Justin Vernon encore une fois tout en haut dans le merveilleux. Bon Iver émerveille encore et plus encore avec ses prises de risques, ses expériences électroniques et ses nouvelles mélodies synthétiques dans 22, A Million. Un album qui laissera certainement de nombreux fans sur les rives d’Eau Claire, mais qui est certainement le plus grand album de ce très grand artiste folk. Merveilleusement ancré dans notre époque.
L’aventure musicale du mystérieux et barbu Justin Vernon commence avec DeYarmond Edison, un groupe de la région Eau Claire et qui se fait remarqué avec deux albums entre 2004 et 2005 dont le merveilleux Silent Signs. Dans une veine proche de Samuel Beam, alias Iron & Wine, le groupe découle un folk rock aux accents parfois country, parfois americana. Le parcours du groupe s’arrêtant là, Justin Vernon poursuit son chemin le long de ses rives musicales en solitaire.
Et c’est à la suite d’une déception amoureuse qu’il s’enferme trois mois durant à l’hiver dans la cabane de chasse de son père à Dunn City, au fin fond du Wisconsin, pour y enregistrer le poignant recueil de chansons intitulé For Emma, Forever Ago. Bon Iver est le nom qui ressort naturellement de cet exil. Sa nouvelle musique est en tout point thérapeutique. Publié en février 2008, ce premier album cumule tous les honneurs et s’impose comme la principale découverte de l’année. La froideur des sonorités, la mélancolie des arrangements, tout résonne dans une beauté absolu et marque le début d’une nouvelle et grande carrière pour Justin Vernon. Encensé par la critique, Bon Iver collectionne les honneurs et intéresse les plus grands producteurs du moment. Kanye West fait d’ailleurs appel à lui pour une apparition dans l’album My Beautiful Dark Twisted Fantasy. En 2011, de retour en studio, Bon Iver enregistre son deuxième album Bon Iver, Bon Iver aux chansons richement arrangée de cordes, contrastant fortement avec l’opus précédent. Le voilà de retour à nouveau avec 22, A Million, un troisième qui rompt encore les codes mais conserve cette mélancolie merveilleuse qui habille si bien nos hivers.
5 ans de silence et voilà que le retour Bon Iver prend une tournure plutôt inattendue. 22, A Million conserve le merveilleux mais paré aussi d’étrange et d’expérimental qui pourrait rebuter les premiers fans. Parce que oui, la musique de Bon Iver change de rive et choisi d’amarrer ses mélodies sur une côte électronique avec ses glitchs et ses vocodeurs par milliers. Sans regarder derrière et menaçant une partie de ce qui a fait connaître Justin Vernon et lui a donné une signature : l’authenticité. Justin Vernon semble sortir de sa stupeur et souhaite grandir avec son époque. L’expérience Kanye West en est forcément pour quelque chose.
De l’authenticité folk laissée sur l’autre rive, 22, A Million apporte alors un nouvel envol extraordinaire. Si évident mais peu commun pourtant dans cet univers folk parfois aseptisé, et qui surprend tout le monde, moi le premier. Les expérimentations acoustiques laissent place à celles bien plus électroniques tout en nappe synthétique et vocalise travaillée aux machines. Pourtant, et comme toujours, les histoires contées par Justin Vernon puissent leur force dans cette obscurité naturelle. De ces mouvements électroniques, on pourrait ressentir une énorme incertitude, pourtant Justin Vernon semble complètement certain de sa musique et de son chemin, pour une fois. Un troisième album, celui de la maturité ?
22, A Million est de toute évidence, l’album le plus abouti de Bon Iver. Et de loin. Celui d’un songwriter qui souhaite s’évader de l’establishment en proposant alors des sonorités nouvelles. Jamais le travail de production n’aura été aussi délicat. Certains se sentiront trahis, les autres aimeront encore plus fort ce prophète sentimental venu du froid. En tout cas, il faudra écouter 22, A Million encore et encore pour ressentir cette grande force chaleureuse qui émane de ce très grand album. Un immanquable de l’année. Reste à savoir comment tout cela sera joué sur scène. J’ai hâte en tout cas.
22, A Million de Bon Iver est sorti le 30 septembre 2016 chez Jagjaguwar, s’achète sur iTunes et s’écoute à la suite sur Spotify et Deezer.
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