C’est un nouvel album pas comme les autres. Après l’excellence Saturdays = Youth et le légendaire Hurry Up, We’re Dreaming, M83 continue ses expérimentations musicales avec son nouvel album Junk. Tout a changé, ou presque rien, de toute façon rien n’est à jeter dans toutes ces nouveautés. Un album où Anthony Gonzalez repart de zéro et qui surprendra certainement plus d’un. Mais ce retour aux sources et à ses premiers amours est une des grandes réussites de l’année. Un bond audacieux ultra-pop et toutefois logique dans l’évolution de la musique de M83. Coup de coeur.
L’histoire M83 démarre en 1999 dans un lycée d’Antibes. Le groupe étant originellement un duo composé d’Anthony Gonzalez et de Nicolas Fromageau. Dont le nom est en référence à la galaxie M83. Au printemps 2001, M83 enregistre son premier album éponyme M83. Mais c’est avec leur deuxième album intitulé Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts, sorti au printemps 2003, que le duo rencontre un certain succès critique à l’international. À l’issue de leur tournée mondiale qui accompagne la sortie de cet album, Nicolas Fromageau quitte le groupe et il fondera plus tard Team Ghost. Anthony Gonzalez retourne alors en studio et en solo pour enregistrer le troisième album intitulé Before the Dawn Heals Us, sorti en janvier 2005. Le cinquième album, Saturdays = Youth, sort en avril 2008. Il présente alors des sonorités plus ambiant qui marquera le style de M83 jusqu’à aujourd’hui. La tonalité de l’album est clairement influencée par les années 1980 et la patte d’Anthony Gonzalez se fait de plus en plus ressentir. Le succès est au rendez-vous, et M83 s’associent alors aux gros groupes de rock du moment pour réaliser une énorme tournée mondiale. En octobre 2011, M83 sort Hurry Up, We’re Dreaming porté par l’énorme single Midnight City ; 180 millions d’écoutes sur Spotify et 80 millions sur Youtube. Un des titres et un des albums de l’année pour de nombreux média, surtout des sonorités nouvelles consacre Anthony Gonzalez et M83 au firmament de la hype mondiale. Voilà pour la petite histoire de M83 et d’Anthony Gonzalez, de retour aujourd’hui avec Junk. Un nouvel album aux antipodes de ce que M83 nous avait habitué alors. Surprenant et pour le meilleur.
“Repartir à zéro et faire un album que j’aime”
Anthony Gonzalez n’est pas du genre à se laisser impressionner par le succès, ou encore moins à surfer dessus. Avec Junk, il prend tout son petit monde à contre-pied et offre certainement l’album pop de l’année. Star incontesté aux Etats-Unis et dans le monde grâce à Hurry Up, We’re Dreaming, reconnu même parfois comme l’égal de Daft Punk ou Justice, il a su imposer son univers très personnel jusque sur les bandes originales de film comme Divergente ou Oblivion. L’Antibois d’origine a su garder la tête sur les épaules, et sans grosse tête, a décidé alors de revenir à ses premiers amours : la folie et l’ultra élégance de la pop des années 80. “Repartir à zéro et faire un album que j’aime” comme a-t-il confié aux inRocks. Cinq longues années plus tard, revoilà Anthony Gonzalez dans une nouvelle mouvance artistique : “Je voulais montrer plusieurs facettes de moi-même dans cet album. Je souhaitais revenir sur la scène musicale de manière plus intime, mais d’une certaine façon moins personnelle !”.
Avec Junk, Anthony Gonzalez confirme son lien de parenté avec les mystérieux bidouilleurs que sont Boards of Canada, Tangerine Dream et Aphex Twin ; avec des magiciens conservateurs tels que Brian Eno et avec des visionnaires comme Brian Wilson, Kevin Shields et Todd Rundgren, tous enclins au mélange des genres. Junk est avant tout un retour aux sources, mais également un bond audacieux et toutefois logique dans l’évolution de la musique de M83. Ses albums ont toujours combiné les genres de manière nostalgique et provocatrice de toute façon, du shoegaze et de l’ambient à la synthpop et l’alt-rock des années 90. Pour Junk, Anthony Gonzalez s’est lancé dans l’exploration de sons et de styles qu’il n’avait jamais intégrés auparavant dans sa musique. “Tous mes albums sont teintés d’éclectisme mais dans celui-ci je voulais aller encore plus loin.” Ecoutez le premier extrait de l’album, Do It, Try It qui présente un mélange inédit et bluffant de house old school, pianos, chants synthétisés, prog et pop sucrée. Comme si Michel Berger était encore parmi nous. Certes ce premier single peut paraître déconcertant à la première écoute (moi le premier), mais il conserve toute fois une force pop inégalée encore cette année. La preuve, le titre a déjà réalisé 1,5 millions d’écoutes sur YouTube en un mois à peine.
Gorgé de références adolescentes et pourtant totalement personnel, avec ses solos spacieux du guitar-hero Steve Vai ou encore ces somptueux arrangements de cordes, Anthony Gonzales a composé un album pourtant d’une simplicité touchante. À la fois flamboyant et intime, M83 surprend une nouvelle fois et pour le meilleur avec Junk. Il n’est jamais là où on l’attend, toujours en partance pour un nouveau voyage. À l’instar du Random Access Memories des Daft Punk, on sent bien que Anthony Gonzales s’est avant tout fait plaisir.
La tête sur les épaules et le talent certain, Anthony Gonzalez se rapproche encore un peu plus proche des étoiles de cette galaxie M83 qui lui est si chère. Une spirale ultra-pop et barré, belle à hypnotiser les plus récalcitrants. M83 est assurément l’un des fleurons de ce ciel pop, riches en découvertes et en supernovæ.
Junk de M83 est sorti le 8 avril 2016 chez M83 Recordings et Naïve. Vous pouvez l’acheter sur iTunes et l’écouter sur Spotify et Deezer à la suite.
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