@
Suivez-nous sur nos réseaux sociaux et réveillez votre curiosité ᕕ( ᐛ )ᕗ

Retour sur le Pitchfork Music Festival 2015

JOUR 1 : UNE PREMIÈRE SOIRÉE ÉTOILÉE MAIS MARQUÉE PAR QUELQUES MAUVAISES ONDES

Au menu de ce premier soir à la Grande Halle de la Villette : Hælos, Kirin J. Callinan, Destroyer, Ariel Pink, Godspeed You! Black Emperor, Deerhunter et Beach House. Un joli programme promettant grosses guitares rock, jolies bizarreries psychés et douceur dream pop. Dommage que le son de la scène secondaire n’ait pas été à la hauteur de l’évènement. Du coup, cette première soirée a été joliment étoilée par les concerts de Hælos, Beach House et Destroyer mais marquée par quelques mauvaises ondes.

Hælos ou la première belle étoile de la soirée

Difficile tâche que de donner le coup d’envoi d’un festival, surtout un jeudi, un jour en pleine semaine. Heureusement que le Pitchfork Music Festival touche des contrées au delà de nos frontières et attire surtout des amoureux de la belle musique indé. Heureusement aussi que Hælos était ce premier groupe choisi par l’agence Super! pour ouvrir le grand bal. On pensait que le trip-hop n’avait plus grand chose à offrir, l’absence de relève après l’ère Massive Attack / Portishead. A force de jolis sons distillé sur leur Soundcloud, un premier EP sorti cette année, les jeunes Hælos ont su relever le défi comme des grands. Le trio trip-hop, devenu sextet en live, s’est montré étonnamment appliqué et formidablement euphorisant. Il faut dire que les deux batteurs et surtout les deux voix du groupe ont su retranscrire parfaitement cette force hypnotique de leur production complexe. Comme une impression que The XX a enfin trouvé de la voix et du rythme. Un début de Pitchfork sous les plus belles auspices. La première belle étoile de cette soirée.

Une prestation sincère de Kirin J. Callinan gâchée par la qualité du son

Au tour de Kirin J. Callinan de prendre le relai sur l’autre scène de la Grande Halle. Après un son aussi rêveur difficile de se mettre dans l’ambiance aussi psychédélique et déjanté de ce libre penseur fantasque. La faute surtout aux régisseurs incapables de créer un son audible et un son à la mesure d’un festival comme celui du Pitchfork. Vraiment bizarre comme sensation. A se demander si cela est fait exprès, et du coup à se demander pourquoi ? Le son de la scène secondaire du Pitchfork n’était clairement pas au rendez-vous. Pourtant Kirin J. Callinan a donné de sa personne, jouant de sa guitare-clavier si particulière, du coup si intéressante à découvrir. Un univers kitsch, une voix bowiesque, un électro-rock psyché à la Tame Impala. Un concert dont on aurait bien voulu profiter à sa juste valeur. Même la venue de Kevin Parker sur scène n’a pas suffit à motiver plus que ça… Notons l’intro d’un morceau au smartphone, la coupe mulet et l’indémodable “I love you mum” en dernier mot. Un monsieur à revoir.

Destroyer entre promiscuité et flamboyance pour la deuxième étoile de la soirée

PITCHFORK-DESTROYER

Destroyer arrive sur l’autre scène, celle qui sonne et résonne. Encore faut-il attendre quelques grosses minutes que le groupe peine à monter et s’installer, avec la gueule des mauvais jours. Des soucis durant les balances, de ce que j’apprends sur le moment. Cette première journée partait si bien pourtant grâce à Hælos… Et mesures après mesures, c’est l’enchantement. Destroyer débute son set sur la douce mélodie de Bangkok. Piano, guitare, cuivres, violon, puis Dan Bejar enchante tout le monde dès les premiers mots. Caché dans son imperméable, tenant son stand de micro comme une canne, il se donne des airs mystérieux, tout en retenue, tel un crooner des années passées. La Grande Halle prend des allures de club intimiste. Ce genre de club où juste la musique résonne et a de la consistance. Le reste n’a plus trop d’importante. Oubliés les petits errements du tout début. Puis petit à petit, la musique et l’ambiance de Destroyer prend de la force, de l’ampleur, de l’éloquence. Le club de jazz à la promiscuité amoureuse transpire désormais de la flamboyance, une ferveur moite et dansante. La lumière devient plus éclatante et le groupe laisse entrevoir tout leur potentiel scénique. Toujours aussi classe dans l’esthétique, mais nettement plus sauvage dans le jeu. Un concert à l’image du dernier Poison Season, un album multiple et élastique. Deuxième belle étoile de la soirée.

Le live de Destroyer à revoir en fin d’article.

“WTF” Quelqu’un aurait des nouvelles d’Ariel Pink ?

Je me demande encore si c’était bien Ariel Pink qu’on a pu voir. Certes le garçon ne finira jamais de nous étonner, de livrer des performances foutraques et sans limites, à l’image de sa musique qui peut parfois se révéler merveilleuse, seulement le Ariel Pink a été carrément à côté de ses pompes. Un concert à l’eau de rose, bien trop soft pour exciter et exister après la flamboyance de Destroyer. Un son inaudible au possible, un micro qui ne fonctionnait pas durant le premier morceau, des dissonances flagrantes, un brouhaha sonore bien au delà du désagréable. A tel point que le groupe semble se lasser eux-même de leur concert. Des “wtf” peuvent se lire sur les lèvres de leur public. Un public qui délaisse la scène au fur et à mesure, laissant certainement plus de monde dans la tête d’Ariel Pink que devant lui sur la toute fin, j’exagère à peine. Une anti-performance. A se demander si tout ça n’était pas volontaire. A quoi bon de toute façon.

Les empereurs Godspeed You! Black Emperor ou la conquête du Pitchfork à bord de leur étoile noire

Après la fatigue du concert passée, difficile de se mettre dans l’ambiance post rock de Godspeed You! Black Emperor. Après une intro tout en simplicité entre contrebasse et violon, l’ensemble des Montréalais montent sur scène et forment alors leur fameux cercle d’invocation musicale. Direction les terres d’un rock instrumental aux accents telluriques, épiques et tourmentés. L’ensemble de leur dernier album est alors proposé, (avec ptet une nouveauté sur la fin, je ne connais pas assez l’oeuvre du groupe pour valider). La machine Godspeed You! Black Emperor dévorant tout sur son passage. Y a pas à dire, ce groupe a bien fait de réactiver sa machine il y a quelques années, notamment par la scène, sur laquelle le groupe excelle, musicalement comme visuellement. Sans trop prêter attention à leur public plutôt compact devant eux, Godspeed You! Black Emperor trace sa route comme une machine gigantesque, dramatique et sombre. Il nous reste alors à dévorer des oreilles leur musique et des yeux les vieilles images en 16mm diffusées sur deux écrans derrière eux. Hypnotisé par cette machine gargantuesque. Une étoile noire prête aux combats les plus épiques.

Le live de Godspeed You! Black Emperor à revoir en fin d’article.

Les patrons Deerhunter ou la belle histoire d’amour sous les étoiles

PITCHFORK-DEERHUNTER

Presque le clou du spectacle. En tout cas, un des groupes les plus attendus ce soir là (pour moi en tout cas). Avec Bradford Cox en tête, Deerhunter tient un leader et un style remarquable, vénéré par l’ensemble des lecteurs du Pitchfork. L’aura qu’entretient Deerhunter depuis ses débuts ne doit rien au hasard. Le groupe d’Atlanta doit beaucoup au talent d’écriture de son Bradford Cox, musicien illuminé et pétri de talent. Capable d’être le plus odieux comme le plus génial des artistes de la scène indie actuellement. Entre garage pour oiseaux de nuit, shoegaze pour rêveurs et rock psychédélique pour les plus dérangés, la musique de Deerhunter se vit en live comme du petit-lait. Se gonflant de décibels, de puissance et d’hypnotisme au fur et à mesure des mesures. Les problèmes de sons semblent avoir été réglés… On savoure ces guitares aussi bien saturées que cristallines, ces basses et batteries aussi bien sauvages que sensuelles. Deerhunter offre le combo gagnant entre rock délicieusement sombre et pop formidablement dansante. Grâce surtout à un Bradford Cox des grands soirs, capable de balancer des petites vannes au public qu’il voit comme une secte en plein bal de promo. Il faut dire qu’il apprécie particulièrement le Pitchfork et donc son public du soir (pour une fois), jusqu’à même faire une déclaration d’amour à Ryan Schreiber, son fondateur, pas loin derrière. Patron.

Le live de Deerhunter à revoir en fin d’article.

Les rêves de Beach House pour compter les dernières étoiles de la soirée

PITCHFORK-BEACH-HOUSE

Comme une évidence, Beach House s’empare de la Grand Halle en véritable tête d’affiche de la soirée. Avec deux albums Depression Cherry puis Thank Your Lucky Stars sorti il y a quelques semaines, le groupe était forcément très attendu lui aussi. Après le rock de Deerhunter, la dream pop de Beach House s’envole et met tout le monde d’accord dès les premiers notes de Levitation. Dans la pénombre, à la simple lueur des “étoiles” installées en fond de scène, les couples se resserrent, d’autres se formant certainement. Le bal de promo cités par Bradfox Cox semble prendre forme avec ses premiers slows. La douceur de la voix de Victoria Legrand fait son petit effet. Les remerciements et les échanges en Français rassurent quand la présence de quelques artistes français dans cette grande messe de l’indie. Ce qui est bien trop rare à mon goût pour un si grand festival parisien. “Est-ce que l’amour existe encore ?” demande Victoria à la foule. Il faut croire que oui. Cette première soirée se finit donc sur un petit nuage, au delà des étoiles, avec un Beach House comme raconteur de belles histoires. Jolis rêves.

Total
0
Share