs comprendront. En vrais enfants du rock aux sentiments punk, entre Arctic Monkeys (ceux du débuts) et The Hives, ils “ramonent” non-stop pour le grand plaisir du public. Un furieux son rock garage qui a fait sensation, notamment grâce à un Max Can’t Surf et un No Waves fédérateurs !
De retour sur la Grande Scène, Skip The Use déboule avec force et envie. Skip The Use est avant tout la voix percutante et infernale de Mat Bastard. Leader charismatique de la scène rock française, mais leader d’un groupe à la musique perdue dans un marketing poussif malheureux. A force de tourner et de tourner encore, le punk rock s’est mué en pop rock pour le bien du peuple, pour la tendance. Plus vraiment de saveur. Leur musique sacrée aux Victoires de la Musique 2012 fait pâle figure face à la fraîcheur des concerts précédents. Le moment qui décida mon départ : Mat salue la classe et le rock d’Airbourne, ok mais venant de la part d’un groupe qui a réalisé la première partie de Muse au Stade de France, ça fait tâche. J’ai bien fait d’ailleurs de partir, car on m’expliquera plus tard que les Skip The Use ont essuyé quelques problèmes techniques malheureux. Dommage pour le public ultra chaud.
L’incompréhension fatigante Woodkid
Ah, Woodkid, celui que j’aime tant moquer. Je décide de le voir sur scène histoire de lui donner sa chance, mais ne passons pas par quatre chemins, Woodkid sur scène est venu confirmer tout le mal que je pense de lui. Après une introduction à base de symphonies pompeuses, l’égérie des hipsters arrive sur scène par le milieu devant une Greenroom noire de monde. Acclamé par son public qui n’en pouvait plus d’hurler son nom depuis une vingtaine de minutes. Heureux d’être de “retour en France”, Woodkid leur dit I Love You et “where are you?” en anglais dans le texte. Ceux qui n’avaient pas la chance d’être aux premiers rangs auraient bien pu lui retourner la question. Woodkid ayant refusé toute transmission sur les écrans géants latéraux (ainsi que la presse durant le festival) et avec une scène noyée dans un brouillard artificiel, impossible de voir quoi que ce soit. Juste un écran en fond de scène passant ses fameux traveling avant d’une forêt sombre. La classe option cinéma du collège Marcel Pagnol de Marseille a dû apprécier.
Difficile donc d’entrée dans son univers. D’autant que la justesse de la voix fait cruellement défaut… Le set de Woodkid est millimétré, sans émotion et d’ une prétention sans limite. Froid, certain de sa force avec son orchestre, avec le sentiment du devoir accompli, Woodkid ne me convainc pas, et je ne suis pas le seul à le penser après coup. Il va vraiment falloir une bonne fois pour toute que quelqu’un m’explique le pourquoi du comment Woodkid…
Les papis The Smashing Pumpkins et le sombre Gesaffelstein
Le vilain petit canard du rock américain s’était révélé cygne après Nirvana. Chanteur depuis ses 18 ans, devenu tout à la fois rock star ou encore poète publié, Billy Corgan a repris le flambeau du rock torturé avec maestria sur scène ce soir là. Pour être franc, je ne suis pas un enfant de la génération Smashing Pumpkins, je ne connais d’eux que Today pour dire, j’ai donc bossé un peu mon sujet avant d’écrire ces quelques lignes. En définitive, le plaisir est grand et fort à la découverte de ce groupe en live. Propre, précis, sale, The Smashing Pumpkins me fait monter les poils sur la reprise Ground Control. Rock à souhait, ce Papy là et ses acolytes sont une redoutable machine de guerre sur scène.
Au tour de Gesaffelstein de porter le flambeau électro du jour. La Greenroom est toujours autant noire de monde. Heureusement que j’avais un précieux sésame pour accéder à la terrasse. Et qui vois-je sur place aux premières loges ? La copine Anaïs, la première fan de Gesaffelstein bien avant Brodinski. Dès les premières notes, je ne peux que comprendre son amour pour lui. Sa techno plonge aux racines bien deep de l’électro. Atmosphère dark, ambiance minimaliste, rythmiques sèches, Gesaffelstein construit un univers où la cravache et le sexy sont de rigueur. Son live electro tubesque est une douceur pour les oreilles. Jamais vu un mec offrir autant d’orgasme à une fille en une petite heure, jamais vu Anaïs aussi heureuse. Avec seulement quelques EP dans la valise, le nouveau Prince de l’électro française a illuminé de son talent toute la Greenroom. Bravo !
Et sans le savoir encore, Gesaffelstein n’était en fait que l’apéro d’une soirée encore plus folle qui allait suivre.
La folie électro rock The Bloody Beetroots
The Bloody Beetroots, c’est mes soirées étudiantes dans sa bêtise la plus totale. Né en 2007 de l’imagination de “Sir Bob Cornelius Rifo”, ce groupe de folie pure a surtout été connu grâce à leur remixes tonitruants. Etienne de Crécy et Alex Gopher en tuteurs, The Bloody Beetroots sait parfaitement retourner une scène, aussi grande soit-elle. Je vous laisse juger vous-même en vidéo à la suite. The Bloody Beetroots, c’est 1h30 d’énergie pure à vivre bras en l’air. Une énergie qui met en déroute le plus puissant des Redbull. L’électro est maltraité dans tous les sens pour faire danser le plus grand nombre, et du monde bras en l’air il y avait à perte de vue. Une des claques les plus fortes du festival !
Retrouvez le compte-rendu de la deuxième journée des Eurockéennes en vidéo :
Lisez aussi le report de ma première journée aux Eurockéennes avec Gary Clark, Jr., Parquet Courts, -M-, Alt-J, Major Lazor, Jamiroquaï et Boys Noise.