La force de POW!
Après la régalade Thee Oh Sees, il était certain qu’il fallait commencer cette deuxième journée de Villette Sonique par les petits protégés de John Dwyer. Après quelques premiers concerts, POW! a été rapidement signé sur son label Castle Face Records. Le jeune quatuor à la désinvolture innée joue un mélange terriblement efficace de punk synthétique et de garage rock aux guitares fuzz. Il fallait arriver tôt sur le Parc de la Villette mais ça valait le coup de prendre ses coups de soleil.
Des Cheveu qui décoiffent encore et toujours
Moment détente et pause longue avant le festival Cheveu. Ambassadeur du shitgazing à la française depuis la sortie de son premier album en 2008, le trio Cheveu revient en force avec un nouveau projet tenu encore secret, plus maître que jamais de son propre style foutraque. Parti d’un garage rock crasseux et intrigant, Cheveu est devenu, au fil de leur albums et prestations, un ténor de la scène française qui impressionne le monde entier. Entre chanson weird, synth rock lo-fi et pop coups de boule, Cheveu ne ressemble à rien ni personne et fait de la scène un territoire de dangers et de fêtes. Ca saute, ça gesticule, ça hurle. Ca fait tellement plaisir à voir et à vivre. Le gros parterre de fan impressionne et le public familiale au loin découvre avec intérêt l’énergie ambitieuse de ce grand groupe français. Il est à peine 18h et la journée est déjà bien entamée. Et le soleil n’est pas prêt de s’arrêter de chauffer.
Syracuse
Le gros rock mis de côté, je m’en vais attaquer la scène électro avec Syracuse. Sur la jolie et intimiste scène du Jardin des Îles, le duo parisien distille une house hallucinogène aux antipodes des précédents concerts. Une musique synthétique empreinte d’embruns psychédéliques et de sonorités cosmiques. Avec la Géode en fond, le moment est un sympathique voyage cinématique. Douceur d’un cinéma 70’s à l’italienne.
Battles, les patrons matraquent la fête
Il y a, dans la musique des années 2000, un après et un avant Battles. Impossible à catégoriser, ni math rock, ni techno organique, le trio impressionne surtout par leur aisance technique. La complexité de leur musique est à la hauteur de leur folie créatrice. Pas besoin de chanteur, la force de Battles sur scène se suffie à elle-même. La cymbale haute perchée, c’est avec plaisir que ça monte doucement mais sûrement au plus prêt des étoiles titre après titre. Battles sur scène c’est performance et fête musicale complexe, et sans complexe. Plein de nouveaux titres, quelques anciens tubes, et le plein de bonheur devant ce grand groupe devenant au fur et à mesure une légende vivante. Folie Ice Cream ! Vivement le nouvel album pour revivre ça.
La montée au ciel de Clark
Foule immense pour la tête d’affiche Clark. Le tout Paris de l’électro a du se donner rendez-vous pour découvrir le set du nouveau petit génie de la techno anglaise. Si Clark a longtemps vécu dans l’ombre de son maître Aphex Twin, ses derniers sons l’ont vu exploser et s’émanciper de cette influence. L’univers est bien plus travaillé, les beats bien plus puissants et structurés, la dramaturgie est omniprésente. Après Battles, c’est tout un nouveau monde qui se dessine sous le toit de la Grande Halle de la Villette. Des lumières aveuglantes dans l’immense obscurité de l’espace. Deux danseuses frénétiques et mystérieuses. Tapis derrière, Clark joue de ses claviers, boîtes à rythmes, tables de mixage. Il tisse au fur et à mesure son nouvel univers, d’un chaos anxiogène à une planète pleine de vie perchée très haut dans la galaxie. Les beats scintillent. Les effets analogiques filent. Clark invite à un nouveau Paradis où il fait très chaud, où l’électro ruisselle et où la danse hypnotise. Une fin de journée en transe.