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Communiquer et se parler en sifflant : découvrez le ‘silbo gomero’

Pratiqué avec un ou deux doigts dans la bouche, plus rarement sans, le silbo se siffle et est un véritable langage puisqu’il permet de prononcer des mots, des phrases et de dialoguer. Cette langue est parlée principalement par les Gomeros, les habitants de l’île de La Gomera aux Canaries et connait un seconde souffle depuis quelques années.

Le Silbo ou le «sifflement» en espagnol est une langue très spéciale pratiqué principalement sur l’île de La Gomera, l’une des sept îles principales des Canaries. Spéciale car on ne parle pas le silbo, on le siffle. Il s’agit d’une langue dans laquelle les différents éléments significatifs sont obtenus avec des sifflements de différentes tonalités et de différentes longueurs. Malgré un vocabulaire restreint, des conversations entières peuvent être sifflées. Mais le silbo est surtout utilisé pour échanger des messages brefs et à distance comme des SMS. Comme des “le repas est prêt” ou “rendez-vous dans 5 minutes au comptoir.” C’est d’ailleurs la forme de communication au niveau sonore le plus élevé sans amplification ; la portée de ces sifflements peut atteindre 8 à 10 km. C’est pourquoi, les Gomeros communiquent encore aujourd’hui en silbo à travers les larges vallées de l’île.

Pratiqué avec un ou deux doigts dans la bouche, plus rarement sans, le silbo est un vrai langage puisqu’il permet de prononcer des mots, des phrases et de dialoguer. Pour parler silbo, il faudra être très souple de la langue. En effet, c’est le seul organe qui bouge pour pouvoir le pratiquer. Plus précisément les deux tiers de la langue. Les lèvres et le bout de la langue sont immobiles, tandis que le fond de la langue module la hauteur du son. C’est en bougeant sa langue qu’on pourra alors varier le son et ainsi de se faire comprendre. Pour pratiquer le silbo, il suffit de coller le bout de la langue contre les dents, de siffler et, en même temps, d’articuler les mots comme si l’on parlait normalement. Puisque la bouche est le résonateur, tout changement de volume de la cavité buccale, provoqué par l’emplacement de la base de la langue, modifie la hauteur du son sifflé. Et ce n’est que la hauteur du son qui est pertinent pour le silbo. Car la durée a peu de signification en espagnol ; l’intensité est constante, on siffle toujours le plus fort possible pour être entendu de loin ; le seul élément pertinent pour le silbo est alors la variation de la hauteur. Il va falloir un peu de pratique quand même…

Le silbo a été inscrit en 2009 par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité sous le titre « Le langage sifflé de l’île de la Gomera (îles Canaries), le Silbo Gomero ». Il est enseigné dans les écoles depuis 1999 grâce à l’initiative du gouvernement des îles Canaries, comme véritable patrimoine à transmettre et à ne pas oublier. Car dans les années 60, deux événements bouleversent la vie paisible des Gomeros : l’arrivée de la télévision et l’ouverture au tourisme. À partir de là, les aspirations des habitants n’étaient plus trop à ce que leurs enfants reprennent l’exploitation agricole, mais qu’ils progressent socialement, soit en vivant du tourisme, soit en quittant l’île pour étudier. Le silbo était perçu comme une survivance du passé, l’antithèse du progrès.

Le silbo de Goméra n’est pas l’unique langage sifflé du monde, mais c’est le plus explicite. Il existe d’autres langages sifflés dans les Pyrénées, au Mexique, en Thaïlande ou en Turquie, par exemple. Il existe au monde environ 60 langages sifflés différents.

Découvrez le mini-doc de Une histoire sur Terre sur le silbo gomero

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