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The Nice Guys, le meilleur buddy movie depuis Iron Man 3

C’est un grand oui. The Nice Guys est une belle réussite de buddy movie comme Shane Black sait si bien les faire. Boris Biron vous raconte pourquoi.

Shane Black est l’un des meilleurs scénaristes de ces trente dernières années. Il aura laissé son empreinte sur les quatre dernières décennies, collaborant avec des géants comme John McTiernan (Predator, Last Action Hero), Tony Scott (Le dernier Samaritain) ou Richard Donner (L’Arme Fatale 1 & 2). Il se permit même de jouer dans certains de ces chefs d’œuvre, étant l’inoubliable Rick Hawkins de Predator. Depuis 11 ans et la sortie de Kiss Kiss Bang Bang, qui avait ressuscité l’acteur le mieux payé d’Hollywood actuellement en la personne de Robert Downey Junior, le petit génie s’essaye au poste de réalisateur, se payant le luxe de faire le film Marvel le plus réussi de ces dernières années (désolé Guardians et Cap 1&2) avec ce même Robert, grâce à Iron Man 3.

Ainsi, la perspective de le voir écrire et réaliser une comédie d’action dans le Los Angeles des seventies, avec en tête d’affiche Russel Crowe et Ryan Gosling nous apparaissait comme une oasis entre des blockbusters jamais à la hauteur en 2016. Les attentes étaient très hautes et elles ne sont pas déçues : on a affaire au meilleur buddy movie depuis… Iron Man 3. Shane Black se succède à lui-même dans un genre qu’il a quasiment inventé.

On est pas bien au comptoir ?
On est pas bien au comptoir ?

C’est l’histoire d’un détective privé, Holland March (Ryan Gosling), alcoolique et père paumé d’une petite fille plus débrouillarde que lui, Holly (Angourie Rice), engagé par une vieille dame pour retrouver une actrice pornographique pourtant récemment décédée, Misty Mountains. L’enquête le mène rapidement sur les traces d’Amelia (Margaret Qualley, inoubliable Jill Garvey dans The Leftovers). Cette dernière, inquiète, engage Jackson Healy (Russel Crowe), homme à tout faire bourru et brutal, pour arrêter l’investigation de manière sèche. Bien évidemment, cette affaire en cache une plus grande et les deux antagonistes vont finalement faire équipe pour déjouer un complot, faire la lumière dans le fog de LA de 1977.

Le film déjoue nos attentes, non pas par des twists improbables, mais par des finesses que nous n’avons plus l’habitude de voir. L’autoréférence, oui, mais pour faire avancer le récit. Si on n’échappe pas à la comparaison avec l’Arme Fatale, Gosling a finalement plus à voir avec Pierre Richard, dans son rôle de grand maladroit indestructible, qu’avec le Mel Gibson beau gosse ténébreux de l’Arme Fatale. Dans le même ordre d’idée, quel régal de voir un Russel Crowe bougon et bedonnant au cœur d’artichaut, être sur le fil tout le film au cours de sa quête personnelle tel un Depardieu de la grande époque. Celui qui semble avoir le dessus au départ cache finalement plus de choses que l’autre, à commencer par son aspiration. Pour finalement les voir tous les deux se défier, se chamailler, se chambrer, se respecter pour finir en bromance. C’est la quintessence du buddy movie qui, s’il passe pour un genre éculé, est justement compliqué à transcender de par son classicisme et de la qualité de l’héritage qu’il porte. C’est ce que réussit à faire Shane Black, dépositaire visionnaire, nous obligeant à poser un genou à terre devant le patron du genre. Il s’impose à nouveau, non pas dans la répétition ou dans l’hommage, mais dans sa recherche de nouvelles inspirations pour aboutir à une réinvention. Il démontre qu’être nostalgique n’empêche pas d’aller de l’avant, même dans un film se passant en 1977. On pourrait remettre le titre en jeu mille fois, il le remporterait sans soucis.

Son cinéma transpire l’amour par tous les pores, et les acteurs, en grande forme dans des rôles inattendus –sans doute un bol d’air pour eux – s’en donnent à cœur joie. On sent une vraie osmose entre Gosling et Crowe, mais aussi avec la jeune Angourie Rice, acteur enfant qui réussit le double exploit de ne pas être agaçante ou effacée derrière ces deux géants. Les personnages semblent désabusés, ils sont pourtant loin d’être aussi cyniques que le monde qui les entoure et qui tente de les utiliser comme des pions. Un monde de dupes où la moralité n’est jamais du côté du monde des endimanchés qui nous dictent notre conduite mais de ces grandes gueules qui cachent des écorchés vifs. Nous deux – enfin nous trois – contre le monde, une structure récurrente du buddy movie. Black semble aussi se dresser face à une période aussi cynique que morne.

Et si l’avenir du film hollywoodien semble gris pour les prochaines années, les prochains projets de Shane Black ne peuvent que nous réjouir, entre son grand retour à la saga Predator –qui ne compte qu’un seul bon film, celui auquel il a participé – et son adaptation en rumeur de Doc Savage, figure pulp par excellence. Pour l’heure, nous pouvons déjà savourer ce qui est sans doute le meilleur long-métrage d’une filmographie de qualité. Comme le McGuffin de son intrigue, un film fait avec amour et passion, The Nice Guys apparaît comme l’échappatoire d’une industrie trop formatée. Le seul risque serait qu’il apparaisse comme un petit film sympa à regarder entre amis alors qu’il a l’envergure d’un classique.

The Nice Guys avec Russell Crowe et Ryan Gosling est actuellement en salle.

Servi par Boris Biron.

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