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We Love Green 2016 : des concerts fous, un public mou et trois tonnes de boue


JOUR 2 : WE LOVE GREEN SORT DE L’HIVER

 

C’est la tête encore un peu enfumée que nous arrivons sur le site, encore plus boueux que la veille. Pourtant, il faut glisser le plus vite possible jusqu’à la Clairière : nous avons rendez-vous avec Fatima Yamaha, un grand homme au nom de femme.

 

Fatima Yamaha, monstre de subtilité

 

Les puristes l’ont connu sous le nom de Bas Bron et faisaient déjà tourner le désormais culte “A Girl Between Two Worlds EP” sous leurs manteaux en 2004. De pseudonymes en pseudonymes, Bas a finalement obtenu ses lettres de noblesse en se faisant passer pour une productrice japonaise : Fatima Yamaha. Paradoxal, lorsque l’on sait quelle visibilité le milieu électro offre aux artistes de sexe féminin. Bon nombre de festivaliers ont donc eu la surprise de découvrir un homme sur le plateau, et les plus connaisseurs de vivre ou revivre un live absolument énorme.

 

Énorme, n’est peut-être pas le bon mot. On ne parle pas ici de techno qui fait trembler les murs ou de drops à la Mohawke. Non, on en est loin. Fatima Yamaha joue, comme toujours, ses meilleures cartes avec douceur. Rien de superflu dans son live, tout est là, de la house minimaliste et carrément jouissive. C’est peut-être comme ça qu’il sort du lot ? En transformant des titres calmes en tubes.

Malgré plusieurs improvisations risquées, rien ne déborde à part les larges sourires qui se dessinent sur quelques visages. Ses transitions sont clairement imperceptibles, et pourtant pas évidentes lorsque l’on connait la richesse musicale de l’animal. Entre deux morceaux, le soleil vient soudainement frapper la scène. Les festivaliers hurlent de joie à l’unisson, tout comme l’artiste qui lève les bras en l’air. Miracle, il a ramené le printemps ! La masse de plus en plus compacte finit par être chauffés à bloc quand démarre la réinterprétation démente de What’s a girl to do.

Peu après, Fatima Yamaha quittera la foule auréolé de gloire, sous le ciel bleu et les applaudissements. Pas besoin d’être médium pour lui prédire un avenir radieux.

James Blake part à la découverte de paysages désolés

La température plus clémente nous rend oisifs. Pas de Savages (on les verra à La Route du Rock de toute façon), nous préférons nous prélasser au soleil, comme les autres festivaliers qui envahissent progressivement la clairière. On finit par se remettre en marche, un peu groggy par la chaleur, jusqu’à la scène boueuse de la Prairie.

Une boucle de synthé accompagne nos pas en dansant dans l’air, rapidement rejointe par une voix tourmentée reconnaissable entre toutes : James Blake est là devant des centaines d’adeptes. Entourés de ses musiciens, il semble minuscule devant son synthé. La scène est dépouillée d’atours, c’est “Life round here” qui pose le décor, et dessine devant nos yeux les paysages intérieurs de l’anglais.

Les titres s’enchaînent et malgré la lenteur on ne décroche pas, portés par les envolées vocales de Blake et ces foutues boucles de synthés hypnotiques. Il n’y a déjà plus de temps, quand Timeless vient porter le coup de grâce. Cette solitude agrippe le cœur, et cette voix te fait imaginer de grandes landes désolées, quand bien même tu es entourée de trois cent ou mille personnes. Des frissons parcourent le public par vagues. Captifs dans un monde peint en noir, plus personne ne se préoccupe de ses chaussures engluées ou de poster quoique ce soit sur Facebook.Voyeur ou Retrograde suivront le même rythme, n’offrant que peu de répit à notre santé mentale.

En apnée pendant tout le live, le public soufflera un peu sur le dernier (et vieux) morceau The Wilhelm Scream. “C’est en hommage à mon père, qui l’a écrit” confie dans un sourire James Blake. Les chiens ne font pas des chats.

Air, un peu gonflant

Armé de notre délicieux casse-dalle (big up Animal Kitchen), on entend sans trop écouter l’Electronica de Lido. Pas notre tasse de thé, décidément. Fuyons vers de meilleurs horizons : le monument Air n’est pas loin et fête ses 20 ans, allons donc y faire un saut !

Pardon pour ce très mauvais jeu de mot, mais il faut avouer que le temps passe… Figés dans leur costume blanc, le duo et ses musiciens prennent la voix rapide. Pas de blabla, pas d’improvisations particulières, juste un petit merci au vocoder labellisé “Daft Punk” entre deux titres. Un album studio, beaucoup de fumée et des poupées gonflables auraient aussi bien fait l’affaire.

C’est beau, effectivement, c’est bien fait aussi. Mais, il manque ce petit truc, cette investissement personnel – à la manière d’un Blake – qui transforme la beauté en émotion. Sexy Boy, Playground Love, Kelly Watch the Stars, tous les grands classiques, ceux qu’on a écouté en boucle, ont exactement la même saveur qu’avant. On pourrait penser que c’est une bonne chose, et oui on les aime toujours autant. Mais on attendait peut-être un léger twist symbolique, un coup de dépoussiérant pour nous rappeler qu’eux aussi ont dépassé les années 2000.

La fatigue a eu raison de nous, et nous quittons les bois de Vincennes lorsque PJ Harvey prend le micro. Malgré tous ses problèmes d’organisations, le We Love Green reste un beau festival et ça n’est finalement pas la boue qui l’a entaché mais bien son public, morne et triste comme un cimetière.

Retrouvez le We Love Green en photo grâce à l’oeil de Mathieu Foucher.

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