C’est du rock cradingue, des émotions sous vide et un premier album qui vaut le détour.
Être volontairement à côté de ses pompes voilà un art que les cinq anglais d’Ulrika Spacek maîtrisent jusqu’au bout des doigts. Du choix de leur nom – un pseudonyme drôle pour les soirées – à la création de leur groupe – les deux fondateurs ont réalisé au bout de 10 ans d’amitié qu’ils savaient tous les deux faire de la musique – l’intégralité de leur entreprise ressemble à une blague bien ficelée… sauf qu’avec un album d’une qualité pareille, on ne peut que les prendre au sérieux.
Pour une première tentative à l’arrache, il faut bien avouer que “The Album Paranoia” est plutôt abouti. Assez justement dosé, l’album se construit et s’étoffe sur la longueur, sans trop en faire sur les grosses guitares grasses ni sur la voix au bout du rouleau. Il navigue entre ce qu’il faut de détachement (Porcelain), de dépression (Airportism, très proche du Radiohead des débuts) et de tentatives d’énervement approximatives (Strawberry Glue, Beta Male). Parfois même, le sublime There’s A Little Passing Cloud In You ira jusqu’à combiner ces trois facettes en même temps.
“The Album Paranoia”, bien qu’effectivement riche en influences, en effets de style et autres expérimentations bien répartis, reste toutefois relativement avare sur ce qui remue ses entrailles. De fait, émotions négatives comme positives semblent bridées. A l’image des sonorités étouffées qui façonnent l’album, elles sont audibles mais contenues et l’atmosphère peut vite devenir oppressante.
Heureusement, la désinvolture d’Ulrika Spacek prend parfois le pas sur la retenue, et permet à quelques titres plus libres d’offrir à l’auditeur une respiration bienvenue. C’est le cas de She’s a Cult petit titre énervé et énorme tube en devenir, de l’instrumentale fantomatique Circa 1954 et son improbable synthé vieillot très inspiré du psyché, ou encore Ultra Vivid, une ballade pop aux sonorités tristounettes, ode aux amours contrariés.
The Album Paranoia d’Ulrika Spacek est sortie le 5 février chez Tough Love et il s’écoute à la suite sur Soundcloud.
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