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Un Rock en Seine entre excellence psyché, rock furieux et pop follement électrique

Radieux Balthazar

Ciel radieux pour cette deuxième journée de Rock en Seine. Une bien belle journée qui démarre avec Balthazar, me concernant. Difficile de passer à côté de ces nouveaux Roi de Belgique. Le plat pays du rock mérite encore plus son surnom depuis l’apparition de ces Courtraisiens sur sa fertile scène. Il y a seulement cinq ans, leur premier album Applause prédisait déjà leur succès. Suivait Rats en 2012, encore plus beau, encore plus classe. Balthazar sévissait dans la pénombre avec leur pop rock crépusculaires, comme si Arcade Fire avait fait dans l’épure. Le récent troisième album Thin Walls consacre désormais Balthazar comme le groupe le plus passionnant du vieux continent et du moment. Un violon sonne les premières mesures et les Balthazar entrent sur scène et nous dans leur univers. Un univers à la fois sobre et puissant. Tout en retenu mais avec tellement d’envie. Une classe folle. On se laisse prendre par une setlist aux petits oignons. Des morceaux qui chacun à leur tour font monter l’ambiance. Petit à petit. Pour au final ne pas vouloir leur dire au revoir. Les revoir encore. Des voix, un jeu de scène, une ambiance belle comme le soleil de plus en plus brûlant.

Mes Rois Mages <3 / Photo de Victor Picon
Mes Rois Mages <3 – Photo de Victor Picon

Emerveillement Ben Howard

Il fait déjà 45c à Saint Cloud et voilà que l’anglais Ben Howard s’installe sur la Grande Scène, avec sa belle chevelure et sa chemise noire aux manches retroussés. Le virtuose “blond” impressionne déjà, rien que par sa présence. Mais voilà qu’il se met à jouer, à jongler des doigts sur la guitare, à impressionner plus encore, à transporter. Ben Howard hypnotise dès les premières mesures. La musique est plus que belle mais au delà de quelques minutes, elle ne parvient plus vraiment à émerveiller et le public retourne dans sa torpeur, assommé par la chaleur mais assommé surtout par le manque de vie sur scène. Souvent assis, tournant parfois le dos au public, le songwriter britannique ne fait pas vraiment lever les foules. Quelques jeunes filles aux premiers rangs sont aux anges, mais il est peut-être mieux de prendre du recul. Alors, on s’allonge, on profite du soleil, et voilà que de nouveau le jeu de guitare et la voix déchirée émerveillent de nouveau. Comme quoi, ça sert pas à grand chose d’être beau gosse. Juste un songwriting délicat, une technique de virtuose et le tour est joué.

>> Le concert de Ben Howard est à revoir à la fin de l’article grâce à CultureBox. <<

Ce genre de musicien qui fait jouer ses mains sur un morceau de bois  <3 – © Photo de Victor Picon

Baillement Stereophonics

Après Kasabian, voici venu sur la Grande Scène un autre groupe bien à l’anglo-saxonne. Pendant que Blur et Oasis se battaient le titre du meilleur groupe du Royaume, Stereophonics faisaient son petit bonhomme de chemin en devenant la fierté certaines des gallois. Avec leur 10e album à paraître ses prochains jours, une britpop toujours aussi classe, Sterophonics a une jolie place à prendre dans les bons moments de ce Rock en Seine. Seulement, Kelly Jones et sa bande signent un set bien classique, comme à leur habitude. Du rock par çi, de la pop par là, une voix toujours juste et rocailleuse, propre, mais bon… Difficile d’emballer les foules sans véritable hit aussi. Parce que Stereophonics restera à jamais ce groupe de rock que tu devras shazamer tellement leur chansons, bien que cool sur le moment, laissent indifférents généralement. Bref, ça en titille une sans trop faire bouger l’autre.

>> Le concert de Stereophonics est à revoir à la fin de l’article grâce à CultureBox. <<

Chemise élue meilleure vente Célio 2006 / © Photo de Victor Picon
Chemise élue meilleure vente Célio 2001 – © Photo de Victor Picon

Sautillant Glass Animals

Voilà un groupe qui pourraient bien réveiller l’Angleterre. Je l’espère en tout cas. A force de les écouter, de les voir, Glass Animals est comme une évidence. Faite confiance à Dave Bayley et ses Glass Animals. Laissez vous ralentir et laissez les imposer leur rock langoureux, sautillant, hypnotique. Sur les traces des cousins Wild Beasts mais d’un pas plus feutré encore, ces animaux d’Oxford impulsent un nouveau rythme à la douceur incomparable dans la pop synthétique d’aujourd’hui. L’album ZABA, paru l’an passé, est un véritable traité d’orfèvrerie pop qu’ensorcelle la voix suave de Bayley. Un Bayley des grands soirs à Rock en Seine, la crème des showman de cette édition. Glass Animals, formation émergée des pubs de la ville de Radiohead et de Foals, en a conservé le climat chaleureux expurgé du tumulte, et installe partout où il passe, sa bulle tropicale dans le confort de laquelle tout le monde est le bienvenu. Alors ayez confiance. Dans la jungle de Rock en Seine 2015, la serre de Glass Animals n’a eu aucun mal à trouver sa place. Encore un très bon moment. 

Des animaux bien joueurs / © Photo de Olivier Hoffschif
Des animaux bien joueurs – © Photo de Olivier Hoffschif

Moustache et kicks joyeux pour la Mverte

En attendant The Libertines, on se chauffe tranquillement avec l’électro de La Mverte. Nouvel espoir des Avant-Seine et encore une super belle découverte. Caché derrière sa moustache et ses machines, Alexandre Berly s’amuse à créer une ambiance aussi lugubre que dansante. Idéal pour prolonger les danses langoureuses de Glass Animals. Le kick toujours précis, le sourire souvent en coin. La Mverte propose une synth wave des bas-fonds, aux textures analogiques impeccables et au groove lancinant. A écouter sur son Soundcloud.

Tragédie The Libertines

“Coucou Carl, c’est Pete !
– Quoi encore Peter…
– J’ai envie de rejouer avec toi Carl !
– Oh, t’es lourd Peter…
– Ouais je sais, j’ai pris du poids, mais je veux vraiment rejouer avec toi, comme à la belle époque, j’en ai besoin !
– Tu fais vraiment une fixette dis donc…
– Ah non j’ai tout arrêté !
– Ok, tu as de la chance que ma carrière solo soit un échec…”

Voilà grossomodo comment a du se passer le retour de The Libertines. Nous ne voyons pas d’autres explications. Pour en arriver à ce massacre sur la Grande Scène de Rock en Seine, cela devait forcément venir d’un dialogue de sourd de toute façon. Parce qu’il fallait bien être sourd pour ne pas fuir The Libertines. Grossomodo, le seul bon moment du concert restera cette entrée avec We’ll meet again de Vera Lynn, comme à leur habitude. Cette émotion de les voir enfin réuni, en chair et en os, le groupe dans son entier. Le public chanta comme un coeur leur amour pour ses deux têtes brûlés. Pete et Carl bras dessus dessous, John Hassall et Gary Powell ayant pris les devants. Et puis c’est tout. Le reste fut qu’un massacre de leur vieux tubes. Une putain de bouillie. Et le public a pris ses jambes à son cou pour fuir l’inévitable.

Un début de concert poussif, mou, décousu, surtout sans micro opérationnel, des guitares pas accordées… D’où l’importance d’être aux balances, messieurs les professionnels. Un Horrorshow complètement à côté de ses bottes, annonciateurs d’un joli naufrage, à l’image de ce pauvre drapeau anglais accroché au micro de Carl. Certains diront que c’est rock, d’autres, comme moi, penseront directement au foutage de gueule. Aucune fougue, aucune électricité dans l’air, aucun signe d’une envie quelconque pour Carl, par contre Pete était aussi heureux que lors de son premier fix. Ce plaisir mutuel d’entrée de scène, ses bisous, ses chants à un micro, ses petites moqueries, cette mise en scène est bien trop ridicule pour paraître crédible. Et puis au pire, on s’en branle des apparences. Le problème et véritable problème de ce soir, c’est la musique. Chaque tube des Libertines est massacré. Une intro de Can’t Stand Me Now digne d’une ridicule cover youtube, un Time for Heroes incompréhensible, un What Katie Did pas mieux chanté qu’un matin de gueule de bois, j’en passe et des plus pires. Chaque titre est suivi d’un long silence : Pete et Carl s’accordent ou s’interrogent pour savoir ce qu’ils doivent jouer ensuite ? Horrible pour la dynamique. Bien sûr, The Libertines ont fait leur renommée avec ce style foutraque, improvisé, mais leur “prestation” sur l’immensité de la Grande Scène fait vraiment mal au coeur. Certains se moquent du poids de “Groherty”, c’est surtout sa transparence sur scène qui fait peine à voir. D’autres tirent leur chapeau à Carl Barat pour avoir vite fait tenu la baraque, c’est surtout son imitation de rockstar qui est insupportable. Même John Hassall et Gary Powell font la gueule des grands soirs. Certes d’un côté, il y a le bonheur d’un homme qui reprend sa vie en main, de l’autre, la bienveillance du bon copain qui pardonne tout encore une fois. Mais on est venu pour voir le plus grand groupe de rock anglais de la dernière décennie, pas des retrouvailles. De toute façon, l’histoire de The Libertines sentait le soufre : Une direction bicéphale qui mettrait n’importe quel manager dans l’embarras, deux caractères aux rapports électriques, un goût prononcé pour quelques substances pas vraiment agréées… Une recette pas terrible pour gérer un business mais si fertile pour un groupe de rock. Peter Doherty et Carl Barât avaient de l’or dans leurs mains sales, le Royaume-Uni était redevenu sous leur règne celui du rock. Mais ces Libertines ce soir de Rock en Seine en sont qu’une pâle copie, une tragédie, le chant du signe d’un groupe de rock. Un retour symbolisé par le choix de morceau repris (enfin, tenté de l’être) entre deux titres par Doherty : Les copains d’abord. Le pognon d’abord, plutôt. 

Get a room plz – © Photo de Victor Picon

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