C’est sociologiquement intriguant. Poursuivant sa trajectoire auprès des artistes émergents, le Collège des Bernardins et le commissaire Gaël Charbau s’associent aux Audi talents awards pour proposer à l’artiste Pauline Bastard de s’emparer de l’ancienne sacristie. Elle y présente la première exposition de son projet Alex : ce personnage qu’elle a inventé et qu’elle tente d’introduire dans notre vie réelle. La quête d’un homme fictif qui nous emmène à réfléchir sur notre propre individualité.
“Alex Todo, 114 rue Villiers de l’Isle-Adam, 75020 Paris”. Voici une manière, parmi tant d’autres, d’exister ; un nom et une adresse postale comme preuves de sa présence dans la société. C’est aussi l’une des nombreuses “informations de réalité” qu’a offert Pauline Bastard à Alex, ce personnage qu’elle a inventé et qu’elle tente d’introduire dans notre vie réelle.
Si l’utilisation des nouvelles technologies et des réseaux sociaux emmène parfois à fabriquer une réalité fictive et fantasmée, le projet de Pauline Bastard propose d’expérimenter l’exact chemin inverse : faire entrer un personnage imaginaire, Alex, dans notre société grâce à tous les moyens disponibles, qu’il s’agisse de films, de photographies, de récits ou d’objets du quotidien. Avec ces informations, Pauline donne ainsi naissance à Alex. Un personnage fictif en quête de réalité. Et pour l’aider à se définir, Pauline a réuni un groupe de professionnels autour de lui : une anthropologue, une costumière, une philosophe, un avocat, une scénariste, une psychanalyste et même un ancien SDF. A travers leurs discussions et leurs échanges, chacun accompagne Alex dans la construction de son individualité, dont l’identité culturelle, sociale ou administrative se révèle au fil des situations qu’il rencontre. Des scènes de vie sont ainsi présentées, le tout formant des couches saturées d’éléments se parasitant les uns les autres, comme des souvenirs. Alex cherche un logement, du travail, des amis sur Facebook… Alex définit son comportement, sa place dans la société, son passé… toutes ces situations offrent un indice, une impression, une preuve de la réalité de son existence. L’ensemble est en tout cas assez intriguant pour nous emmène à réfléchir sur notre propre individualité avec Alex.
Alex est un work in progress. Pauline Bastard propose de faire sa connaissance grâce à un ensemble d’éléments présenté dans une installation simple mais riche en expériences qui permettra aux visiteurs de découvrir le développement d’Alex. Ce projet à la frontière entre le plausible, le vrai et le fictif met en scène une aventure humaine ambitieuse. Une enquête personelle qui soulève des questions sur l’identité, les relations sociales, le vivre ensemble, l’existence au sein d’une société, d’une communauté et de ses codes. Un personnage fictif tellement réel qu’il nous interpelle sur notre propre réalité. A force de le découvrir pendant qu’il se découvre, on finit par se lier d’amitié avec Alex. A la fois, muse, acteur, fantôme, Alex en devient un ami. Un ami sincère dont les questions nous questionnent. Un homme ordinaire qui par sa force de vivre nous embarque dans son récit extraordinaire. Alex est une oeuvre monumentale, sociologiquement et personnellement importante.
Quelques photos de la mise en scène d’Alex
Alex : une exposition de Pauline Bastard
Au Collège des Barnadins, 20 rue de Poissy Paris 5e – Métro Maubert Mutualité ou Cardinal Lemoine.
Du mercredi 21 octobre au samedi 12 décembre 2015.
Tous les jours de la semaine (sauf dimanche) de 10h00 à 18h00.
Entrée libre.
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