Grande sensation de mon année 2013 grâce à leur premier album Dehumanize, dans le top du classement de l’année, pas loin des Parquet Courts et Fidlar. Dude York est enfin de retour après avoir pris son temps. Et le trio indie rock/pop punk n’a rien perdu de sa superbe. Bien au contraire. Comme l’impression qu’ils vont encore tout gagner cette année.
Sincerely s’ouvre tout en explosion. Black Jack laissant les cordes de la guitare de Peter Richards résonner tout en puissance, avant d’expliquer la réalité de cette nouvelle situation. “I heard life can find a way / A hopeless case opened every day / The world’s greatest doctor in so much pain / Up for days and bent from strain, yeah” D’entrée de jeu, Peter Richards parle sans remords et regrets de ses problèmes de santé mentale. “I relied on myself / Neglected my own health / Too afraid to ask for help / tried to do it all by myself” Et voilà qu’avec lui, la basse de Claire England et la batterie d’Andrew Hall jouent avec lui pour ne plus jamais le laisser de côté. Ce titre d’ouverture tout en force résume plutôt bien l’histoire du groupe et de la relation du trio. Une incroyable confession intime se terminant sur une sincère leçon de vie ; Peter scandant “Still believe in myself; my friends, my only wealth / As far as I can tell, nobody does it all by themselves / Listen to me” Dude York chante ainsi l’hymne de sa nouvelle bromance, de sa nouvelle histoire, à la fois sombre et brillante. Une amitié sans faille qui promet de grands moments à venir.
Sous couvert d’un rock bien plus puissant, Dude York dissimule les thèmes de l’anxiété et l’érosion de la santé mentale à travers Sincerely. Parfois à la limite de la power pop avec ses distorsions massives et ses tambours frappés. Parce que quand rien de fonctionne, le plus simple reste encore de faire le plus de bruit possible et de frapper fort. Avec l’aide de Cody Votolato du groupe Blood Brothers et de John Goodmanson, Dude York trouve une nouvelle sonorité, bien plus pertinente et intéressante pour conter ces périodes troubles. Dude York met en oeuvre une musique enragé et explosive, à la couleur de leur réalité. Bien loin des standards rock festifs dont ils nous avaient habitués au débart. Tant mieux, Dude York prend de l’âge et confronte alors cette vie pop pas si évidente qu’il n’y parait. Une nouvelle vie où chacun peut prendre la parole et laisser exploser son besoin de crier ; Peter laissant volontiers le micro de temps en temps à Claire, la nouvelle venue dans la bande. Alors que Weezer se dirige de plus en plus vers les standards des bandes FM, Dude York massacre la pop à grand coup de punk macéré dans le bon jus de Seattle. Il y a une certaine nostalgie au rock des 90 dans ce Sincerely. Un retour aux sources d’un indie rock américain qui avait perdu de sa superbe à force de marketing.
Sans vraiment l’admettre, Peter Richards et son Dude York font partie de cette même école de pensée douce amère qui a donné aux Etats-Unis ses monuments rock cachés (le Big Star d’Alex Chilton notamment) mais aussi ses séries télé adolescentes les plus bizarres (Freaks & Geeks en étendard d’une époque révolue.). Difficile de ne pas ressentir la puissance des 90’s dans ce Sincerely… Difficile de ne pas voir désormais Dude York comme porte drapeau de cette nouvelle scène de la côte ouest nostalgique. Aux côtés des Best Coast ou Wavves. Dude York connait ses classiques, jusque dans le nom de scène d’ailleurs ; Gangs of Dude York, le premier album sorti en 2011 étant un hommage potache à Martin Scorsese. Puis vient l’incroyable Dehumanize en 2013. Le duo s’est vu grandir en trio, et voit désormais ses adeptes de plus en plus nombreux. Loin de la blague et du besoin d’évasion des débuts, Dude York ont décidé de grandir. Et “Sincèrement”, il semblerait que ce troisième album soit encore une fois une immense réussite !
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