Requin Chagrin, attention groupe à suivre de très près
N’ayez pas peur du requin. Bien au contraire. Voilà une bonne année que la squale nage entre deux eaux, entre une surf lo-fi ensoleillée et une pop réverbérée brumeuse où se mêlent guitare twang et chant mélancolique. Redoutable prédateur de la bonne humeur. De plus, Requin Chagrin sur la plage de La Route du Rock, c’est comme une évidence. Cette évidence que leur concert collait parfaitement au décor de plage de ce samedi aprem ensoleillé. Ça sentait bon l’été et l’insouciance. Allongé dans le sable, profitant du soleil lumineux, ce fut comme une grande révélation. À en juger autour de moi, je n’étais pas le seul. Jamais la plage de Bon Secours n’a autant apprécié ce moment détente si rafraîchissant ! 🌊
Écoutez l’album de Requin Chagrin
J’ai tellement apprécié ce Requin Chagrin que j’ai souhaité boire un verre avec eux. On s’est donné rendez-vous sur le Fort de Saint Père, au calme, pour mieux comprendre leur projet. Voici notre discussion au comptoir :
La Femme est si belle dans ses nouveaux habits
Avant que monte sur scène La Femme, il a fallu se taper plusieurs autre concerts en demi-teinte. LUH d’abord. Aucun rapport avec le Prince, bien au contraire. Parce qu’on prend plaisir à goûter du Prince, alors que LUH a enchaîné gamelle sur gamelle… Ce Lost Under Heaven s’est clairement perdu en chemin 😖 Tindersticks ensuite remonte le niveau, encore heureux, mais ce n’est toujours pas ça. Comme un trop plein de quelque chose, un trop plein difficile à contenir sur la grande scène du Fort de Saint Père. Il y a de l’élégance certes dans Tindersticks, surtout grâce au crooner Stuart Staples. 25 ans de carrières, ça forge un homme. Il sait y faire le bougre pour éclabousser et impressionner de sa classe de voix. Impliqué, il ne cesse de communier avec son public, d’essayer de nous toucher. Malheureusement pour eux, le public était surtout intéressé par autre chose : l’annonce de l’annulation de The Field 💩
Parlons plutôt de l’autre grand évènement de cette Route du Rock 2016 (avec Belle & Sebastian bien sûr). Les programmateurs ont longtemps hésité à inviter La Femme sur leurs scènes, et ils ont bien fait de craquer cette année pour elle. Quel putain de grand moment ! 🔥 Insolent et dansant comme on aime. Réverbération à fond sur la guitare, lignes de claviers obsédantes, rythmique frénétique et paroles accrocheuses. Ni vraiment surf, new-wave ou post-punk, La Femme c’est tout ça en même temps. Et que les fans se rassurent, la Femme reste la même avec son deuxième album. C’est juste encore plus dansant, plus prenant, plus excitant. La Femme n’a aucunement perdu de sa superbe, elle l’est même encore plus. Murie, prête à affronter la rentrée dans ses nouveaux habits qui devraient ne pas tarder à sortir. Elle sait encore donner du plaisir et plus encore. La Femme est surtout tellement marrante, capable de chanter une ode à la Mycose ou de lancer une chenille sur un autre nouveau titre SSD en arguant la foule en délire par un “Vous aimez la queue à ce que je vois”. Cette foule n’a jamais été aussi heureuse qu’avec cette coquine de Femme en tout cas. Pour le moment, La Femme signe le meilleur concert de cette Route du Rock. Et ce n’est pas les premiers slam qu’on aperçoit (enfin) sur Nous étions deux qui pourra contredire cette véritable et belle communion. “Vous aimez le rock ?” demande Marlon. Devine ? 😈
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Suuns lance véritablement les festivités
Alors que la fête battait son plein avec une autre et officielle chenille, Exploded View entre en scène. Difficile d’enchaîner avec ce post-punk aux accents krautrock hypnotique et new wave glaciale. Il faisait si chaud à fêter avec La Femme. Pas envie de faire redescendre la pression, du coup le ravitaillement au bar Kronenbourg s’impose 🍺 J’ai bien fait de reprendre des forces avant Suuns en réalité. La nuit des étoiles ne faisait que commencer. Le début d’une nuit où les limites seront poussées à leur maximum. Deux concerts étincelants comme apothéose de cette excellente soirée !
Toujours plus radical et expérimental, Sunns est venu défendre leur génial troisième album Hold/Still. Ils nous ont surtout retourné le cerveau avec leur rock toujours plus radical et expérimental. Et dire qu’ils se trouvent trop pop à leur goût… Sunns continue d’explorer les zones les plus distordues et sombres de l’indie-rock en piochant allègrement dans le krautrock et les musiques électroniques. Le résultat ? Des morceaux labyrinthiques, soniques, parfois étouffants mais toujours prêts à exploser. Et nous avec eux. Incroyable concert ! On n’a pas vu le temps passé. Soumis à cette bête monstrueuse qu’est Suuns. Suuns ne ressemblent définitivement à aucun autre groupe et c’est tant mieux. Tout simplement, le meilleur concert de la Route du Rock 2016. Et dire qu’il y avait La Femme juste avant. Cette nuit des étoiles est bien fascinante ! 🙌
☞ Vivez le concert de Suuns grâce à Arte Concert.
Par la suite, les New-Yorkais de The Field se sont acquittés de leur tâche avec majesté, devant un parterre pourtant clairsemé, le retour de la plage ayant visiblement et logiquement – le temps sur la cité malouine était au mieux de sa forme – pris un peu de retard côté festivalier. Ceci était une blague personnelle pour ceux qui suivent 😏
Battles qui peut les battre ?
Et pour finir cette soirée en beauté, rien de mieux que le math-rock libératoire de Battles. Avec toujours cette cymbale le plus proche possible des étoiles, comme un symbole, la légende vivante John Stanier relance les festivités. Dot Com, Ice Cream, FF Bada et c’est un génial bordel qui s’amuse, aussi bien dans le public que sur scène. Il est pas loin des 3 heures du mat’ et personne ne semble fatigué. Impossible de l’être devant Battles de toute façon. Cette batterie nous prend au corps et encore. La basse est bien trop groovy. Les guitare et clavier sont diaboliques. Le point d’exclamation idéal pour clôturer cette grande soirée de Route du Rock. Une soirée comme on aime et comme on en avait pas vécu depuis longtemps. Battles qui peut les battre ? 👊
