Depuis 2010, la musique électro ne se réduit plus aux seuls festivals, fêtes et rave-parties auxquels elle est naturellement associée : elle s’impose comme une tendance artistique majeure de la culture contemporaine. Accompagnant la révolution numérique et détrônant la culture du rock, la dance music électronique, dont les genres fondateurs sont la house et la techno, est née il y a plus de trente ans, dans les boîtes de nuit underground de Chicago et Detroit. Grâce au talent et à la créativité de musiciens et DJ noirs américains, cette musique a conquis l’Europe par le phénomène clandestin des rave-parties.
Par-delà son image hédoniste, l’électro a donné naissance à une vaste culture musicale, ainsi qu’à des gestes et à des pratiques esthétiques telles que le mix, le remix, le sampling ou le live audiovisuel… Celles-ci se sont peu à peu répandues, influençant les démarches artistiques dans le domaine de l’art numérique, du graphisme, de la vidéo, des arts plastiques, du cinéma, de la bande dessinée, de la danse ou du live staging, une nouvelle forme scénographique associant concert et arts visuels. De la communauté LGBTQ à l’activisme de l’univers des free-parties, l’électro possède par ailleurs une dimension revendicative, politique et contre-culturelle, dont témoignent manifestes, performances, fêtes et défilés, redéfinissant un nouveau rapport à l’altérité et au monde : militantisme queer, esprit DIY (Do it yourself), nomadisme festif, utopies éphémères et communautaires.
Immergée dans une bande-son confiée au célèbre DJ Laurent Garnier (découvrez ici la setlist des 127 morceaux), qui revisite toute l’histoire de l’électro de Kraftwerk à Daft Punk, baignée dans une installation lumineuse et sensorielle, confiée aux artistes 1024 Architecture, dont les puissants effets visuels rappelleront l’atmosphère des rave-parties, l’exposition proposera une véritable expérience sonore, participative et sensorielle.
Instruments, sculptures, photographies (Andreas Gursky, Peter Boettcher…), installations (Rineke Dijkstra, Peter Keene) et multiprojections jalonneront un parcours qui convoque également les principales figures, musiciens, DJ et inventeurs qui ont porté l’idéal vitaliste, visionnaire ou futuriste de la musique électronique, dont Kraftwerk, Jean-Michel Jarre, Robert Moog, Daft Punk ou Juan Atkins. Par exemple, les visiteurs pourront découvrir des costumes, casques, écrans et guitares utilisés dans le clip Technologic de Daft Punk ou encore appréhender le “Studio imaginaire” de Jean-Michel Jarre, composé de quelques merveilles de synthétiseurs issus de sa collection. Au menu, il y aura également des concerts dont celui d’Etienne de Crécy le samedi 13 avril, ainsi que des conférences-débats, notamment celle avec Jeff Mills, le mardi 9 avril.
Au même titre que le rock ou le hip-hop, l’électro constitue un reflet de la culture et des mutations de notre société, comme si ses utopies, son énergie et ses BPM parvenaient à donner le pouls et le tempo de notre époque. Et l’exposition de Kraftwerk à Daft Punk en sera assurément la vitrine idéale.
☞ Expo de Kraftwerk à Daft Punk à voir à la Philharmonie de Paris du 9 avril au 11 août 2019.