À Los Angeles, un artiste anonyme surnommé Lonesome Town répand «une tristesse enchanteresse» en dessinant sur les meubles laissés à l’abandon. Un véritable buzz existe autour de ce projet peu commun.
Il est malheureusement monnaie courante de voir des meubles abandonnés sur nos trottoirs. Dans n’importe quelle grande ou petite ville, un réfrigérateur mis au rebut sur la chaussée, un canapé usé et complètement défoncé par les fêtards d’une nuit, un matelas enroulé posé contre un mur, un triste spectacle à chaque coin de rue. Pourtant, si vous vivez dans le quartier de Koreatown à Los Angeles, vous pouvez croiser des détritus avec une joie pleine d’espoir.
Au cours de cette année, un artiste anonyme, connu sous le nom de Lonesome Town, a transformé les meubles abandonnés et leur a redonné un sourire. Plus ou moins. Il déguise ainsi ces vieux meubles en clown triste ou entrain de pleurer. Le travail de Lonesome Town est devenu une source de ravissement et de débat pour les habitants. En promenant leurs chiens, les résidents de Koreatown et de Silver Lake parcourent les rues transversales pour regarder les télévisions et les tabourets, les bidons d’essence et les éclaboussures de peinture. Ils inspectent alors ces choses oubliées dans une charmante chasse aux trésors urbaine. Comme le relate La Weekly.
“Il y a quelque chose de joliment tragique”, raconte l’artiste anonyme derrière Lonesome Town. Le projet est né quand l’artiste a éprouvé un moment d’empathie – pour un frigo. “Je venais juste de rentrer d’Espagne et il m’est arrivé de voir un réfrigérateur [oublié]. J’avais l’impression que c’était juste en train de me regarder avec tristesse. Cette chose qui était utilisée chaque jour, une partie intégrante de la famille de quelqu’un … juste abandonné.” Il ne pouvait pas passer devant ce réfrigérateur sans faire quelque chose : “Le premier jour, j’ai juste fait un visage dessus. Puis le lendemain, il était toujours là. J’ai ajouté des boutons. Et les pois. Et bien sûr, je suis revenu le troisième jour et y mettre un chapeau. Cela me rend si heureux parce que je sens que personne ne se soucie de ces micro choses tristes.”
Lonesome Town arpente ainsi les rues juste avec son sac à dos rempli de stylos et de peinture. “Je ne vais pas chercher un canapé ou un ensemble de chaises. Je fais du vélo jusqu’à ce que je voie quelque chose qui me touche”, dit-il. “On ne peut nier que c’est un objet inanimé avec un visage triste. C’est un peu ridicule. J’ai cependant l’impression que l’humour est tout aussi important que la tristesse – un petit terrain de jeu étrange entre les deux.”
Peut-être que les gens se moquaient au départ de ces mini-tragédies, mais désormais les objets repeints commencent à disparaître. Quand un morceau de Lonesome Town apparaît, il ne reste pas plus de 20 minutes dans la rue. Des hashtags comme #sadclown et #sadcouch peuplent Internet, ainsi que des photos de ses installations. Quelqu’un a même lancé un compte Instagram pour suivre les clowns.
L’homme derrière Lonesome Town est en fait un artiste qui vend son travail à la commission et qui était auparavant employé par Warner Bros ; les clowns de meubles sont des œuvres d’art gratuites par quelqu’un qui normalement charge grassement. Mais il ne le fait pas ça pour l’argent ou la gloire – c’est un projet artistique qu’il fait juste pour la joie. “C’est libérateur!”
Même si le projet reste anonyme, celui derrière Lonesome Town essaie de l’utiliser pour de bon. Ses tristes clowns se retrouvent maintenant sur des affiches de chiens perdus et sur des pancartes de sans-abri pour que les passants soient plus enclins à les remarquer. Comme la télé oubliée, il veut que les gens prêtent attention à «la triste chose que les gens ne voient même pas quand ils passent». Impayé et anonyme, Lonesome Town est en train de répandre «une tristesse enchanteresse».